S'il y a un sujet qui doit provoquer une énorme gêne au sein de la gouvernance européenne c'est bien cette incessante guerre que mène Israël contre les palestiniens de la bande de Gaza. Les pertes humaines civiles s'amoncellent et les ambitions de domination et de contrôle israéliens sur les territoires palestiniens donnent le vertige, tant cela vise à annihiler, selon les perspectives européennes, tous les espoirs de paix dans cette région en la maintenant dans un état de guerre permanent. Depuis le début de cette nouvelle guerre entre Israël et le Hamas, l'Europe s'est engagée en ordre dispersé. Entre ceux qui comprennent le besoin de vengeance d'Israel et lui ont donné un feu vert absolu à ses représailles et ceux qui veulent l'astreindre dans sa stratégie militaire à l'égard des palestiniens, le fossé était grand. Dans leurs multiples expressions diplomatiques, il fut un temps où les européens se livraient à un grand écart des plus paralysants. Entre Emmanuel Macron, président de la France qui propose à Benjamin Nethanyahu de former une coalition militaire pour lutter contre le Hamas sur le modèle de celle qui avait démantelé l'organisation de l'Etat islamique (Daesh) et le chef de gouvernement Espagnol Pedro Sanchez qui propose et menace de reconnaître de manière unilatérale un État palestinien indépendant, il y a un gigantesque fossé diplomatique. Ces divergences d'appréciations ne sont pas nouvelles. Depuis le début de cette guerre, le leadership européen ne s'est pas distingué par une harmonie et une cohérence sans faille. La machine à produire des couacs diplomatiques a été généreusement nourrie par les premières prises de position de la présidente de la Commision Ursula Van Der Leyen qui avait donné l'impression de faire cavalier seul et d'imposer ses vues extrêmement subjectives sur l'ensemble de la diplomatie européenne. Une sérénité relative était revenue au prix d'une houleuse explication de texte parmi les instances européennes, mais les tensions et les germes de division sont toujours là et empêchent une vision et une position commune, plus efficace et plus influente de l'Europe face à cette guerre. Or, avec les insoutenables massacres de civiles palestiniens et les pertes de plus en plus grandes, voire inédites au sein dans des rangs de soldats israéliens, les pays de l'Union européenne se sont contentés d'appeler de leurs vœux, sinon à des périodes de trêves humanitaires, voire un cessez le feu, du moins à un respect du droit international humanitaire. La voix de cette Europe est restée inaudible et sans effet sur le cours de événements, dévoilant au passage le peu d'influence dont dispose cette structure politique sur le cours des événements au Proche Orient. Cette perception est sans sans doute en train de changer. La cause principale est la volonté des ministres de l'ultra droite nationale et religieuse membre du gouvernement de Nethanyhou une politique de transfert de la population palestinienne vers d'autres pays, dans une réplique grandeur nature de ce que les palestiniens appellent la catastrophe (Nakba de 1948). Le sérieux avec lequel le gouvernement d'Israël semble traiter cette question a déclenché de sérieuses alertes aussi bien à Washington qu'à Bruxelles ou à Paris. D'où ces réactions à la tonalité crique inédite à l'égard d'Israël, refusant ces plans d'expulsions massives de palestiniens. Pour tenter de dégoupiller cette tension internationale sur Israël, le gouvernement Nethanyahou avait tenté d'expliquer de manière détourner qu'il ne s'agissait nullement d'un programme de gouvernement mais plus d'idées et d'initiatives à forte teneur électoraliste et politicienne, de la part de personnalités extrémistes à la recherche d'une visibilité et d'une influence politique. Aussi bien l'Europe que l'Amérique ne veulent donner la moindre validation à ces stratégies de transferts de populations palestiniens avec des pays étrangers. Cela viderait définitivement de sa substance la solution des deux états que ces deux grandes puissances considèrent toujours comme l'unique solution à la fois pour garantir les droits des palestiniens à un foyer national mais aussi la sécurité et la stabilité d'Israël. Toute la question est aujourd'hui de savoir quels sont les leviers auxquels ces européens et américains peuvent faire appel pour convaincre Israël d'abandonner ces rêves d'appropriation des territoires palestiniens et d'expulsions massives de ces habitants. Évidemment la priorité des plus urgences demeure l'obtention d'un cessez le feu, un silence des armes et un retour aux langages diplomatiques et aux logiques de compromis.