La décolonisation de Sebta et Melillia est désormais un sujet de débat à l'ONU. La souveraineté marocaine sur les deux villes occupées et les îles adjacentes a été officiellement revendiquée par le Maroc. La revendication marocaine de Sebta, Melillia et des îles adjacentes a été l'objet d'une intense bataille diplomatique entre le Maroc et l'Espagne dans les coulisses des Nations Unies. Dans le discours qu'il a prononcé devant la 57e assemblée générale de l'ONU, le ministre des Affaires étrangères, Mohamed Benaïssa, a appelé à la décolonisation des deux enclaves et des îles marocaines occupées par l'Espagne. Considérant que cette revendication entre dans le cadre du parachèvement de l'intégrité territoriale du Royaume, le chef de la diplomatie marocaine a tenu à préciser que cette question "constitue une priorité absolue pour le Roi Mohammed VI et le peuple marocain ". "Dans cette perspective, le Maroc considère le statut des localités occupées de Sebta et Melillia et des îles voisines comme un cas anachronique d'un colonialisme qui n'a pas sa place au début du XXIe siècle. Le ministre a insisté sur la disponibilité du Royaume à dialoguer avec l'Espagne pour aboutir à une solution garantissant les droits de souveraineté légitime du Maroc sur les villes occupées et les îles avoisinantes. S'agissant de la communauté espagnole résidant dans les deux enclaves occupées, Benaïssa a précisé que le Maroc "était prêt à engager un dialogue qui garantisse les droits souverains du Maroc et les intérêts de la communauté espagnole dans ces régions". La réponse officielle de l'Espagne aux revendications marocaines a été marquée par un refus catégorique de toute négociation sur ce sujet. Ainsi, quelques heures après le discours prononcé par Benaïssa, le représentant permanent adjoint de l'Espagne devant les Nations Unies, Juan Luis Flores, a pris la parole dans un droit de réplique pour explorer la position espagnole. "Les citoyens de Ceuta (Sebta), Melillia et les îles et les rochers adjacents sont représentés au Parlement espagnol au même titre et dans les mêmes conditions que le reste de leurs compatriotes", a affirmé le représentant espagnol. "Ces citoyens jouissent des mêmes droits et libertés et bénéficient du même cadre juridique que le reste des Espagnols", a-t-il ajouté. Par ailleurs, la rencontre informelle entre les deux ministres des Affaires étrangères marocain et espagnol en marge de l'assemblée générale des Nations Unies n'a pas réussi à résoudre le différend qui persiste entre les deux parties sur l'ordre du jour de la rencontre du 23 septembre prochain. Le Maroc insiste sur la nécessité de considérer la question de la décolonisation comme un sujet prioritaire, alors que l'Espagne oppose une fin de non-recevoir à toute discussion sur ce dossier. Le ministre des Affaires étrangères espagnol, Ana Palacio, a réitéré la position de son gouvernement qui refuse de discuter de l'affaire de Sebta et Melillia avec son homologue marocain lors de la rencontre de Madrid. Dans une interview qu'elle a accordée à une chaîne de télévision espagnole, Palacio a exclu que ces discussions portent sur les enclaves. "Les cas des deux villes n'ont jamais été discutés dans aucun forum de décolonisation, par ce qu'elles n'ont jamais été des colonies. Ceuta et Melillia sont aussi espagnoles que Huesca (ville du nord de l'Espagne)", a-t-elle déclaré. Ce débat indirect entre le Maroc et l'Espagne se produit à un moment où l'Espagne s'apprête à devenir membre non permanent du Conseil de sécurité de l'ONU. Le vote pour la rénovation de ce conseil aura lieu dans deux semaines et permettrait, en toute probabilité, à l'Espagne d'y accéder. La présence pendant deux années (2003-2004) au sein de cette instance internationale risque d'être utilisée par Madrid comme une carte de pression lors des débats avec le Maroc. Il est à rappeler que le Conseil de sécurité se penchera sur l'affaire du Sahara fin janvier prochain, date de l'expiration du mandat de la MINURSO.