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Interview avec Mustapha Mansouri "Driss Jettou est le bienvenu au RNI"
Publié dans La Gazette du Maroc le 04 - 06 - 2007

Mustapha Mansouri, le nouveau président du Rassemblement National des Indépendants (RNI), revient dans cette interview, sur les principaux chantiers qu'il compte lancer dans le parti. En un mot, Mustapha Mansouri veut faire du RNI une formation-locomotive et un modèle pour tous les autres partis politiques du Maroc.
La Gazette Du Maroc : Vous avez été élu, la semaine dernière, au poste de président du RNI. Quelle a été votre réaction immédiate ?
Mustapha Mansouri : En fait, il y a eu deux moments forts à la fin de ce quatrième congrès national. Ma première réaction, à la suite de la lecture des résultats des élections, a été de ressentir beaucoup de fierté pour le parti et pour le pays. C'est une expérience inédite au Maroc, puisque la volonté de la base a été scrupuleusement respectée. C'est une leçon de démocratie interne et un exemple à suivre pour toutes nos formations politiques. Quant au deuxième moment fort, ce fût quand Mustapha Oukacha s'est adressé aux congressistes.
Qu'est-ce qui vous a touché dans les propos de Mustapha Oukacha ?
Il faut rappeler que les votes étaient très serrés, «à la Sarkozy» ! Ma pensée profonde est allée vers l'unité du parti. Mon premier souci, a été de convaincre Mustapha Oukacha, de prononcer un mot à l'adresse des congressistes. Et il a eu un sens très élevé de la responsabilité et de la dignité, qui m'a réellement touché. Tout en reconnaissant que le processus électoral a été transparent, il a appelé à l'unité des rangs du RNI. Cela m'a profondément touché.
Vous avez déclaré que le RNI doit maintenant tourner la page et voir l'avenir avec sérénité. Justement, quel regard portez-vous sur les trente premières années de la vie du Rassemblement ?
Cette période mérite qu'on en fasse une analyse strictement objective.
Le RNI a été créé, il y a une trentaine d'années, dans des conditions spécifiques.
Le contexte politique de l'époque était difficile et notre parti devait faire preuve de responsabilité et d'adaptation. Les retombées sont perceptibles aujourd'hui. La situation dans laquelle se trouve le RNI, est une conséquence de cette période difficile.
«Un nouveau rassemblement, pour une ère nouvelle». C'est le slogan de votre quatrième Congrès national. A quoi ressemblera demain, ce nouveau RNI ?
Le RNI a dépassé cette étape cruciale dont je viens de parler. Une page s'ouvre. Et des priorités s'imposent devant nous. Et tous les responsables du RNI, tous les militants du parti, ont des défis à relever.
Nous devons restructurer notre parti. Mettre à niveau toutes nos structures, essentiellement celles qui rassemblent les jeunes, les femmes et les différentes catégories professionnelles.
En clair, nous devons lancer un nouveau RNI sur des bases solides, pour qu'il soit capable de jouer son rôle constitutionnel de parti politique : encadrer les populations et accompagner le développement du pays, conformément aux stratégies régulièrement définies et rappelées par SM Mohammed VI.
Quels sont les éventuels obstacles que le RNI devra traverser pour atteindre ses objectifs ?
Je souhaite que le comité exécutif du parti, qui sera élu dans une dizaine de jours environ, verra la montée d'une génération nouvelle de responsables. Bien évidemment nous aurons toujours besoin de l'expérience des anciens, mais du sang neuf permettra au parti de mettre à niveau ses structures et de redorer son image de marque.
Certaines rumeurs, au sein du RNI et ailleurs, parlent d'une éventuelle entrée dans votre parti du Premier ministre, Driss Jettou. Vous a-t-il contacté pour rejoindre le RNI ?
Jusqu'à présent, aucune demande n'a été effectuée dans ce sens. Mais dès maintenant je peux vous dire que son entrée au sein du RNI sera un honneur et une fierté pour tous les militants. Le Premier ministre, Driss Jettou, est un homme compétent, un fin connaisseur de la gestion institutionnelle. S'il le souhaite, il est le bienvenu au RNI, car il nous apportera une réelle valeur ajoutée.
Le RNI est un parti sans organe de presse. Allez-vous remédier à ce problème prochainement ?
Bien sûr. D'ailleurs, nous avons lancé une étude pour le lancement d'un organe de presse. Mais je vous dirais également que nous irons plus loin que cela. Nous pensons sérieusement lancer une station radio et même une chaîne de télévision, afin d'être ouverts à tous les citoyens. Mon challenge personnel, est que le RNI soit au niveau des plus grands partis politiques du monde.
Mohamed Aujjar a soutenu votre candidature quasiment à la dernière minute. Quels ont été les termes de votre deal ?
