L'opération militaire du Hamas palestinien a surpris Israël et le monde par son ampleur meurtrière et ses possibles conséquences politiques. La surprise est d'autant plus aiguë qu'il s'était installé une forme de rapport dissuasif entre l'armée israélienne et le Hamas avec des lignes rouges fréquemment frôlées mais jamais dépassées. Aujourd'hui cette opération miliaire du Hamas avec son lot inédit de victimes dont l'impact est amplifié par une communication massive du Hamas sur les réseaux sociaux. Elles sont nombreuses les leçons à tirer de cette brusque montée de la violence entre Palestiniens et Israéliens. La première a surpris le monde entier. Elle tourne autour de ce qui s'apparente à un gigantesque fiasco sécuritaire de la part de l'appareil militaire israélien. Une opération d'une telle envergure ne s'improvise pas. Sa préparation nécessite des semaines, voire des mois. Et ce qui apparaît aujourd'hui comme une défaillance énorme du renseignement militaire israélien, aura un impact majeur sur les capacités dissuasives de l'armée israélienne généralement décrite comme la plus dotée sur le plan technique et la plus puissante dans toute la région. Quelle que soit l'issue politique de ce bras de fer militaire, l'armée israélienne en sort affaiblie, son aura et sa réputation lourdement touchée. Seconde leçon à tirer, est à voir du côté des évolutions régionales des relations d'Israel à avec son environnement arabe. Non seulement le choix de la date de cette opération Hamas, inédite dans son impact, intervient autour d'une date symbolique, le cinquantième anniversaire de la fameuse guerre, tout aussi traumatisante, de 1973, elle intervient aussi à la veille d'une accélération majeure dans les relations entre Israël et le royaume d'Arabie Saoudite qui étaient sur le point d'annoncer une normalisation aussi inédite et historique de leurs rapports. Qui a intérêt à saboter de telles initiatives ? La question se pose en termes de timing et de messages politiques à tirer de ce bain de sang autour de Gaza. Devant de telles horreurs, la communauté internationale a été unanime à dénoncer une opération terroriste de grande envergure. Ce soutien international sans équivoque à Israël peut être interprété par le gouvernement d'Israël dirigé par Benjamin Nethanyahu comme un feu vert à une action de vengeance de grande envergure. Et dans ce contexte, le débat au sein de l'élite militaire politique israélienne fait rage. Faut-il se contenter de bombarder des immeubles à Gaza censés abriter des militants de Hamas ou faut-il penser à planifier une grande opération militaire pour réoccuper la bande de Gaza pour tenter d'y éradiquer le Hamas? Car aux yeux de beaucoup d'Israéliens, l'élimination totale du Hamas paraît le seul prix exigé pour laver l'honneur de l'armée israélienne et se venger de cette attaque sans précédent contre les Israéliens, que certains qualifient comme un « 11 septembre Israélien ». Sur le plan politique et diplomatique, cette opération a remis au centre de la préoccupation mondiale la crise palestinienne, laquelle, ces dernières années a été écartée au profit d'autres crises régionales comme celles de la Syrie, du Yémen, de Libye, ou même de l'Ukraine. À part la dénonciation légitime de ces violences, la communauté internationale, américains, européens et arabes en tête, ne peuvent rester les bras croisés, à assister impuissants à cette nouvelle descente en enfer des israéliens et palestiniens. L'enjeu diplomatique majeur est d'abord d'arrêter ce cycle de violence et ensuite de créer les conditions politiques pour qu'il ne se reproduise pas. Dans ce contexte, il faut souligner que la position de certains pays arabes qui demandent l'arrêt immédiat de violence pour ne pas saper les chances de la paix, rappelle qu'ils a ont à plusieurs reprises tiré la sonnette d'alarme, notamment devant le blocage des négociations politiques entre israéliens et palestiniens, l'absence d'horizons pour la population de Gaza, et ont alerté que ça allait fatalement provoquer une déflagration comme celle qui explose aujourd'hui entre Palestiniens et Israéliens. Aujourd'hui devant ces dangereuses évolutions, d'autres interrogations non moins décisives se posent. Elle concernent l'attitude du Hezbollah libanais à la frontière nord d'Israel. Va-t-il, sur ordre de son parrain iranien, intervenir dans cette guerre pour porter assistance au Hamas ou va-t-il observer une attitude neutre ? Lors de son intervention, le président américain Joe Biden avait certainement l'Iran dans le viseur lorsqu'il avait lancé des avertissements à tous ceux qui seraient tentés de profiter de cette crise pour pour faire avancer leurs agenda.