«Eviter une fraude massive et par là-même déjouer la victoire programmée du président-candidat». C'était l'objectif de la réunion lundi à Alger de onze personnalités politiques de divers horizons, dont plusieurs candidats potentiels à la présidentielle d'avril prochain en Algérie, qui ont décidé d'unir leurs efforts et de demander la démission du gouvernement. Onze personnalités politiques algériennes, dont plusieurs candidats potentiels à l'élection présidentielle d'avril prochain, ont appelé lundi le gouvernement à démissionner pour garantir la régularité du scrutin. Parmi les signataires de l'appel, figurent cinq anciens chefs de gouvernement : Mouloud Hamrouche, Ahmed Benbitour, Ali Benflis, Réda Malek et Mokdad Sifi. Ont également pris part à la rencontre Saïd Sadi, président du Rassemblement pour la Culture et la Démocratie (RCD), Ahmed Taleb Ibrahimi, leader du mouvement non agréé Wafa, Ali Yahia Abdenour, président de la Ligue algérienne de la défense des droits de l'Homme (LADDH), Rachid Benyelles, général en retraite et candidat déclaré à la présidentielle, Cherif Belkacem, ancien ministre, et Ahmed Dane, représentant du parti islamiste MSP (ex-Hamas). Dans un communiqué commun, ces personnes accusent le gouvernement du président Abdelaziz Bouteflika - donné favori du scrutin - de manipuler la justice et de réprimer la presse et les partis politiques d'opposition, y compris le principal parti algérien, le Front de libération nationale (FLN). «La nation algérienne vit une phase historique dangereuse», ajoute le communiqué, qui souligne que «l'Algérie doit désormais se doter d'un pouvoir légitime, issu d'une élection sincère, régulière et transparente». Plus précisément, les signataires de la déclaration, qui se déclarent « unis dans un cadre de concertation et d'action », réclament « le remplacement du gouvernement actuel par un cabinet intérimaire consensuel chargé de la préparation des élections et de la gestion des affaires courantes dont la composition sera arrêtée en concertation avec les forces politiques et sociales; l'installation d'une instance indépendante dotée de toutes les prérogatives pour instruire et contrôler l'Administration dans les phases de préparation, d'organisation et d'exploitation des résultats du scrutin; la protection des acteurs politiques et sociaux qui manifestent leur soutien aux différents candidats et les cadres qui refusent l'allégeance, contre les mesures de rétorsion qui les ont accablés jusque-là ». Des partis et des candidats avaient déjà exhorté l'armée à garantir la régularité du scrutin. M. Bouteflika, qui devrait briguer un nouveau quinquennat, a été élu en 1999 avec le soutien de l'armée lors d'un scrutin boycotté par tous les autres candidats, qui disaient craindre des fraudes.