La coopération gazière entre Rabat et Madrid se précise. Après l'annonce du 2 février, les deux pays vont conclure un accord devant permettre à Rabat de regazéifier du GNL en Espagne. Quelques détails séparent Rabat et Madrid de la conclusion d'un accord pour le transfert de gaz, acheté par le Maroc sur le marché international, via le gazoduc Maghreb-Europe, en rade depuis le 31 octobre. «En toute transparence, le Maroc pourra acquérir du GNL (gaz naturel liquéfié) sur les marchés internationaux, le décharger dans l'une des usines de regazéification en Espagne et utiliser le gazoduc maghrébin pour le transfert du produit vers son territoire», expliquent des sources officielles ibériques au quotidien La Razon. «L'acheminement du gaz de l'Espagne vers le Maroc nécessite une adaptation technique mineure. Par ailleurs, un accord entre Enagas (la société chargée du maintien et du développement des infrastructures gazières en Espagne, ndlr) et son homologue marocain est nécessaire pour établir les règles d'exploitation technique du gazoduc», ajoutent-elles. Des discussions initiées bien avant la décision de Tebboune de fermer le GME Pour rappel, le ministère espagnol de la Transition écologique a confirmé, le mercredi 2 février, avoir répondu «positivement» à la demande du Maroc «de le soutenir à garantir sa sécurité énergétique sur la base des relations commerciales, comme cela devrait être fait avec tout autre partenaire ou voisin». Une annonce qui a suscité, selon des médias à Madrid, la colère des responsables algériens. Dans son édition du 6 mars, El Mundo a révélé que le ministre algérien de l'Energie, Mohamed Akrab a mis en garde, le 26 février lors d'un entretien téléphonique avec la 3e vice-présidente du gouvernement et ministre de la Transition écologique, Tereza Ribera, contre tout approvisionnement du Maroc par des quantités de gaz algérien via le pipeline Maghreb-Europe. Quelques heures après la publication de ses révélations, Pedro Sanchez a téléphoné au président algérien, Abdelmadjid Tebboune, pour lui exprimer officiellement «ses remerciements à l'Algérie, en tant que partenaire fiable dans le domaine de l'énergie, affirmant sa volonté d'œuvrer au développement et au renforcement du partenariat existant entre les deux pays», a souligné la présidence algérienne dans un communiqué. Il est lieu de préciser que deux semaines avant la décision du président algérien de ne pas renouveler le contrat du gazoduc GME, qui passe via le Maroc, un haut responsable marocain, ayant requis l'anonymat, avait confié à l'agence Reuters que Rabat est en discussion avec Madrid sur la possibilité d'inverser le flux du gazoduc GME. «Pour le Maroc, l'oléoduc est davantage un outil de coopération régionale et nous ne le laisserons pas rouiller», avait-il ajouté, précisant que le GNL acheté par le Maroc «ne fera pas concurrence à l'approvisionnement en gaz espagnol» et qu'il «s'agira d'un achat supplémentaire commandé par le Maroc qui paiera le coût du transit par les terminaux espagnols». L'Espagne compte six installations de regazéification du GNL. Un atout que Madrid ne compte pas mettre uniquement au service de Rabat mais aussi au profit d'autres pays de l'Union européenne, dans le contexte de la guerre en Ukraine.