Après sa résidence à la Cité des Arts de Paris, Mohamed Mourabiti propose du 19 décembre au 20 janvier ses dernières créations à la Galerie Noir sur Blanc de marrakech. Etonnant. C'est pour clôturer l'année en beauté que la Galerie Noir sur Blanc de Marrakech propose l'exposition de l'un des plus célèbres artistes marrakchis : Mohamed Mourabiti. Une exposition originale et inédite puisque les œuvres présentées ont été réalisées après la résidence de l'artiste à la Cité des Arts de Paris cette année même. Une nouvelle expérience, celle du voyage qui donne à la peinture de Mourabiti une touche particulière, davantage dans l'approche d'une technique différente que dans le choix des thèmes qui lui sont chers. On retrouve les collines qui encerclent Marrakech auxquelles Mourabiti a donné une lumière étonnante, à l'aide d'un changement chromatique. Surtout, pour la 1ère fois, l'artiste s'est essayé au collage de façon méthodique, laissant le blanc envahir l'espace de ses toiles. On retrouve aussi ses thèmes de prédilection, les coupoles des marabouts qui deviennent sous son pinceau des voûtes célestes qui invoquent quiétude, sérénité et paix dans un monde chahuté, angoissant et obscur. C'est au pied de l'Atlas, à Tahanaout que vit l'enfant de Marrakech. Il y a créé Al Maqam, une résidence qui accueille les artistes de toutes nationalités, peintres, dessinateurs mais aussi musiciens, écrivains ou poètes. Chez Mourabiti, on peut y croiser aussi bien son ami Mahi Binebine que les jeunes rappeurs en vogue du groupe Fnaïre. «Comme je n'ai pas pu aller à l'école des Beaux Arts, explique-t-il, j'ai voulu créer un lieu où les artistes pourraient se rencontrer en toute convivialité, échanger leurs idées et leurs expériences. Mais j'avais aussi envie de donner un petit coup de pouce aux jeunes talents marocains qui n'ont pas forcément la possibilité de s'exprimer et de créer». Sans doute en souvenir de sa propre jeunesse où, malgré son âme d'artiste et sa passion pour les arts plastiques il dût s'orienter -nécessité de la vie- sur des chemins plus conformes à la volonté de ses parents. Mais jamais en réalité il ne renoncera à son envie de peindre. Il y a une dizaine d'années, Mourabiti quitte Casablanca et le monde des affaires pour rentrer au fief familial de Tahanaout et y monter son atelier de peinture. Sa côte grimpe vite : son œuvre est un pari entre rêve et réalité, audacieuse et lucide, où la nostalgie des traditions affronte la réalité de la modernité de la vie. Un pari de conquérir l'espace, de jouer entre l'ombre et la lumière, de provoquer l'imaginaire. «Aujourd'hui, je prends mon temps, dit-il heureux. Je crois que je peints avec un regard nouveau, une approche plus philosophique de la peinture». Quand il s'attaque, il y a deux ans, aux paraboles des toits de Marrakech, l'exposition connaît un succès considérable. L'idée est superbe, mais ce n'était pas si évident de convertir les toits de Marrakech en océan, et de donner aux paraboles de nouvelles identités, des paraboles qui deviennent voiliers, soleils ou astres au gré des fantasmes. Autodidacte de la peinture, passionné par le monde, «son» monde, Mourabiti démontre une nouvelle fois que si l'art est une forme de résistance au chaos de la vie, il demeure le lien indestructible pour ceux qui croient encore aux rêves. Ses toiles sont libres et généreuses. Elles proposent la vie, la lumière. Elles racontent que la planète est sombre mais que nous pourrions peut-être l'habiter autrement. ■