Pour drainer l'électorat de gauche A dix jours du second tour de la présidentielle française, Emmanuel Macron et Marine Le Pen poursuivent jeudi leur opération séduction de l'électorat de gauche, qui détient une des clés du scrutin. Le chef de l'Etat sortant, donné à ce stade gagnant le 24 avril dans les sondages (53 à 55%), est attendu à la mi-journée au Havre (nord-ouest), fief de son ancien Premier ministre Edouard Philippe, où il défendra notamment les éoliennes, décriées par sa rivale du Rassemblement national (RN, extrême droite). Comme à Strasbourg, dans l'est de la France, mardi soir, Emmanuel Macron ne sera pas en terrain conquis dans la cité portuaire dont les électeurs ont placé en tête Jean-Luc Mélenchon, le candidat de la gauche radicale (LFI) lors du premier tour. A plus de 800 kilomètres de là, Marine Le Pen tiendra quant à elle en fin d'après-midi son premier grand meeting de l'entre deux-tours dans une autre ville qui a placé en tête M. Mélenchon dimanche dernier: Avignon, dans le sud de la France traditionnellement plus favorable à l'extrême droite. Pour les deux finalistes en lice pour l'Elysée, l'objectif est double: mobiliser les troupes et tenter de rallier des électeurs du leader de la gauche radicale, arrivé troisième au premier tour dimanche avec 22% des voix, derrière Marine Le Pen (23,1%) et Emmanuel Macron (27,8%). Tout comme dans l'entre-deux tours de 2017, qui avait déjà placé à l'affiche Marine Le Pen et Emmanuel Macron, les voix des électeurs de gauche devraient faire encore une fois la différence dans les urnes – et sont donc encore une fois particulièrement recherchées en vue du 24 avril. A dix jours du scrutin, Emmanuel Macron semble toutefois partir avec une petite longueur d'avance. Selon un sondage Elabe pour BFMTV et L'Express publié mercredi, 35% des personnes interrogées ayant voté pour le candidat LFI entendent voter pour le président sortant au second tour, contre 27% pour la candidate du RN. Mais 38% des électeurs de Jean-Luc Mélenchon n'expriment pas d'intention de vote. Conscients de l'enjeu, les deux finalistes ont multiplié les sorties sur les sujets étiquetés à « gauche ». Emmanuel Macron a entre autres cité Jean-Luc Mélenchon sur la planification écologique ou Yannick Jadot, le candidat écologiste, sur l'économie circulaire et la « sobriété ». Marine Le Pen a pour sa part dès dimanche soir vanté un projet de « justice sociale » et de « protection » et s'est employée à faire une distinction entre les électeurs LFI. « Jean-Luc Mélenchon, dans les dernières années, lui qui était très attaché à la laïcité, a dérivé vers une complaisance à l'égard de l'islamisme, mais tous ses électeurs ne sont pas sur cette ligne-là », a-t-elle insisté jeudi matin sur France 2. Très courtisé, Jean-Luc Mélenchon, qui a appelé ses électeurs à ne « pas donner une seule voix » à Marine Le Pen, a lancé mercredi une consultation de ses soutiens en vue du second tour, avec trois options de vote: abstention, vote blanc, ou vote Emmanuel Macron. La consultation, dont le résultat sera public, s'achève samedi à 18H00 GMT. Pour les électeurs LFI, le choix pourrait toutefois se révéler cornélien. Un casse-tête résumé par François Ruffin dans une interview à Libération publiée jeudi. Emmanuel Macron « a joué au pyromane avec l'extrême droite tout au long de son mandat, par calcul, par cynisme, et maintenant le pyromane se fait pompier », fustige le député LFI. Quant à Marine Le Pen, « sur le social, elle n'en a rien à secouer (…) Elle joue la partition des +petits contre les gros+ pour mieux racoler nos électeurs », assure l'élu qui précise que le 24 avril sa voix « n'ira pas » à la candidate d'extrême droite.