L'Espagne est consciente que le jour où le dossier du Sahara sera définitivement réglé, elle sera obligée d'une manière ou d'une autre de rétrocéder au Maroc les présides de Sebta et Mélilia ainsi que les îles Zafarines. Une pure affaire de décolonisation. L'Espagne refuse toujours d'ouvrir un dialogue politique avec le Maroc au sujet des présides de Sebta et Mélilia. Pour Madrid, ces deux villes qu'il occupe depuis des siècles sont espagnoles et le resteront. Un anachronisme historique et géographique qui n'a plus lieu d'être. Situées dans le nord du Maroc, les deux enclaves en question font office pour l'Espagne de forteresses militaires. Une espèce de mirador à partir duquel elle surveille le Maroc qui n'a jamais cessé être aux yeux de Madrid une source potentielle de dangers multiformes : trafic de drogue, immigration clandestine, péril islamiste. Le gouvernement ibérique agite en permanence la muleta de “ce voisinage incertain“ pour justifier son occupation illégale de Sebta et Mélilia. De la pure propagande. Jouer à se faire peur pour ne pas rétrocéder ces territoires au Maroc. Une affaire qui relève de la décolonisation sur laquelle l'ONU est appelée à se pencher un jour . Sérieusement. Les Espagnols ne le savent que parfaitement. C'est ce jeu où la mauvaise foi le dispute à l'arrogance qui détermine en permanence la politique espagnole à l'égard du Maroc. C'est à la lumière de l'enjeu des deux présides qu'il convient aussi de lire la position pour le moins inamicale de Madrid à l'égard de l'affaire du Sahara marocain. Une position, alignée sur celle d'Alger, qui ressemble à du chantage. “ Tant que vous réclamerez Sebta et Mélilia, je vous enquiquinerai sur les provinces du sud“. C'est comme si le Maroc devait définitivement faire son choix : le parachèvement de son intégrité territoriale dans la zone nord ou dans la région sud. Pas les deux à la fois. Sebta et Mélilia, où les Marocains sont considérés comme des citoyens de seconde zone, sont deux centres défiscalisés qui vivent du commerce. Le phénomène de contrebande qui mine l'économie marocaine vient essentiellement de ces deux villes. Autrement dit, ce sont les nationaux qui maintiennent une prospérité économique qui profite avant tout aux caisses de Madrid. Et si les autorités marocaines créaient de véritables zones franches commerciales à Beni Ansar pour contrer les flux de Mélilia et une autre similaire à Tétouan pour contrecarrer la dynamique de Sebta ? Résultat : Les deux enclaves perdraient énormément de leur attrait. Ce serait l'asphyxie économique garantie. Toutefois, certains responsables marocains soutiennent que même en cas de succès de cette stratégie du contournement, l'Espagne ne se dégagerait pas de Sebta et Mélilia. Affaire trop complexe liée à l'histoire commune des deux pays. Que faut-il faire alors? Une chose est sûre : tant que le Maroc n'aura pas recouvré ses droits sur ses deux villes et sur les îles Zafarines, le partenariat maroco-espagnol ne serait que chimère.