Plus de 1000 opticiennes et opticiens, grossistes des matériels optiques (verres, fournitures, appareils de dépistage) et étudiants en optique, ont répondu présent au sit-in organisé ce mercredi 12 juin, par le syndicat professionnel national des opticiens du Maroc, devant le ministère de la Santé à Rabat. L'objectif de cette manifestation est de « revendiquer la réforme du projet de loi 45-13, afin de clarifier le statut de l'opticien lunetier et définir ses prérogatives selon son rôle et sa formation ». Les détails. Le conflit entre les opticiens et les médecins ophtalmologues avait fait surface quand ces derniers se sont soulevés contre le projet de loi 45-13 portant sur l'exercice des professions de rééducation, de réadaptation et de réhabilitation fonctionnelle et plus exactement l'article 6 qui donne la possibilité aux opticiens de réaliser la mesure de la réfraction ainsi que l'adaptation des lentilles de contact, qui constitue, selon le syndicat national des ophtalmologues libéraux du Maroc, « une institutionnalisation d'exercice illégal de la médecine». À cet effet, une commission technique a été créée, avec les représentants du ministère de la Santé et du Secrétaire général du gouvernement (SGG)», suite au blocage des membres de la commission sociale de la chambre des conseillers, pour trancher sur l'article 6. En effet, les conclusions de cette commission, poursuit le syndicat, «étaient d'annuler toutes les exceptions de l'article 6 pour se référer à l'article 4 qui impose l'ordonnance médicale, à l'exécution de lunettes optiques ordonnées par les opticiens-lunetiers ». Le syndicat des ophtalmologues avait également justifié son refus de l'article 6 du projet de loi 45-13, en soulignant que «l'adaptation de lentilles de contact est réservée non seulement aux médecins ophtalmologues dans les pays développés, mais ayant également en plus un diplôme de contactologie», précisant que la contactologie est «un acte purement médical et complexe». «Les complications possibles telles l'abcès de cornée et cécité sont connues de tous. Nous ne pouvons pas déléguer une tâche si complexe et qui peut s'avérer dangereuse pour la fonction visuelle à un commerçant n'ayant pas de formation médicale», avaient argué les ophtalmologues. Pourquoi les opticiens et grossistes de l'optique sont en colère ? Pour les raisons ayant poussé les opticiens et les grossistes du secteur de l'optique à réagir, en organisant un sit-in devant le ministère de la Santé à Rabat ce mercredi 12 juin, cela revient au fait que la Chambre des conseillers a voté, mardi 4 juin, le texte de loi modifiant l'article 6 de la loi 45-13, qui « restreint l'octroi de la licence d'exercice des fonctions de médecins ophtalmologues par quiconque ne présentant pas les facultés exigées », prenant en considération, bien évidemment, les conclusions de la commission technique. Face à cette situation, les opticiens et grossistes de l'optique se sont sentis en quelque sorte menacés . Selon la présidente de ce syndicat, Mina Ahkim, « les opticiens exercent la mesure de l'acuité visuelle pour la correction réfractive depuis 65 ans, en vertu du Dahir du 04 octobre 1954 réglementant l'exercice de la profession d'opticien-lunetier », soulignant par ailleurs que « la mesure de l'acuité visuelle qu'effectue l'opticien est un service gratuit, qui ne rentre pas dans les compétences des ophtalmologues». L'opticien « ne peut pas se limiter juste à la vente de lunettes », a-t-elle dit à Hespress FR, appelant à « la nécessité d'adapter le niveau de formation au Maroc, en adoptant l'examen national unifié comme condition d'obtention du diplôme permettant d'exercer cette profession ». Mais les médecins ophtalmologues ne l'entendent pas de cette oreille. En effet, le syndicat national des ophtalmologues libéraux du Maroc condamne le fait de «remettre entre les mains des opticiens, commerçants, sans aucune attribution ni formation médicale professionnelle, la santé visuelle des citoyens marocains, ce qui constitue une violation de la loi 131-13 de l'exercice de la médecine au Maroc». « Nous ne pouvons pas déléguer une tâche si complexe et qui peut s'avérer dangereuse pour la fonction visuelle à un commerçant n'ayant pas de formation médicale. Remettre entre les mains des opticiens, commerçants, sans aucune attribution ni formation médicale professionnelle, la santé visuelle des citoyens marocains constitue une violation de la loi 131-13 de l'exercice de la médecine au Maroc », avait averti Dr. Ali Zaroury, président du SNOLM.