L'affaire de Meryem, 14 ans décédée suite à un avortement clandestin, continue de faire réagir les militants des droits de l'homme. Cette fois-ci, ils ne veulent rien lâcher. Ils veulent faire entendre leur voix pour dénoncer les violences faites aux femmes, l'urgence de la réforme du Code pénal et ses articles « archaïques », et le droit de la femme à jouir complètement de son corps, et de se fait le droit à l'IVG. Après un deuil collectif organisé le mardi 20 septembre sur les réseaux sociaux à la mémoire de la jeune défunte, un sit-in a été organisé mercredi 28 septembre devant le Parlement à Rabat par la Fédération démocratique des droits de la femme (FFDF), à l'occasion de la journée mondiale du droit à l'avortement, fêtée chaque année le 28 septembre. La FDDF a ainsi dénoncé devant le Parlement le « meurtre tragique de l'enfant Meriem, victime de viol et d'avortement clandestin non sécurisé », levons ainsi le slogan « BARAKA » (stop). D'autres slogans ont été levés comme « Interdiction de l'IVG médicalement assistée est égal à un crime », « Le patriarcat légifère, les femmes en meurent », « Combien faudra-t-il encore de Meriem ? », « La loi me tue », ou encore « Mon utérus et une partie de moi respectez ma décision ». Au Maroc, l'avortement est puni par le Code pénal, dans son article 449 qui stipule que « Quiconque, par aliments, breuvages, médicaments, manœuvres, violences ou par tout autre moyen, a procuré ou tenté de procurer l'avortement d'une femme enceinte ou supposée enceinte, qu'elle y ait consenti ou non, est puni de l'emprisonnement d'un à cinq ans et d'une amende de 200 à 500 dirhams ». Par contre, « si la mort en est résultée, la peine est la réclusion de dix à vingt ans », précise l'article du Code pénal. Par ailleurs, l'article 453 de la même loi stipule que « l'avortement n'est pas puni lorsqu'il constitue une mesure nécessaire pour sauvegarder la santé de la mère et qu'il est ouvertement pratiqué par un médecin ou un chirurgien avec l'autorisation du conjoint. Si le praticien estime que la vie de la mère est en danger, cette autorisation n'est pas exigée ». Meryem, 14 ans, a été violée par un pédophile début septembre et une grossesse non désirée s'en est suivie. Elle est décédée quelque temps après, lors d'un avortement clandestin dans la province de Midelt, et plus exactement à la commune de Boumia, auquel avait pris part sa mère. Cette dernière est d'ailleurs actuellement en prison. Dans le cas justement de Meryem, elle aurait pu avorter dans un hôpital, entre les mains de bons médecins, si ça maman avait dénoncé le violeur à la police, puisque depuis 2020, le Code pénal permet d'avorter en cas de viol, d'inceste, de malformation du fœtus ou de troubles mentaux chez la femme à condition d'en faire la demande auprès de la justice. Une décision prise après 4 ans de négociations au Parlement. « Lorsqu'il y a avortement, tout le monde est puni. Même ta copine qui t'accompagne pour te faire avorter, elle se retrouvera en prison », a déclaré à Hespress Fr, Sonia Terrab, qui a initié le collectif « Hors-la-loi » au côté de l'écrivaine Leila Slimani, né à la suite de la condamnation de la journaliste marocaine Hajar Raissouni pour avortement.