La Direction des Etudes et des Prévisions financières, relevant du ministère de l'Economie et des Finances, a relevé les différents freins empêchant l'économie nationale d'atteindre son plein potentiel. La DEPF a par ailleurs partagé sa vision sur les mesures à adopter, afin de permettre à l'économie nationale d'atteindre un taux de convergence positif. L'économie marocaine se place à un niveau « correct » dans l'ensemble. Cela se traduit notamment par un PIB de 4,8 % pour la période allant de 1999 à 2008, ainsi que d'un PIB par habitant de 3,6 %. Celle-ci subit aussi les impacts des faits économiques mondiaux, notamment la crise mondiale de 2008, mais à un rythme qui lui est propre. Cela est d'ailleurs visible lorsque l'on sait que le PIB et le PIB par habitant se sont placés à des taux de 3,7 % et 2,5 % en moyenne annuelle sur la période 2008-2017. Cela dit, si l'économie marocaine est l'une des plus développées du continent africain, la structure de ses exportations évolue à un rythme, pour le moins dire, inconsistant. Cela se traduit par une part de produits manufacturés de technologie moyenne en forte progression, passant de 9 % en 2000 à 36 % en 2016. Cette évolution s'explique, selon la DEPF, par les performances du secteur automobile à l'exportation, qui ont progressé d'environ 10 % en 2016. Il est à noter que ce secteur était quasi absent de la scène économique durant les années 2000. De plus, une évolution similaire a été notée au niveau de la production de câbles électriques, qui ont progressé de 2 % en 2000 à plus de 10 % en 2016. Toutefois, l'on se retrouve face à une situation « injuste » pour les produits manufacturés de faible technologie. La DEPF indique dans ce sens que « les nouveaux positionnements acquis par le Maroc ne se sont pas accompagnés d'une plus grande diversification des exportations marocaines. En 2016, le Maroc disposait d'un avantage comparatif révélé pour 122 produits sur une nomenclature qui en compte 786 contre 117 produits en 2000. Le gain de nouveaux positionnements (38 produits) s'est accompagné d'une perte de positionnement dans d'autres segments (33 produits) ». Cette situation fait qu'il est impératif de mettre en place une stratégie « efficace », afin d'accélérer le rythme de convergence du royaume. Cela a pour but de répondre à certains défis sociaux majeurs, notamment pour ce qui est de la réduction des disparités socio-économiques. La DEPF indique à ce niveau que la réduction du taux de chômage a été l'un des chantiers auxquels le royaume a accordé le plus d'importance, notamment à travers sa réduction à 8,9 % en 2011, marquant une baisse de 4,9 points par rapport à l'année 1999. Cela dit, il faut savoir qu'actuellement, l'employabilité au Maroc est à un niveau critique, surtout lorsqu'on sait que seulement 7000 postes ont été créés au deuxième trimestre 2019 (T2 2019), contre 117.000 postes une année auparavant. De plus, la tendance indique que la population active s'intéresse de plus en plus au secteur des services, où l'on a recensé la création de 183.000 pour ladite période, alors que le secteur de l'agriculture a essuyé une perte de 176.000 emplois au T2 2019. Les recommandations de la DEPF Si la DEPF a établi l'état des lieux, celle-ci a présenté par ailleurs une batterie de mesures afin d'accélérer la convergence économique du royaume. Les mesures de la DEPF tournent autour de 3 axes principaux, qui consistent à mobiliser à brève échéance les gisements d'opportunité offerts au niveau de plusieurs secteurs de l'économie nationale, favoriser le passage à un nouveau palier d'industrialisation du pays, ainsi que de relayer en permanence l'action des pouvoirs publics par des mesures d'accompagnement à caractère transversal. Le premier point concerne l'exploration de nouvelles pistes en termes d'élargissement du spectre de la richesse nationale et de créations d'emplois durables et de qualité, d'un côté, mais aussi de réaliser le potentiel de croissance de certaines filières, notamment l'agroalimentaire, en tant que levier de croissance important et un facteur clé d'amélioration des conditions de vie des populations rurales, à travers la modernisation du secteur. Celui-ci concerne le redéploiement compétitif de l'industrie marocaine, notamment au niveau des métiers mondiaux du Maroc, permettrait d'élargir la frontière de production pour rehausser autant la capacité de ce secteur à satisfaire le marché domestique que pour propulser davantage son offre exportable. Le développement de la croissance passerait aussi par les activités des secteurs touristique et financier, en plus de la promotion des activités à caractère structurant, comme la logistique et les activités entrant dans le cadre de la nouvelle économie, et ce, à des fins d'accompagnement des secteurs porteurs de l'économie nationale. Le deuxième point vise à booster l'apport de l'activité industrielle nationale, surtout que le Maroc dispose d'un potentiel d'évolution important à ce niveau. Cela devrait se faire à travers un accompagnement pensé des PME et PMI nationales, afin de développer leurs activités sur le continent tout aussi bien qu'à l'étranger. De plus, la DEPF indique qu'une attention particulière devrait être portée aux filières de l'économie verte, afin de permettre au royaume de s'aligner sur ce qui se fait à l'international en matière de responsabilité environnementale. Il faudra par ailleurs investir dans la modernisation et la digitalisation des différents secteurs d'activités, tout en encourageant les nouveaux métiers qui accompagnent la révolution numérique. Le troisième point abordé concerne 3 axes, notamment : * L'impulsion constante du climat général de l'investissement, en accélérant la résorption de certains obstacles ayant trait notamment à la dématérialisation des procédures, à la lutte vigoureuse contre la corruption et à l'accès au foncier. Cela interpelle aussi le fonctionnement optimisé des instances de régulation économique pour garantir les conditions d'une concurrence saine et loyale et restaurer la confiance des opérateurs économiques. * La promotion de la formation aussi bien initiale que continue dans les filières techniques, le soutien à la recherche et à l'innovation, à travers notamment des incitations au dépôt des brevets et à la recherche et développement et les partenariats entre le secteur privé et la sphère académique (universités, écoles d'ingénieurs...), sont autant de chantiers structurants de nature à favoriser la transformation structurelle de l'économie marocaine. * Le recours à une plus grande territorialisation des politiques publiques pour en faire un instrument de convergence structurelle, permettant de mobiliser à grande échelle les multiples potentialités dont disposent les régions du Royaume et de faire de celles-ci des relais durables de compétitivité et d'attractivité de l'économie marocaine.