Après le Maroc, c'est à l'Espagne de subir les foudres d'Alger. En colère contre la position marquée de Madrid vis à vis du Sahara, l'Algérie a suspendu le traité de coopération qui la liait à l'Espagne. Une fois de plus, Alger prouve son parti pris, mais surtout se met à dos un nouveau pays dans son cercle régional. Madrid n'a pas tardé à réagir. « Le gouvernement espagnol réaffirme son plein attachement au contenu du Traité et aux principes qui le sous-tendent, reflétés dans son préambule », a indiqué une source diplomatique espagnole à Hespress FR. L'Espagne rappelle que ce Traité, révoqué unilatéralement par l'Algérie mercredi, concerne en particulier le « strict respect des buts et principes de la Charte des Nations Unies et les principes du droit international en tant qu'éléments fondamentaux pour le maintien de la paix, de la sécurité et de la justice dans la société internationale ». Il s'agit « en particulier des principes d'égalité souveraine des États, de non-ingérence dans les affaires intérieures et de respect du droit inaliénable des peuples à disposer d'eux-mêmes », a indiqué la même source, sous entendant que l'Algérie n'a pas le droit de s'ingérer dans les affaires intérieures de l'Espagne lorsqu'elle l'attaque sur une décision souveraine, qui ne la concerne pas. Malgré les attaques verbales de l'Algérie, la diplomatie espagnole s'est gardée de faire de la surenchère et s'est contentée de dire que le « gouvernement espagnol considère l'Algérie comme un pays voisin et ami et réitère son entière disponibilité à continuer à entretenir et à développer les relations privilégiées de coopération entre les deux pays, au profit des deux peuples ». La présidence algérienne a réagi mercredi à une déclaration du chef du gouvernement espagnol qui s'exprimait devant le Parlement espagnol concernant la décision de l'Espagne d'appuyer le plan d'autonomie au Sahara proposé par le Maroc comme solution pour mettre fin à près de 50 ans d'un faux conflit créé par l'Algérie pour s'emparer de ce territoire marocain après le retrait de l'Espagne qui était la puissance occupante. « Les autorités espagnoles se sont engagées dans une campagne tendant à justifier la position qu'elles ont adoptée sur le Sahara Occidental en violation de leurs obligations juridique, morale et politique de puissance administrante du territoire qui pèsent sur le Royaume d'Espagne jusqu'à ce que la décolonisation du Sahara Occidental soit déclarée accomplie par les Nations Unies », ont écrit les services du président algérien Abdelmadjid Tebboune, alors que la décolonisation du territoire a été actée avec le retrait de l'Espagne et le retour sur souveraineté marocaine comme avant. Il s'agit d'une réponse à la déclaration de Pedro Sanchez, le chef du gouvernement espagnol, qui précisait que la décision de se ranger du côté du Maroc était une décision de l'Etat espagnol, et pas seulement de son gouvernement. Cette déclaration a douché les espoirs de l'Algérie qui nourrissaient un maigre espoir d'un éventuel changement de position en cas de changement de gouvernement, d'où la décision de suspension « immédiate » du Traité d'amitié, de bon voisinage et de coopération qui la liait à l'Espagne depuis le 8 octobre 2002, et qui encadrait jusqu'ici le développement des relations entre les deux pays. En critiquant l'Espagne, le pays maghrébin a indiqué que les autorités espagnoles « assument la responsabilité d'un revirement injustifiable de leur position » concernant le Sahara et le « plein soutien à la formule illégale et illégitime de l'autonomie », poursuit l'Algérie en ajoutant des formules assassines démontrant sa colère et prouvant une fois de plus qu'il s'agit bien d'un conflit entre le Maroc et l'Algérie et seulement ces deux parties alors qu'Alger a annoncé son refus de prendre part aux tables rondes (e processus de pourparlers décidé par l'ONU) estimant n'être qu'un pays « observateur ». Alger a montré dans son expression, qui n'est pas la première dans le genre (l'Algérie avait déjà critiqué l'annonce en mars dernier, ndlr), qu'elle était véritablement la partie à blâmer dans l'affaire du Sahara, et cela depuis le début, tant elle empêche toute solution pragmatique, réalisable et pacifique d'avoir lieu, et prend en otage une population, les Sahraouis, mais surtout toute la région d'Afrique du nord qui a « peur » de froisser l'Algérie en reconnaissant une réalité historique, celle que le Sahara appartient au Maroc. Après avoir rompu ses relations diplomatiques avec le Maroc en août dernier suite à la reprise de relations diplomatique entre le royaume et Israël, l'Algérie vient d'annoncer une nouvelle étape dans son projet d'inimitié avec son voisinage immédiat en s'attaquant à l'Espagne. La dernière sortie médiatique du président algérien sur la démocratie en Tunisie, est également mal passée à Tunis, mais ce pays n'aura certainement pas la force de s'émanciper face à ses dettes grandissantes vis vis de sa « grande sœur » l'Algérie.