Comme chaque année, ministres et élus entament en ce mois d'octobre les discussions houleuses sur le Projet de Loi des Finances (PLF). Et comme à l'accoutumée, l'annonce de ses grandes lignes génère une batterie de critiques, de suggestions et aussi quelques louanges, de part et d'autre, selon les convictions et l'appartenance politique de chacun. Cette fois-ci, les projecteurs sont, entre autres, rivés vers le réaménagement du barème progressif de l'IR, qui n'est pas au goût de tous. Si le fait d'exonérer tous les revenus salariaux inférieurs à 6000 dhs par mois a été accueilli à bras grand-ouverts, la classe moyenne qui, au fil des lois de finances, s'est sentie appauvrie, laissée-pour-compte, trop ponctionnée par l'Etat s'attend à des mesures plus poussées visant à préserver son pouvoir d'achat. Ses doléances continuent de grandir dans un contexte marqué par la cherté du coût de la vie, alors que ses rentrées nancières demeurent limitées. Car, outre la réduction du taux marginal de 38 à 37% sur les revenus au-delà des 180.000 dhs, et la réduction d'impôt sur le revenu au titre des charges familiales de 360 dirhams à 500 DH par personne à charge, toutes les mesures du PLF concernent la tranche dite «inférieure» de la classe moyenne. Il s'agit, certes, de près de 4 millions de salariés immatriculés à la CNSS, mais il n'empêche que depuis plusieurs années, le fisc gonfle ses recettes en augmentant la pression sur les revenus des contribuables de la tranche supérieure, qui, aujourd'hui, voient leur niveau de vie se dégrader drastiquement. À première vue, on pourrait croire que cette tranche supérieure représente une élite aristocratique aisée et qu'il serait malvenu de la défendre. Or, elle est composée de jeunes cadres (ou moins jeunes) ayant traversé des chemins de croix pour intégrer le monde du travail, souvent venant de quartiers populaires et y vivant encore aujourd'hui, loin du luxe que l'on pourrait imaginer. D'où la nécessité de réfléchir profondément au concept de l'équité fiscale, avant de proportionner notre fiscalité, car, au final, ce qui est juste pour certains, peut être injuste pour d'autres. Aujourd'hui que le Maroc s'engage dans la voie de l'Etat social, gardons à l'esprit que ce chantier devrait profiter à toutes les franges de la société. Et pour augmenter les recettes et financer les projets structurants, on peut toujours élargir l'assiette fiscale, car les capitaux qui échappent à la collecte ne manquent pas...