Le développement des secteurs industriels et manufacturiers passe par la mise en place de visions stratégiques globales et l'inclusion des acteurs privés. Telles sont les principales recommandations de l'Organisation des Nations Unies pour le développement industriel (ONUDI) qui a publié un récent rapport sur le sujet. Assez surprenant, l'étude constate qu'entre 2008 et 2012, les autres régions africaines ont devancé l'Afrique du Nord en termes de croissance de la valeur ajoutée manufacturière. Synthèse. La récession économique occidentale a-t-elle porté un sérieux coup dur au développement de l'industrie manufacturière en Afrique du Nord ? À lire le rapport de l'ONUDI, on est tenté de répondre par l'affirmative. En effet, selon cette étude publiée récemment, les taux de croissance de la valeur ajoutée manufacturière de l'Afrique du Nord ont diminué, comme dans presque toutes les régions du monde, en partie à cause de la récession économique globale enregistrée à partir de 2008. Sur le plan continental, l'Afrique du Nord a enregistré le taux de croissance le plus bas de sa valeur ajoutée manufacturière par rapport à toutes les régions africaines entre 2008 et 2012. Au-delà de ces résultats pas très flatteurs, le rapport enfonce le clou avertissant que «la désindustrialisation reste une réalité dans la région d'Afrique du Nord, où la valeur ajoutée manufacturière représente à peine un dixième de son PIB». Au Maroc, mais aussi en Algérie, en Tunisie, en Libye et en Egypte, l'ONUDI estime que la croissance du secteur manufacturier est en retard sur celle de son économie globale. «La région n'a pas réussi à stimuler le développement industriel et donc de réaliser des avancées significatives en termes de changement structurel». Concentration Le document de l'organisme onusien ajoute aussi qu'en Afrique du Nord, les activités basées sur l'exploitation des ressources représentent près de la moitié de la valeur ajoutée manufacturière. La contribution de la moyenne et haute technologies dans l'activité manufacturière se limite à 23% et 31% dans le secteur. D'ailleurs, les exportations de produits primaires représentent encore près de 60% des exportations de la région nord africaine. «Cela rend ainsi la région vulnérable à la volatilité des prix et à la demande internationale». En outre, il faut noter une très forte concentration des exportations par rapport aux autres régions africaines. À peine cinq produits représentent plus de la moitié de ses produits manufacturés destinés à l'exportation. Solutions Pour remédier à cette situation, une panoplie de mesures, voire d'orientations stratégiques sont recommandées. En tout cas, le contexte le favorise. «L'augmentation de la demande et la hausse des coûts en Asie pourraient offrir une opportunité pour l'Afrique afin de soutenir la croissance grâce à l'industrialisation», observe l'ONUDI. Cependant, il faut poser des bases solides afin de profiter de ces opportunités. À ce titre, l'étude mentionne que «les stratégies de conquêtes des marchés internationaux afin d'attirer et de développer les capacités et le soutien des entreprises joueront un rôle clé». En plus, les Etats sont appelés à mettre l'accent sur l'essor du secteur industriel en misant sur la stabilité politique et sociale, un climat favorable à l'investissement, ainsi que sur les infrastructures de base et des réseaux de communication. Ces «préalables» font partie de «la longue liste de conditions» sine qua non pour que le secteur industriel s'épanouisse. Vision globale Plus important encore, l'ONUDI attire les pouvoirs publics sur une réalité: «l'expérience prouve que les stratégies industrielles doivent être alignées et ancrées dans une vision globale de l'économie nationale». Ainsi, les programmes de développement doivent couvrir un grand nombre de secteurs et prendre en considération «les conditions nécessaires pour la transformation structurelle de l'économie à travers le développement soutenu de leur secteur manufacturier». Ces conditions sont, entre autres, la satisfaction des besoins technologiques, le développement de réseaux de fournisseurs locaux, sans parler de la participation du secteur privé, mais aussi l'intégration dans les réseaux mondiaux de production et l'amélioration de la productivité. Ces actions sont jugées «cruciales» pour un décollage réussi des industries manufacturières dans la région et sur le continent dans son ensemble.