Dans une conjoncture géopolitique régionale des plus compliquées et des relations de voisinage pour le moins tendues, le Maroc a relevé le budget de la défense pour le porter à 12.1 milliards de dollars (124 milliards de dirhams) pour les exercices 2024-2025 dans le cadre du projet de loi de finances 2024. C'est un demi-milliard de plus qu'en 2023 doit servir en grande partie à nourrir l'ambition industrielle du royaume. Le Royaume a donc fait le choix réserver davantage de budget pour l'armement et l'industrie de la défense. C'est le second budget après celui du ministère de l'Intérieur. Une partie sera allouée à l'acquisition et à la réparation des équipements des Forces Armées Royales (FAR), tandis qu'une autre servira à soutenir le développement de l'industrie de défense avec une nouvelle hausse de plus de 4 milliards de dirhams. Le budget des FAR dans le projet de loi de finances 2024 a dépassé les 17 milliards de dollars par rapport à l'exercice 2022. Ces chiffres indiquent que le Royaume continue de renforcer les capacités des FAR à travers l'acquisition d'armes les plus récentes, tout en poursuivant les ateliers de l'industrie de défense, ce qui a été annoncé pour la première fois dans le projet de loi de finances 2022. L'analyste sécuritaire Mohammed Agdid a déclaré à Hespress que « l'augmentation du budget des Forces armées royales vise à poursuivre le renouvellement de l'arsenal militaire en réponse aux évolutions régionales et mondiales sur le terrain ». « La technologie qui définit la guerre organisée dans le monde incite le Royaume du Maroc à continuer de fournir les ressources financières nécessaires pour acquérir les dernières technologies armées », considérant que « la persistance du front séparatiste et de l'Algérie qui menace l'intégrité territoriale du Maroc comme l'une des raisons de l'augmentation du budget de la défense », a-t-il ajouté. L'analyste sécuritaire a ajouté que « les FAR ont une stratégie claire dans le domaine de l'industrie de défense, étant donné que le Royaume a attiré de nombreuses entreprises dans le domaine de la fabrication de drones ». Agdid a souligné que « la menace continue de l'Algérie contre le Maroc en utilisant son protégé le polisario pour perpétrer des harcèlements à proximité du mur de défense depuis la libération du passage de Guergarate pousse le Maroc à faire face à des défis majeurs qui nécessitent fortement un arsenal militaire fort ». De son côté, Abderrahmane Mekkaoui expert marocain en affaires stratégiques, a estimé que « le budget alloué au cours de l'exercice 2024 au profit de l'armée marocaine est insuffisant à cause des « graves défis auxquels nous sommes confrontés ». Mekkaoui a ajouté, dans sa déclaration à Hespress, que « le Maroc est entré en force dans l'industrie de défense, car il a entamé le processus de fabrication d'armes légères (pistolets, mitrailleuses...), et il est possible de commencer à exporter des munitions », a-t-il ajouté. Tout cela nécessite un budget important, a-t-il souligné, ajoutant que « ces montants incluront également les salaires des militaires des FAR, et aussi notamment l'acquisition d'équipements de pointe à l'étranger pour faire face à divers défis ». Il explique l'augmentation de budget alloué à la Défense par la direction industrielle que le Maroc a pris dans ce secteur. « L'industrie de défense est un choix important et irréversible, et le Maroc ambitionne de devenir un pôle industriel et d'exporter ainsi des armes à l'étranger », a-t-il affirmé.