A l'occasion de la 56ème session du Conseil des Droits de l'Homme (CDH) à Genève, qui se déroule du 18 juin au 12 juillet 2024, et inaugurée mardi dernier par son président Omar Zniber, un événement parallèle organisé par l'ONG internationale « International Civil Diplomacy Group » a mis en avant les préoccupations liées aux droits de l'homme dans les camps de réfugiés de Tindouf. Sous la modération de l'Espagnol, Pedro Ignacio Altamirano, politologue et président de la Fondation Altamirano, cette rencontre a rassemblé divers experts pour débattre des défis cruciaux, en particulier le sort des enfants soldats dans des zones telles que les camps de Tindouf. Conditions déplorables et violations des droits de l'homme Pedro Ignacio Altamirano, défenseur reconnu des droits de l'homme, a décrit la situation générale dans les camps de Tindouf, soulignant que la précarité des conditions de vie des enfants n'est qu'une facette de la dégradation globale. Il a dénoncé la pauvreté des services publics essentiels, le détournement de l'aide humanitaire et un climat de répression généralisée. « Ces circonstances créent un environnement sombre où les enfants sont privés des droits les plus fondamentaux garantis par les instruments internationaux », a-t-il affirmé. Altamirano a également critiqué l'Algérie pour son refus de permettre le recensement de la population et pour entraver le retour des réfugiés vers leurs régions d'origine dans le Sahara marocain. Judit Segarra, militante associative et vice-présidente de la Fondation Altamirano, a initié les discussions en mettant en lumière les impacts éthiques et psychologiques des conflits sur les enfants. « Les enfants impliqués dans les conflits, notamment ceux des camps de Tindouf, sont les plus vulnérables. Leurs droits fondamentaux, tels que la sécurité et l'éducation, sont systématiquement violés », a-t-elle affirmé. Elle a mis en exergue les conséquences profondes de la violence sur le développement moral de ces enfants. Camps de Tindouf : scandale humanitaire ignoré Pour sa part, Daniel Haener, ancien diplomate suisse, a souligné la nécessité pour l'Europe de réagir face à l'enrôlement des enfants soldats, en déclarant que « l'Europe, ayant souffert des guerres passées, doit reconnaître le danger que représentent les enfants soldats pour la sécurité ». Matteo Dominicci, politologue et conseiller en relations internationales, a décrit les enfants de la guerre comme un « cancer mondial ». Lors de son intervention par vidéoconférence, il a souligné la montée alarmante du nombre d'enfants soldats dans le Sahel et à Tindouf. Aussi a-t-il appelé à une action urgente et coordonnée pour protéger les futures générations. Moulay Lahcen Naji, Président du CIDH Africa et Secrétaire Général du Centre International pour la Prévention des Enfants Soldats à Dakhla, a fait part de ses inquiétudes concernant les camps de Tindouf. « Depuis les années 1970, ces camps abritent des milliers de réfugiés sahraouis fuyant les conflits armés. Les droits fondamentaux, tels que le droit à la vie, à l'intégrité physique et à la liberté, y sont gravement bafoués », a-t-il affirmé. Naji a appelé à une stricte application du droit humanitaire international pour assurer la protection des réfugiés. Appel à une sensibilisation mondiale et à des actions concrètes L'événement organisé en marge de la 56ème session du CDH à Genève a révélé des réalités alarmantes souvent passées sous silence, appelant à une action internationale urgente et coordonnée. Pedro Ignacio Altamirano a exposé avec force les conditions déplorables des camps de Tindouf, les qualifiant de « centres de détention illégaux ». Il a dénoncé des violations systématiques des droits de l'homme, telles que la privation de nationalité, l'exploitation militaire des habitants et des cas d'esclavage sexuel. Altamirano a insisté sur l'importance d'une communication pédagogique claire avec les organismes publics et les organisations de la société civile pour dissiper les malentendus qui trompent l'opinion publique. « Le polisario instrumentalise les souffrances des habitants des camps de Tindouf pour attirer une aide internationale, qui est ensuite détournée pour acheter des armes ou pour gonfler les comptes personnels de ses dirigeants », a-t-il affirmé. Cette manipulation cynique des aides humanitaires ne fait qu'aggraver la situation des réfugiés, piégés dans un cycle sans fin de misère et de désespoir. Cette discussion à Genève a mis en lumière la responsabilité collective de la communauté internationale pour protéger les plus vulnérables, en particulier les enfants soldats. Les experts présents ont unanimement appelé à des actions immédiates pour mettre fin à ces pratiques dévastatrices. Ils ont souligné l'urgence d'initiatives concrètes pour promouvoir la paix et la sécurité des générations futures, tout en insistant sur l'application stricte du droit humanitaire international. Le témoignage d'Altamirano et les discussions qui ont suivi ont clairement montré que la situation dans les camps de Tindouf est un scandale humanitaire qui ne peut plus être ignoré. La communauté mondiale doit agir de manière décisive pour mettre fin à ces abus flagrants et assurer un avenir plus sûr et plus juste pour tous. Les participants à l'événement ont convenu que seules des actions concertées et une vigilance constante peuvent apporter des changements durables et significatifs pour les séquestrés de Tindouf.