Mené historiquement par Ahmed Osman, le RNI (Rassemblement National des Indépendants) est aujourd'hui piloté par un Mustapha Mansouri en équilibre précaire… Etat des lieux. Le RNI, c'est combien de divisions? Si l'on se fie à l'état actuel des choses, la réponse serait plutôt «aucune». Au sein du parti, c'est la guerre des tranchées entre ce qui reste des troupes de Mustapha Oukacha et ceux qui ont supporté Mustapha Mansouri lors du dernier congrès du parti. Le groupe parlementaire, atone, semble naviguer à vue de nez et les ministres estampillés RNI regardent ailleurs. D'ailleurs, il a suffi que les noms d'Aziz Akhannouch, Rachid Talbi Alami et Salaheddine Mezouar circulent parmi les signataires de l'initiative du Mouvement de tous les Démocrates pour que le malaise grandisse. Certains dirigeants parlent d'une débandade généralisée. «Nous sommes de plus en plus un parti sans saveur. Ne nous prononçons sur rien. Le RNI est aujourd'hui une véritable armée mexicaine qui a capitulé en rase campagne», assène désespéré un des leaders en vue du parti. Il faut dire que l'entreprise de revitalisation des structures «sclérosées» du RNI promise par Mustapha Mansouri tarde à se mettre en branle. D'Osman à Mansouri Depuis qu'il est à la tête de la première Chambre, l'ancien ministre de l'Emploi semble tout faire pour garder des équilibres, «fictifs», selon plusieurs militants. «Il n'est préoccupé que par son nouveau poste. Le parti est oublié. Pire encore, il est relégué à un simple rôle de faire-valoir. Nous sommes loin du compte. On croyait toucher le fond avec Ahmed Osman, il semblerait que Mansouri veuille aller plus profond encore», peste un ancien cabinard, pourtant peu suspect de sympathie envers le président fondateur. En outre, l'absence forcée pendant trois mois de Mustapha Oukacha, deuxième homme du parti, n'a rien arrangé aux affaires du RNI. Ainsi, pour compenser cette absence, les pro-Oukacha ont tout le long des ces premiers du gouvernement Abbas El Fassi, distillés leurs petits mots assassins, prenant systématiquement le contre-pied de Mansouri. Une stratégie de harcèlement qui essayait de le montrer en total déphasage avec les aspirations de la base du parti. Du coup, las de ces guéguerres stériles, plusieurs figures du parti sont en plein désarroi. Certains d'entre eux recommencent à voir plus assidûment Driss Jettou. Pour quelle raison ? Ils avouent que l'ancien Premier ministre est affecté par ce qui arrive à un parti sensé, normalement, être le fer de lance du gouvernement. Ils rappellent, non sans regret, que Jettou aurait pu apporter beaucoup de choses à leur parti «déjà vieux sans être adulte». Pourtant, Cette option, si elle semble avoir tenu la route un certain temps, n'est plus de mise actuellement. Alors, quel avenir pour un RNI voulu par ses concepteurs à l'époque comme un contrepoids aux partis de la gauche ? «Aucun» se lamente un adhérent des premières heures qui a longtemps cru dans un parti de centre-droite. Si le renouveau du champ politique marocain est sérieusement amorcé, le RNI est bon pour le musée de l'histoire politique.