Le parti de l'Union Constitutionnelle vient d'amorcer un tournant dans sa vie. Il instaure une réelle démocratie interne et balaye d'un revers de la main un héritage pas très reluisant. Depuis son quatrième congrès national (16 au 18 février 2007), l'Union Constitutionnelle (UC) a amorcé un nouveau tournant. Salutaire bien évidemment. En effet, ce fut l'occasion pour ce parti, dont les congressistes ont renouvelé leur confiance en leur secrétaire général, Mohamed Abied, de réviser plusieurs dispositions statutaires qui inscrivent désormais l'Union Constitutionnelle sur la liste des partis politiques (ils sont très peu nombreux au Maroc) qui pratiquent une réelle démocratie interne. En plus de l'adaptation des statuts aux dispositions nouvelles contenues dans la loi sur les partis, les congressistes ont donc entériné plusieurs décisions importantes. Jugez-en. Contrôle hiérarchique Tout d'abord, les coordinateurs régionaux et provinciaux, qui étaient, jadis, désignés purement et simplement par les instances centrales, sont aujourd'hui élus par les militants. Ces derniers sont aujourd'hui les seuls décideurs en cette matière. «Plus question de leur imposer tel ou tel responsable, ce sont les militants eux-mêmes qui choisissent en premier et dernier ressort», estime Mohamed Abied, dans un entretien accordé à La Gazette du Maroc. Par ailleurs, la Commission administrative du parti, qui ne jouait qu'un simple rôle consultatif, a été érigée en véritable instance délibérante dotée de moyens de contrôles efficaces de l'action du bureau politique. Ce dernier, le bras exécutif du parti en quelque sorte, n'est pas, comme c'est le cas dans bon nombre de formations, une instance suprême n'étant soumise à aucun contrôle hiérarchique. Dans le même esprit de démocratie, de transparence et surtout d'efficience, le quatrième congrès national de l'UC a préconisé que le secrétariat national, composé de 13 personnes issues du bureau politique, sera chargé de l'examen des grands dossiers. Cette expertise, un véritable travail de fond, est devenue nécessaire, car dans l'environnement politique, la spécialisation s'est révélée être la clé de la réussite. Cette «spécialisation» est un gage pour l'UC dont le défi majeur sera désormais d'attirer dans ses rangs de nouveaux militants, essentiellement des jeunes et des femmes. Justement, l'une des nouveautés apportées par le dernier congrès a été de consacrer un quota pour ces deux catégories de militants. 20% pour chacun d'entre eux. «Le nouveau bureau politique de l'UC compte ainsi 10 femmes qui siègent par la force de la loi», affirme Mohamed Abied. Sauvegarder l'équilibre Toujours en termes de démocratie interne, une modification de taille a été apportée au niveau du Conseil national, instance qui vient juste après le Congrès national, et qui regroupe pas moins de 120 membres représentants l'ensemble des régions marocaines. Ce conseil national n'a pas été élu par les congressistes. «Afin de sauvegarder l'équilibre entre les régions et mettre un terme au monopole des grandes villes, comme Casablanca et Rabat, les membres du Conseil national ont été élus par les militants de base, dans chaque région». Autre nouveauté : La création des Forums. Il s'agit de ponts à travers lesquels l'Union Constitutionnelle reste en contact régulier avec les différentes composantes de la société civile marocaine, ainsi que les secteurs socioprofessionnels. L'objectif est d'organiser des rencontres régulières avec ces «partenaires» pour débattre des questions d'intérêt sectoriel ou national. C'est le cas notamment pour les syndicats. «L'Union Constitutionnelle n'a pas de centrale syndicale et ne compte pas en avoir», déclare Mohamed Abied. Pour lui, chacun doit se consacrer exclusivement à ses propres missions. Et d'ajouter : «Nous sommes, bien évidemment, pour la liberté syndicale. Les syndicats doivent conserver leur indépendance et leur liberté. Mais cela ne nous empêche pas de nous réunir autour d'une table pour discuter de questions d'intérêt générales, sur lesquelles nous pouvons être d'accord ou pas». Pour toutes ces raisons, il est légitime de dire que l'UC a amorcé un nouveau virage dans sa vie. Il n'est pas également exagéré de dire que les responsables de l'Union Constitutionnelle ont fait preuve d'un grand courage en instaurant cette démocratie interne, qui fait rougir les plus grandes formations du pays. Tout ce travail est le fruit d'une année de travail, au cours de laquelle les militants de bases ont obtenu des projets de statuts à valider. Il se sont également prononcés sur le programme économique et socioculturel, point de départ pour l'élaboration du programme électoral qui sera soumis aux Marocains lors de la prochaine campagne des législatives. Alliances Pas d'alliances pré-électorales pour l'Union Constitutionnelle. Le message de Mohamed Abied est clair. Le secrétaire général assure que de telles alliances n'ont aucun sens, tant que les résultats ne sont pas connus. Toutefois, dès l'annonce de ces résultats tout est possible… ou presque. «Il n'est pas question pour nous de participer à un gouvernement hétérogène», lance Abied. Pour lui, seule une crise grave pourrait justifier la composition d'un exécutif avec toutes les sensibilités politiques du pays. Pour lui, l'UC, un parti pour un libéralisme à visage humain, a eu du mal à faire de l'opposition au Parlement. Car le gouvernement a présenté des lois purement libérales, alors qu'il est composé de partis de gauches.