Depuis la création du PJD, ses leaders ont fait de la transparence leur cheval de bataille. Leur démocratie interne et leur machine électorale sont leur force. Mais cette transparence oblige parfois le secrétariat général à faire des concessions à la base. Des concessions qui plombent l'ouverture du parti et son intégration parmi l'élite du pays. Incontestablement, la force du PJD n'est autre que sa machine électorale. Issus d'association à caractère islamique, les militants du PJD sont connus pour leur engagement politique et leur discipline. Dès la création du parti en 1996, les cadors du Mouvement «Attawhid Wal Islah» (MUR) ont cherché à assurer une démocratie interne surtout que le secrétaire général de l'époque n'était autre qu'Abdelkrim Khatib. Même si le vieux compagnon du défunt Roi, Hassan II, s'était engagé à respecter cette démocratie, les leaders du MUR voulaient pérenniser leur indépendance. Avec une stratégie bien définie, leur arrivée au pouvoir est programmée sur plusieurs années. Dès les élections législatives de 1997, ils remportent onze sièges et font appel au député Haraki, M. Karoumi, pour pouvoir avoir un groupe parlementaire. Une approche payante puisque le grand public a découvert cette formation politique pendant les cinq années de la gouvernance Youssoufi. Dès lors, Abdelkrim Khatib décide de se retirer pour céder sa place au très pragmatique Saâd Eddine El Othmani. Le congrès de 2003 sera celui du changement. D'abord, les pouvoirs du Conseil National sont revus à la hausse et ceux du Secrétariat Général sont bien définis. La première structure est considérée comme un Parlement interne alors que la seconde est la fonction de gouvernement partisan. Le Conseil National vote des décisions que le secrétariat général applique. Concernant les prochaines élections législatives, c'est le Conseil National qui a débattu et a statué. En septembre dernier, les quelques 280 membres de ce conseil ont décidé de couvrir toutes les circonscriptions en 2007 et ont voté les dispositions du choix des futurs candidats. À ce sujet l'approche est claire. Les secrétariats régionaux choisiront les candidats pour leur circonscription, alors que le Secrétariat Général a une marge de manœuvre afin de recaser les figures emblématiques du parti si elles sont rejetées par la base. En d'autres termes, le secrétariat général a jusqu'à 10 % de candidats qu'il peut imposer. À titre d'exemple, le numéro deux du parti, Lahsen Daoudi a dû changer de circonscription à Fès, en 2002, pour avoir l'aval des militants. Au départ sa candidature a été rejetée et celle d'un militant local a été adoptée. Le secrétariat général l'a repositionné à la circonscription Fès El Madina pour être finalement accepté. Même le charismatique Mustapha Ramid a dû se présenter à deux reprises avant d'être en tête de liste à Derb Soultane en 2002. Ces deux exemples mettent en avant la force des militants. C'est également pour ces raisons que le Secrétariat général a adopté la marge des 10 % dans le règlement intérieur pour éviter les mauvaises surprises. Un autre volet est très important pour le PJD. Il s'agit du financement et de la gestion de la campagne électorale. Concernant le premier point, la manne octroyée par l'Etat, est divisée de la sorte. Un tiers est destiné aux frais centraux alors que les deux tiers sont répartis sur toutes les circonscriptions. Une répartition qui permet au parti d'avoir une campagne au niveau national et local. Discours religieux De plus, les militants et les sympathisants participent activement pendant les jours de campagne. Chaque tête de liste reçoit des dons de la part de notables proches du parti. À propos des outils de propagandes, la formule est la même au niveau national. Dès le lancement de la campagne, les militants de chaque circonscription organisent des marches, des réunions restreintes dans les domiciles des adhérents, un comité de porte à porte organise, quant à lui, des visites chez les électeurs, en plus des grands meetings où le programme et l'idéologie du parti sont présentés. Au sujet du discours du parti, des slogans et des chants à connotations religieuses sont formulés par les militants. Le but de cette action, convaincre la majorité des marocains sur le bien fondé de l'approche du PJD. En 2007, le thème de la campagne du PJD sera, plutôt, dirigé vers la moralisation de la vie publique. La feuille de route est précise. Eviter d'avoir un discours religieux pour dépasser les critiques et se positionner sur la lutte contre la corruption et le clientélisme qui sévissent au sein de l'administration marocaine. Un discours «populiste» et clair qui peut convaincre les bases populaires. Mais, la direction du PJD sait, pertinemment, que son sacre passe par une ouverture vers la bourgeoisie et l'élite francophone du pays. Le rapprochement vers les Forces Citoyennes d'Abderrahim Lahjouji est un signe prémonitoire. De plus, les tournées répétitives d'El Othmani dans les capitales occidentales, en 2006, rentrent dans ce cadre. En convaincant les partenaires du Maroc, le PJD peut espérer pouvoir gouverner. Reste à savoir si la base respectera toutes les consignes…