Sous le poids des mémoires, la France et l'Algérie peinent à se réconcilier autour des événements du 17 octobre 1961. Alors que le régime algérien instrumentalise cette tragédie pour alimenter un discours victimaire, la France se retrouve piégée dans un jeu de chantage mémoriel. Entre commémorations et calculs politiques, la reconnaissance des faits se transforme en un outil diplomatique, éloignant encore toute perspective de réconciliation authentique, affirme l'historien Jean-Marc Albert. Un article publié dans Le Journal du dimanche (JDD) aborde «la difficile réconciliation des mémoires» entre la France et l'Algérie à propos du 17 octobre 1961, jour où des militants du FLN défilèrent à Paris en défiant un couvre-feu imposé par les autorités françaises. La France a, depuis peu, ajouté cette date à son calendrier mémoriel, saturé de commémorations, sans toutefois parvenir à apaiser les tensions mémorielles avec un régime algérien cynique. L'historien Jean-Marc Albert, auteur du texte, dénonce ce qu'il qualifie de «chantage mémoriel» de la part de l'Algérie. Le régime algérien «instrumentalise» ces événements pour alimenter une soif inextinguible de revanche, cherchant à tirer un profit politique de ce drame historique. En substance, M. Albert souligne que le pouvoir algérien se nourrit de cette tragédie pour maintenir un discours de victimisation, éludant ainsi ses responsabilités internes et ses échecs contemporains. Cette manipulation de l'histoire sert à légitimer le pouvoir en place qui ne cesse de réclamer des réparations symboliques tout en refusant une véritable démarche de réconciliation avec son ancien colonisateur. Ce jeu repose sur une rhétorique bien rodée : faire du 17 octobre 1961 une date sacrée, un prétexte pour exiger des excuses, tout en renforçant l'emprise idéologique du régime sur sa population. Le président français Emmanuel Macron, prudent face à ces revendications mémorielles, a pris soin de commémorer certains faits marquants, comme l'hommage à Maurice Audin et aux victimes de Charonne. Cependant, il évite soigneusement de parler de «crime d'Etat» concernant les événements d'octobre 1961, craignant de cristalliser encore plus les tensions. D'un côté, il tente de reconnaître les torts du passé colonial français ; de l'autre, il semble s'abstenir de céder totalement aux pressions algériennes, conscientes des enjeux politiques et des possibles répercussions économiques et diplomatiques d'une telle démarche, croit savoir l'historien français. L'Algérie, de son côté, «continue d'exploiter cet épisode tragique, le plaçant au cœur d'un discours victimaire visant à détourner l'attention de ses propres défaillances internes.» Ce discours, souvent appuyé par des forces «décoloniales» en France, alimente un climat de défiance et empêche toute véritable avancée. Il devient alors évident que, loin d'être un outil de réconciliation, la mémoire du 17 octobre est devenue un instrument de chantage, un levier politique utilisé par le pouvoir algérien pour dans ses liens tourmentés avec Paris.