Je savais que Mohamed Aujjar allait soutenir ma candidature plutôt que celle de Mustapha Oukacha. Et ce, pour deux raisons principales. D'abord, Mohamed Aujjar est mon ami avant tout. Ensuite, nous partageons les mêmes convictions politiques.
Nous sommes tous les deux des adeptes de la réforme au sein du RNI. Lui, il a son style dans l'expression de sa volonté de mener à bien les réformes. Quant à moi, je souhaite autant que lui la mise à niveau du parti. Mais sans tapage. C'est pour ces raisons que j'étais certain que Mohamed Aujjar ne pouvait rejoindre que mon camp.
En parlant de réforme, le RNI est une force d'appoint. Surtout, depuis le gouvernement d'alternance où il est venu compléter une alliance déjà établie. Cela va-t-il se poursuivre de la sorte ?
Vous avez tout à fait raison.
Il n'est plus question de jouer ce rôle de complément. J'ai donc l'intention de faire du RNI un parti locomotive et nous avons les moyens de notre ambition.
Si les résultats des élections le permettent, il n'est pas exclu que le RNI soit à la tête d'un pôle centriste.
Et qu'en est-il de positionnement centriste ?
C'est un positionnement politique idéal. D'ailleurs, l'expérience internationale a montré que tous les partis, même les plus extrémistes, convergent maintenant vers le centre. C'est une philosophie à laquelle le RNI continuera à adhérer.
Vous avez parlé des résultats des élections. Quels sont vos pronostics pour le RNI ?
Je ne peux avancer un chiffre précis. Mais ce qui est certain, c'est que nous récolterons plus de sièges que ceux dont nous disposons aujourd'hui.
Qu'en est-il de la procédure de choix des candidats ?
Elle n'a pas encore été établie. Nous attendons uniquement que le comité exécutif soit formé.
Et c'est à partir de là qu'une commission des candidatures sera constituée. Ceci dit, je tiens à préciser que pratiquement 80% des candidats sont d'ores et déjà connus.
Ils ont leurs fiefs où ils jouissent d'un respect et d'une grande popularité. Seules quelques circonscriptions posent problèmes et des arbitrages seront nécessaires.
Allez-vous vous présenter en septembre prochain ?
Oui, je vais me présenter, comme d'habitude, dans la circonscription d'El Aroui à Nador.
Avez-vous une idée des futures alliances que vous projetez de nouer au lendemain des élections ?
En parlant d'alliances, il faut préciser que le RNI est l'un des rares partis politiques à bénéficier de relations privilégiées avec toutes les formations politiques, qu'elles soient dans la majorité ou à l'opposition. Mais en tout cas, le choix final revient aux organes du parti. Je suis un homme de concertation et je refuse de me prononcer sans en avoir discuté avec l'ensemble des responsables du parti.
Parcours : L'économiste chevronné
Mustapha Mansouri, le nouveau président du Rassemblement National des Indépendant (RNI), est également, depuis juin 2004, ministre de l'Emploi et de la Formation Professionnelle. Il fut également membre de l'équipe Jettou I en tant que titulaire du portefeuille de l'Emploi, des Affaires sociales et de la solidarité.
Ceci sans compter d'autres postes ministériels qu'il a occupé depuis la formation du gouvernement d'Alternance présidée par Me. Abderrahmane Youssoufi. A ce titre, il a occupé le poste de Ministre du Transport et de la Marine Marchande (de mars 1998 à septembre 2000), puis celui de l'Industrie, du Commerce, de l'Energie et des Mines (de septembre 2000 à novembre 2002).
Très attaché à ses origines rifaines, le nouveau patron du RNI a été élu député de la circonscription d'Al Arroui (province de Nador) lors des législatives de 2002. Un an plus tard, il décroche à la suite des élections communales le siège de président du Conseil municipal de cette même commune.
Titulaire d'une licence et une maîtrise en sciences économiques, obtenues respectivement en 1974 et en 1976, à l'Université de Reims (France), Mustapha Mansouri est avant tout un professeur universitaire à Rabat, et ce depuis 1981. Mais avant, il obtient un Diplôme des études approfondies de l'Université de Nanterre Paris X en 1978, puis un doctorat de troisième cycle en économie de l'Université de la Sorbone en 1981. Et dix ans plus tard, en 1991, Mustapha Mansouri obtient son doctorat d'Etat en économie à l'Université Mohammed V de Rabat.
Mustapha Mansouri a été membre du groupe de contact avec le Parlement européen et président du Groupe du Rassemblement National des Indépendants (1992-1998). Il est également membre du comité de rédaction de la revue marocaine d'administration locale et du développement, et président délégué de l'association socio-culturelle du Bassin Méditerranéen.


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