Trois jours après les élections législatives anticipées auxquelles a appelé le président Emmanuel Macron, la France est plus que jamais plongée dans « l'inconnu politique ». Sortant (enfin!) de son silence depuis les résultats de dimanche, Macron a adressé ce mercredi une lettre aux Français, les appelant au rassemblement. Cette « sortie tardive », a été qualifiée par Marine Le Pen de « cirque indigne », alors que le Chef de file des Insoumis et partie au Nouveau Front Populaire, pointe une « des intrigues de la IVè République ». Alors qu'il se trouve à Washington pour le sommet de l'OTAN, Macron a choisi de s'adresser aux Français, pour le moins confus, par le biais d'une lettre publiée dans la presse régionale, dans laquelle il a invité les forces politiques « républicaines » à « bâtir une majorité solide et plurielle » pour le pays, insistant sur le fait que « personne ne l'a emporté (élections ndlr) ». « Aucune force politique n'obtient seule une majorité suffisante et les blocs ou coalitions qui ressortent de ces élections sont tous minoritaires », a écrit Macron, qui a demandé « à l'ensemble des forces politiques se reconnaissant dans les institutions républicaines », d'engager « un dialogue sincère » pour constituer un « large rassemblement ». Selon le Chef de l'Etat, « ce rassemblement devra se construire autour de quelques grands principes pour le pays, de valeurs républicaines claires et partagées, d'un projet pragmatique et lisible ». « C'est à la lumière de ces principes que je déciderai de la nomination du Premier ministre », a-t-il dit, soulignant que « d'ici là, le gouvernement actuel continuera d'exercer ses responsabilités puis sera en charge des affaires courantes comme le veut la tradition républicaine ». Cirque indigne Après la parution de cette lettre, Marine Le Pen, dont le parti Rassemblement national (RN) a été en partie bloqué par le « front républicain » constitué au deuxième tour par la gauche et les centristes, a dénoncé le « cirque indigne » d'Emmanuel Macron aux Français du chef de l'Etat. « Si je comprends bien, dans sa lettre, Emmanuel Macron propose de faire barrage à LFI qu'il a contribué à faire élire il y a trois jours et grâce à qui les députés Renaissance ont été élus, il y a également trois jours... Ce cirque devient indigne », a publié sur X la patronne des députés RN à l'Assemblée nationale. Si je comprends bien, dans sa lettre, Emmanuel Macron propose de faire barrage à LFI qu'il a contribué à faire élire il y a trois jours et grâce à qui les députés Renaissance ont été élus, il y a également trois jours... Ce cirque devient indigne. — Marine Le Pen (@MLP_officiel) July 10, 2024 Intrigues A gauche, le patron de LFI, Jean-Luc Mélenchon, a accusé Macron de « refuser de reconnaître le résultat des urnes qui a placé le Nouveau Front Populaire en tête des votes et des sièges à l'Assemblée » Emmanuel Macron « refuse de reconnaître le résultat des urnes » et doit « s'incliner » face au Nouveau Front populaire, a-t-il dit. Pour Mélenchon, « c'est le retour du droit de veto royal sur le suffrage universel (...) C'est le retour des intrigues de la IVe République ». Unique dans le monde démocratique : le président refuse de reconnaître le résultat des urnes qui a placé le Nouveau Front Populaire en tête des votes et des sièges à l'Assemblée. C'est le retour du droit de veto royal sur le suffrage universel. Il prétend donner du temps pour... — Jean-Luc Mélenchon (@JLMelenchon) July 10, 2024 Pour rappel, les élections législatives, marquées par une percée historique de l'extrême droite au premier tour, ont finalement abouti à la constitution d'une assemblée tripartite dans laquelle l'alliance de gauche est arrivée en tête (190 à 195 sièges), suivie par le camp présidentiel de centre droit (autour de 160 sièges), et l'extrême droite (143 sièges). Au lendemain de ces résultats, Gabriel Attal était attendu pour présenter sa démission annoncée la veille, mais Macron lui a demandé de rester « pour le moment afin d'assurer la stabilité du pays ».