La mission de Youssef Amrani ne sera pas de tout repos en Afrique du Sud. L'ambassadeur du Maroc à Pretoria doit faire face aux provocations continues des autorités sud-africaines qui manifestent haut et fort leur soutien à la thèse séparatiste dans la question du Sahara marocain. Officiellement, l'Afrique du sud a pris ses fonctions en tant que membre-non permanent au sein de l'Organisation des Nations unies, du 1er janvier et jusqu'au 31 décembre 2019. Et officiellement encore, ce pays se prépare à accueillir une conférence internationale de « l'Organisation de développement de l'Afrique australe (SADC) de solidarité avec le Sahara occidental et de soutien au droit du peuple sahraoui à l'indépendance et à l'autodétermination ». Selon la ministre sud-africaine des relations internationales et de la coopération, Lindiwe Sisulu, « la conférence, qui se tiendra les 25 et 26 mars en Afrique du Sud, constituerait une étape importante pour mobiliser et apporter un soutien au peuple sahraoui dans sa lutte pour son indépendance ». Reconnaissance par l'Afrique du Sud de la RASD La tenue de cette conférence coïncide avec la prise de fonction de l'ambassadeur du Maroc en Afrique du sud. Depuis sa nomination en 2018, Youssef Amrani a dû attendre jusqu'à début mars 2019 pour être « approuvé » par Pretoria. Le dernier ambassadeur marocain dans le pays avait été rappelé en 2006, après la reconnaissance par l'Afrique du Sud de la fantomatique république arabe sahraouie démocratique (RASD). En 2017, les deux pays avaient décidé de relever leur représentation diplomatique par la désignation d'ambassadeurs de haut niveau à Rabat comme à Pretoria. L'on se rappelle que le Roi Mohammed VI et l'ex-président d'Afrique du Sud, Jacob Zuma, avaient convenu, lors d'un entretien en marge des travaux du cinquième Sommet Union européenne-Union africaine (UE-UA), en novembre 2017 à Abidjan (Côte d'Ivoire), « de travailler ensemble, main dans la main, pour se projeter dans un avenir prometteur, d'autant plus que le Maroc et l'Afrique du Sud constituent deux pôles importants de stabilité politique et de développement économique, respectivement à l'extrême nord et à l'extrême sud du continent ». Cyril Ramaphosa persiste et signe En dépit de ces signes de bonne volonté, l'actuel président sud-africain, Cyril Ramaphosa, persiste et signe et ne cesse de réitérer son hostilité au Maroc. « Nous sommes aux côtés du Front Polisario », affirme-t-il lors d'un meeting électoral organisé en préparation des législatives de mai 2019, au stade de Durban par son parti au pouvoir l'ANC. La sortie du successeur de Zuma confirme sa position agressive envers le royaume. Et pour reprendre l'influent journal sud-africain, Daily Maverick, il est clair que « le gouvernement de Pretoria, conduit par le parti de l'ANC, préfère aborder la question du Sahara marocain sous le prisme de la guerre froide ». Ainsi, une mission difficile s'attend au diplomate marocain qui doit avoir les nerfs très solides, face aux provocations continues des autorités sud-africaines et à l'acharnement de ce pays contre l'intégrité territoriale du Maroc. Lire aussi: Axe Pretoria/Alger : Quand la question du Sahara tourne à l'obsession