L'enclenchement du rattrapage industriel en Afrique nécessite d'actionner quatre principaux leviers, selon une étude présentée, jeudi à Casablanca, à la Confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM). Il s'agit de capitaliser sur les ressources naturelles héritées pour construire la croissance de demain, créer les conditions nécessaires à l'amélioration du climat des affaires en proposant un environnement attractif pour les investisseurs, miser sur des partenariats stratégiques en encourageant les opérations de co-production et s'appuyer sur les technologies de la révolution industrielle 4.0 pour dégager des gains de productivité et mieux s'intégrer sur la chaîne de valeur, indique cette étude, intitulée « Industrialisation en Afrique : Réaliser durablement le potentiel du continent ». Réalisée par « Strategy& », l'entité conseil en stratégie de PricewaterhouseCoopers (PwC), cette étude fait ressortir que le poids du secteur industriel en Afrique reste encore limité compte tenu de son très fort potentiel de croissance et que les pays africains restent très dépendants aux exportations de matières premières d'où une très grande volatilité de leurs économies. C'est dans ce sens que Jonathan Le Henry, qui présentait cette étude, a souligné que l'industrialisation joue un rôle critique pour développer, stabiliser et amplifier la croissance économique. Le développement du territoire La politique industrielle, a-t-il poursuivi, constitue un vecteur de croissance qui permet de booster l'économie et créer durablement la valeur dans la production. Elle permet aussi la résilience (réduction de la sensibilité aux chocs exogènes), la durabilité (un support suffisant à un développement sur le long terme), outre la diffusion et l'inclusion à travers le développement du territoire (contribution à la croissance des différentes régions), l'effet d'entraînement (fort niveau d'impact direct/indirect sur l'ensemble de l'économie) et la création d'emplois (dynamisation du marché de l'emploi en offrant de nouvelles opportunités). Le Henry a, parallèlement, noté que le développement industriel constitue un défi persistant, eu égard à la part de l'Afrique dans la valeur ajoutée manufacturière mondiale, le poids des matières premières dans les exportations de marchandises, le niveau d'intensité technologique des activités manufacturières et la contribution du secteur industriel à l'emploi. Il a ainsi fait remarquer que l'étude préconise la mise en place d'un « nouveau pacte industriel » qui est un pré-requis pour relever durablement le défi de l'industrialisation. Selon lui, ce pacte devrait s'appuyer sur un secteur privé aux avant-postes, « démineur » d'opportunités et moteur de croissance et un secteur public pragmatique. Il devrait aussi garantir une approche coordonnée secteur privé/public, penser l'industrialisation en dehors de ses frontières (les chaines de valeurs régionales) et intégrer une forte composante technologique dans les choix industriels en tirant profit de la 4ème révolution industrielle. Encourager l'engagement dans l'activité industrielle Intervenant à cette occasion, le président de la CGEM, Salaheddine Mezouar, a indiqué que le défi de l'Afrique est de stimuler l'investissement industriel et de transformation, ainsi que d'encourager l'engagement dans l'activité industrielle. « L'industrialisation en Afrique ne s'est pas faite parce qu'il n'y avait pas d'énergies disponibles et à coûts abordables. Cette prise de conscience fait que tous les efforts déployés par les Etats aujourd'hui s'orientent fortement vers l'énergie et les infrastructures, en particulier portuaires et aéroportuaires », a-t-il dit. Mezouar a, dans ce sens, noté que cette industrialisation doit accompagner plusieurs secteurs qui constituent l'avenir de l'Afrique, faisant remarquer que la Banque africaine de développement (BAD) consacre un financement et un accompagnement importants pour les projets du secteur privé dans le domaine de l'industrie. Se félicitant des capacités du continent et du rythme et volume d'industrialisation et de sa diversification, il a indiqué qu'il y a encore du travail à faire, notamment en matière d'accès à l'information en ce qui concerne les différentes opportunités qui se proposent à l'industriel. Cette étude représente le fruit d'une réflexion menée auprès d'industriels, de fonds d'investissement et de gouvernements africains en vue de repenser l'industrialisation du continent. Loin des débats idéologiques, elle fait le pari du pragmatisme et prône un développement industriel à fort contenu technologique où l'industrie 4.0 est amenée à jouer un rôle central.