La décolonisation concerne Sebta et Mélilia et non pas nos provinces du sud comme l'Algérie et l'Espagne veulent le faire croire. Aux abois dans l'affaire du Sahara marocain, l'Algérie a appelé l'Espagne à la rescousse pour qu'elle prenne une position claire sur ce dossier. Madrid qui ne demandait que cela s'alignera sur Alger en faisant sien le principe d'autodétermination par voie référendaire. Les responsables du gouvernement de José Maria Aznar multiplieront des déclarations de presse dans ce sens. En fait, l'activisme madrilène n'a pas surpris le Royaume. Les officiels marocains savaient depuis longtemps que l'Espagne faisait dans la duplicité et jouait sur les deux tableaux. D'où la crise diplomatique qui mine les relations entre les deux pays, matérialisée par le rappel de l'ambassadeur marocain Abdesslam Baraka. Le fait que le voisin du nord se dévoile a au moins le mérite de la clarté. Maintenant, le Maroc sait à quoi s'en tenir. Alors qu'est ce qui sous-tend la position espagnole ? Cette position pro-Polisario est trop flagrante pour ne pas cacher des arrières-pensées. En se rangeant du côté algérien, l'Espagne veut détourner l'attention sur le contentieux majeur qui l'oppose au Maroc : Sebta et Mélilia, deux villes marocaines, sur un sol marocain et sous un ciel marocain que l'Espagne continue à occuper de force depuis plusieurs siècles. Un anachronisme historique et politique que Rabat ne peut plus supporter encore longtemps. Autrement dit, l'affaire de décolonisation se trouve au nord du Maroc et non pas dans ses provinces du sud comme l'Algérie et l'Espagne ont voulu le faire. Mais la réalité finit toujours par prendre le pas sur la duplicité. Cela dit, un autre dossier, qui éclaire d'un jour nouveau le rôle de l'Espagne, a fait concomitamment irruption dans l'actualité. Il s'agit de Gibraltar , qui est l'objet depuis quelque temps de négociations hispano-britanniques. Le chef du gouvernement espagnol vient de réaffirmer dans un entretien accordé au quotidien The Guardian que son pays n'abandonnera pas sa revendication historique de “pleine souveraineté“ sur le rocher. De son côté, le ministre espagnol des Affaires étrangères, Josep Piqué a estimé que les relations hispano-britanniques se détérioraient sérieusement Si Madrid et Londres ne parvenaient pas à un accord en été prochain. Le gouvernement local de Gibraltar ne l'entend pas de cette oreille, privilégiant l'autodétermination à toute solution de négociation. La démarche espagnole manque pour le moins de cohérence. Au moment où Madrid demande le retour de Gibraltar sous son giron, il soutient l'option référendaire pour le Sahara marocain. Pour ce qui est de Sebta et Mélilia, le Maroc ne demande rien d'autre que de recouvrer ses droits historiques sur ses deux présides.