Les opticiens du Maroc ne sont pas contents et ils l'ont bien exprimé ce mardi 2 juillet à la capitale. Après l'amendement de l'article 6 du projet de loi 45-13, qui autorisait les opticiens à réaliser des actes réservés aux médecins ophtalmologues, notamment la mesure de la réfraction, le syndicat professionnel national des opticiens du Maroc (SPNOM) a appelé, lundi 1er juillet à une marche nationale, ce mardi, allant du ministère de la Santé jusqu'au Parlement. Photo : Mustapha Bahloul Une centaine d'opticiens venus des quatre coins du Royaume ont répondu présent à l'appel du syndicat pour faire entendre d'une seule voix leur refus total de l'amendement de l'article 6 du projet loi 45-13 portant sur l'exercice des professions de rééducation, de réadaptation et de réhabilitation fonctionnelle et qui « limite leurs tâches ». « On est là aujourd'hui parce que le projet de loi tel qu'il a été élaboré dernièrement a complètement vidé la fonction de l'opticien. Avant on travaillait avec un dahir qui existe depuis 1954. Ce dahir nous octroyait le droit de procéder au montage des verres et à la mesure de la réfraction avec certaines conditions. Et là, ce projet tel qu'il a été amendé par le ministère de la Santé, qui est censé nous protéger, qui est censé être de notre côté dans l'affaire, a finalement décidé, suite suite à la pression des ophtalmologues, de restreindre nos activités. Même pas restreindre, à la limite on se reconnait plus dans cet article 6 dans la mesure où même les ateliers de montage nous ont été enlevés », a déclaré Firass Ouahi, opticien et ex-président de la SPNOM. Photo : Mustapha Bahloul Mais pas que ! Cet opticien marocain qui possède son propre magasin d'optique à la capitale a indiqué au micro de Hespress Fr qu'après l'amendement de l'article 6, l'opticien « n'a plus le droit ni à la réfraction, ni à l'adaptation des lentilles de contact, ni même au montage des verres ». Lire aussi: Les médecins ophtalmologues satisfaits du vote à la Chambre des conseillers du projet de loi 45-13 « Donc on est là aujourd'hui pour défendre nos intérêts et l'intérêt de la population. C'est des acquis. On a été formés pour. On a été autorisés à exercer et on a investi notre argent pour. Et là, du jour au lendemain le ministère de la Santé décide de créer une autre profession qui n'a rien avoir avec la nôtre » conclut-il. Pour rappel, le conflit entre les ophtalmologues et les opticiens est né en mars dernier, lorsque les médecins ophtalmologues avaient demandé la suppression de certaines dispositions du projet de loi 45.13, qui traite de la formation, de la réadaptation et de la réadaptation professionnelle, et permet notamment aux opticiens de mesurer l'acuité visuelle (l'optométrie). Photo : Mustapha Bahloul Une commission technique a donc été nommée, avec les représentants du ministère de la Santé et du Secrétariat général du gouvernement (SGG), suite au blocage des membres de la commission sociale de la chambre des conseillers, pour trancher sur l'article 6 dudit projet de loi. Les conclusions de la commission technique étaient donc « d'annuler toutes les exceptions de l'article 6 pour se référer à l'article 4 qui impose l'ordonnance médicale, à l'exécution de lunettes optiques ordonnées par les opticiens-lunetiers ». Après étude des conclusions de la commission par le gouvernement et la chambre des conseillers, cette dernière a voté pour la modification de l'article 6 du projet de loi 45-13 qui restreint l'activité des opticiens et de ce fait, se référer à l'article 4 qui impose l'ordonnance médicale, à l'exécution de lunettes optiques ordonnées par les opticiens-lunetiers. Photo : Mustapha Bahloul Le syndicat national des ophtalmologues libéraux du Maroc avait avancé comme argument le fait que l'adaptation de lentilles de contact est réservée non seulement aux médecins ophtalmologues dans les pays développés, mais ayant également en plus un diplôme de contactologie insistant sur le fait que « c'est un acte purement médical ». «Les complications possibles telles l'abcès de cornée et cécité sont connues de tous. Nous ne pouvons pas déléguer une tâche si complexe et qui peut s'avérer dangereuse pour la fonction visuelle à un commerçant n'ayant pas de formation médicale», avait avancé le syndicat dans un communiqué. Si les opticiens du Maroc marchent ce mardi 02 juillet, c'est pour justement revoir l'article 6 du projet de loi 45-13 qui « restreint » leurs activités et met à mal leur business avançant que cela profiterait à des sociétés qui cherchent à monopoliser le secteur. Lire aussi: Les opticiens et grossistes de l'optique revendiquent la réforme du projet de loi 45-13 Photo : Mustapha Bahloul