L'Algérie, a menacé mercredi, de rompre le contrat de fourniture de gaz à l'Espagne si cette dernière venait à l'acheminer « vers une destination tierce », en faisant référence, sans le nommer, au Maroc. Ce nouveau revirement de situation intervient alors que le président algérien, Abdelmadjid Tebboune, a été ridiculisé par Madrid suite à son ingérence dans les affaires intérieures du pays ibérique. Le président algérien, Abdelmadjid Tebboune avait assuré samedi soir, dans une interview, que l'Algérie n'allait pas interrompre ses livraisons de gaz à l'Espagne malgré sa « colère » au sujet de la position de Madrid sur le Sahara qui a soutenu le plan d'autonomie marocain en le considérant comme la solution la plus sérieuse, crédible et capable d'instaurer une paix durable dans la région. L'Algérie « ne renoncera pas à son engagement d'approvisionner l'Espagne en gaz, quelles que soient les circonstances », a-t-il assuré. Mais comme à son habitude, le pays a rapidement changé de bord et d'avis sur la question. Mercredi, le ministère algérien de l'Energie a menacé de rompre le contrat de fourniture de gaz à l'Espagne (après avoir rompu le contrat avec le Maroc) si cette dernière venait à l'acheminer « vers une destination tierce ». Selon un communiqué du ministère Algérien de l'Energie et des mines, le ministre Mohamed Arkab a été informé « ce jour (mercredi) (...) par son homologue espagnole, Mme Teresa Ribera, de la décision de l'Espagne d'autoriser le fonctionnement, en flux inverse, du Gazoduc Maghreb Europe » et que « cette opération interviendra ce jour ou demain ». En effet, l'Espagne et le Maroc ont décidé de réutiliser le gazoduc GME qui servait à envoyer du gaz algérien en Espagne à travers le Maroc, dans le sens inverse depuis que l'Algérie a décidé unilatéralement de ne plus . Madrid et Rabat n'ont pas caché leur intention et Alger le savait déjà aussi puisqu'il y a eu plusieurs communications à ce sujet de la part de l'Algérie qui a insisté auprès de l'Espagne (au plus haut niveau de l'Etat) à ce que son gaz ne soit pas revendu au Maroc quel qu'en soit le prix. D'ailleurs, Amar Belani, l'Envoyé du dossier du Sahara en Algérie, avait commenté cette option alors qu'elle n'était qu'au stade d'éventualité et avait juré que « pas une molécule de gaz » algérien n'allait être reçu au Maroc. Pourtant, lorsque le Maroc a annoncé son intention d'entrer officiellement et pour la première fois dans le marché international du GNL, le gaz liquéfié, il a été clairement indiqué qu'il n'achèterait pas de gaz algérien, et que ses achats seront faits sur le marché international. L'accord qui lie le Maroc et l'Espagne, concerne une regazéification du GNL acheté par le Maroc sur le territoire espagnol, puis son renvoi via le sens inverse du GME vers le Maroc. Tout acheminement de « quantités de gaz naturel Algérien livrées à l'Espagne, dont la destination n'est autre que celle prévue dans les contrats, sera considéré comme un manquement aux engagements contractuels, et par conséquent, pourrait aboutir à la rupture du contrat liant la Sonatrach à ses clients espagnols », a averti le ministère algérien pour menacer l'Espagne. Si l'Algérie persiste à menacer l'Espagne, ce n'est pas à cause de ses accusations infondées d'un possible renvoi du gaz algérien vers le Maroc, étant donné que les autorités des deux pays concernés ont clairement expliqué que leur accord ne concernerait pas le gaz algérien. En réalité, cette réaction de colère et de menace de l'Algérie revient à la « gifle » que l'Espagne a infligée au président algérien, Abdelmadjid Tebboune qui s'est permis de s'ingérer dans les affaires intérieures du pays ibérique. Il ne s'agit que d'une réaction d'égo présidentiel mal placé. Le chef d'Etat algérien s'était laissé à commenter à son aise, et critiquer vertement la décision de l'Espagne d'appuyer la solution au différend autour du Sahara, proposée par le Maroc. Le chef de la diplomatie espagnole, avait répondu qu'il s'agissait d'une décisions « souveraine » de l'Espagne et qu'il ne retenait de tout ce que Tebboune a dit, seulement l'assurance de la livraison de gaz. En outre, le responsable espagnol a encore ajouté que cette décision était parfaitement en accord avec « le droit international », infligeant une déconvenue au président algérien qui avait dénoncé une décision contraire au droit international et avait appelé l'Espagne à « revoir » sa position. La réaction du ministre espagnol des Affaires Etrangères, Juan Manuel Albares, a provoqué un raz de marrée en Algérie qui ne s'attendait pas à une telle réaction. En effet, le président algérien a pour habitude de s'attaquer au Maroc et de s'ingérer dans ses affaires intérieures, notamment le dossier du Sahara, mais il n'a pas l'habitude de recevoir de réponse à ses provocations. Alger a aussitôt réagi à la déclaration de M. Albares en dénonçant des propos « désobligeants, offensants et inacceptables (qui) ne contribueront certainement pas à un retour rapide à la normale dans les relations bilatérales », selon les déclarations d'Amar Belani. L'Espagne qui a compris que l'Algérie cherchait l'escalade et voulait un motif pour provoquer une crise et rompre le contrat sur le gaz, n'a pas souhaité jouer le jeu d'Alger. Mercredi, le ministre a indiqué devant le Parlement ibérique son engagement envers l'Algérie et le gouvernement algérien et réitérer la volonté de l'Espagne « d'avoir les meilleures relations avec eux » et d'ajouter « que cela n'est pas incompatible avec le fait d'avoir de bonnes relations avec le Maroc ».