Durant la crise maroco-espagnole, l'Algérie a, par le biais de la presse aux ordres, fait montre d'une posture curieuse, laissant transparaître une forte inimitié à l'égard du Royaume, mais aussi une immaturité certaine. L'Algérie «récuse toute politique de fait accompli ou de violation de la légalité internationale» à propos de la crise entre le Maroc et l'Espagne concernant l'îlot Perejil/Leila. C'est en ces termes que le ministre algérien chargé des affaires maghrébines et africaines, Abdelkader Messahel, a donné le «la» mardi dernier. «C'est ce principe que l'Algérie défend à l'échelle du continent africain, s'agissant de la question du Sahara occidental ou des conflits nés du non respect des frontières héritées aux indépendances», a-t-il précisé, cité par l'agence officielle APS. Ensuite, c'est au quotidien «El Watan» de prendre le relais. Celui-ci estime que «c 'est à un conflit inédit, tenant à la fois du politico-diplomatique et d'un problème de décolonisation qu'aucune des deux parties ne veut ni ne tient à aborder sous cette qualification, que l'on assiste entre l'Espagne et le Maroc, depuis le 11 juillet dernier». «(…) Premier ministre et chef de la diplomatie, à l'unisson, crient à la persécution et se réfugient dans ce qu'on pourrait appeler le syndrome de l'assiégé», poursuit-il, ajoutant qu' «à les croire, décidément, le Maroc aurait trop d'ennemis à la fois et souffrirait d'un voisinage belliqueux : l'Espagne au Nord, l'Algérie à l'Est et les Sahraouis au Sud, sans parler de la Mauritanie qu'il aurait phagocytée sans la France de De Gaulle». Et de blâmer les Marocains qui «auraient été parfaitement dans leur droit de saisir de ce problème de décolonisation les instances internationales, notamment la plus indiquée d'entre elles, l'ONU, pour l'application de la fameuse résolution 15-14 sur l'autodétermination des peuples sous domination coloniale». «S'ils ne l'ont pas fait, ajoute-t-il savamment, c'est tout simplement parce qu'ils mettent en balance et marchandent leur propre intégrité territoriale pour tenter d'infléchir la position espagnole de soutien au plan de règlement international du conflit du Sahara-Occidental». Non content de cette brillante démonstration, le journal revient à la charge dans un autre éditorial dans lequel il parle en termes peu élogieux de l'attitude de Rabat face à Madrid. «Rabat évite soigneusement de faire référence et encore moins d'englober dans la même démarche le cas de ses autres territoires sous occupation espagnole, notamment Ceuta et Melilla», écrit-il qualifiant la réaction marocaine de «timorée et presque honteuse de l'agressé qui ne veut pas trop charger son agresseur, préférant ménager sa susceptibilité pour un «deal» à négocier». Et de citer l'ambassadeur espagnol à Rabat qui «voit dans toute la gesticulation marocaine un désir de mettre fin à la présence de l'Espagne dans le nord de l'Afrique». Pour sa part, le quotidien d'Oran est encore plus explicite. «Sur fond de «précédent de la Marche Verte», écrit-il, Alger a en effet exprimé, par la voix de M.Messahel, son refus de «la politique du fait accompli ou de violation de la légalité internationale». «En clair, poursuit-il, l'Algérie se refuse à accepter, au niveau de l'îlot Leïla/Perejil, le précédent qu'elle avait déjà rejeté au Sahara Occidental». «Surtout que, dans l'aire occidentale, l'Espagne, ancienne autorité coloniale dont les responsabilités sont lourdes dans le dossier du Sahara, est pratiquement la seule à défendre encore le principe du référendum d'autodétermination des Sahraouis». L'amalgame est vite fait. Mais il explique bien des choses… Car c'est là où «on» voulait en arriver. Et d'ajouter que «sans surprise, les Marocains n'apprécient guère le discours qui vient d'Alger», soulignant que l' «on peut, d'ores et déjà, tirer un trait sur l'idée d'une relance des consultations pour la tenue du sommet de l'Union du Maghreb arabe, annoncées pour dans deux ou trois mois par Abdelaziz Belkhadem, le ministre algérien des affaires étrangères». Sans commentaires.