A un mois des présidentielles en Algérie d'un scrutin dont la crédibilité est déjà fortement contestée par la majorité de la classe politique, le Dr Saïd Sadi le leader du R.C.D, vient de franchir un pas pour disqualifier cette élection du 9 avril prochain. Il vient d'appeler à «une insurrection citoyenne pacifique». A l'occasion du 20ème anniversaire de la création du parti qui coïncide avec la célébration de la journée mondiale de la femme, le R.C.D a organisé un meeting à Belleville ( France ) dans une salle appartenant à une organisation syndicale ( la C.F.D.T ). Devant un nombreux public et des invités de marque, Saïd Sadi est resté fidèle à lui-même et au mot d'ordre de ce parti laïque qui ne cesse de revendiquer la rupture. Il rappelle devant les militants du R.C.D de la section parisienne «ce que j'ai dit il y a une vingtaine d'années est toujours valable aujourd'hui. Nous avons fait un choix qui n'est pas facile mais il est juste. Le moment est venu pour un grand rassemblement des forces démocratiques. Le réquisitoire de Ghozali Sid Ahmed Ghozali, l'ancien ministre sous la présidence de Chadli Bendjedid, présent à cette célébration, a lui aussi lancé un appel aux Algériens et à la communauté d'émigrés de l'hexagone. L'homme au papillon qui fascinait par son langage et son sang froid, n'a cette fois-ci pas pris de gant pour fustiger le pouvoir. Il dira «sur le plan national, nous continuons 47 ans après l'indépendance à rencontrer les plus grandes difficultés pour l'instauration d'un Etat de droit, en martelant que l'Algérie n'est pas un Etat de droit». Il cite l'exemple de la femme Algérienne à qui il rend un vibrant hommage et qui ne jouit pas de ses droits en tant que citoyenne à part entière «les femmes subissent la double peine en tant que femmes et en tant qu'algériennes dans un pays qui refuse la citoyenneté à tout un peuple» L'ex-Premier ministre revient sur la révision de la constitution qui a «nécessité deux minutes» et qui, selon lui, met le pays en danger, car cette manière de revoir ses lois relève de l'inconscience politique et du mépris à l'égard du citoyen. Puis sur un ton grave, il s'adresse à l'assistance «ne vous laissez pas intimider par cette force apparente d'un pouvoir qui n'a de pouvoir que l'apparence». Il appelle lui aussi à une mobilisation citoyenne pacifique en ajoutant que «notre rôle de responsables politiques est d'éviter au peuple de sombrer dans le désespoir et la résignation, il faut que les Algériens prouvent qu'ils ne sont pas dupes». Les graves accusations de Djahid Younsi Dans cette campagne avant l'heure, le candidat à la présidentielle du parti El Islah, Djahid Younsi ne ménage pas le pouvoir et l'administration «qui usent de tous les moyens pour éloigner le spectre de l'abstention». Le candidat islamiste ne se fait pas d'illusions pour le 9 avril. Il se contente de dénoncer les dernières décisions du pouvoir, notamment les augmentations de la bourse des étudiants, qui est considérée comme une manière «d'acheter des voix» au profit du président –candidat… Le président d'El Islah exige la levée de l'état d'urgence qui «restreint les libertés et qui arrange le pouvoir pour se maintenir en place», cependant, Djahid Younsi appelle à une participation massive pour «porter l'estocade à un régime vieillissant qui a pour objectif le maintient de l'assistanat et de la rente sous ses différentes formes» Une campagne qui s'annonce houleuse Les propos tenus çà et là par les différents camps de cette compétition (qui n'en est pas une ) avant même le lancement de la campagne électorale, sont les signes avant-coureurs d'un affrontement verbale où seront sacrifiés les programmes politiques, et où les adversaires de Bouteflika se permettront tout au plus quelques écarts de langage. Ce qui arrangera à coup sûr, les affaires de l'homme du 3éme mandat qui dispose de… 5 longueurs d'avance sur les 5 autres candidats. ■