L'Algérie, premier fournisseur de gaz naturel de l'Espagne a mis fin au contrat d'utilisation du gazoduc Gaz Maghreb Europe (GME). Depuis, les livraisons vers l'Espagne se sont perturbées. Cet hiver sera rude pour le système électrique espagnol, surtout que la période de grand froid se précise. L'Espagne aura-t-elle assez de gaz pour se chauffer cet hiver et à quel prix ? La question agite les autorités espagnoles, lancées dans une intense course contre la montre pour assurer l'approvisionnement depuis la fermeture d'un important pipeline reliant l'Algérie à la péninsule ibérique par le Maroc et les coupures de gaz algérien signalées récemment. Le gouvernement espagnol, sans approche préventive, est désarmé. La ministre espagnole de la Transition écologique chargée de l'Energie Teresa Ribera et le ministre algérien de l'Energie et des Mines Mohamed Arkab avaient annoncé que les livraisons de gaz algérien vers l'Espagne allaient être assurées via le gazoduc Medgaz et les complexes de conversion en gaz naturel liquéfié. Mais depuis quelques jours, la presse espagnole parle «des baisses de débit de gaz et des restrictions d'entrée par le tube Medgaz, le seul grand qui reste ouvert pour l'Espagne. Un panorama pas très optimiste qui renverse les prétendues garanties de Pedro Sánchez qu'il n'y a aucun risque de coupures». L'Espagne vient de subir 54 heures de restriction dans l'approvisionnement en gaz de l'Algérie via le gazoduc Medgaz, qui relie le sol algérien et espagnol via Almeria alors que en août, lors d'une rencontre avec l'ambassadeur d'Espagne, le ministre algérien de l'Energie et des Mines Mohamed Arkab a affirmé «l'engagement total de l'Algérie à couvrir l'ensemble des approvisionnements de l'Espagne en gaz naturel à travers le Medgaz» qui relie directement les deux pays, selon un communiqué du ministère rapporté par APS. Le ministre a souligné dans ce contexte «le récent projet d'extension de la capacité du gazoduc Medgaz» et rappelé selon APS «les efforts déployés par l'Algérie pour garantir la sécurité des approvisionnements en gaz naturel du marché espagnol». Des mots seulement, alors que le non-maintien du gazoduc Maghreb-Europe était le scénario catastrophe pour Madrid. «Le rapport quotidien d'Enagás sur l'évolution du stock pour le 24 novembre a confirmé une période de 13 heures pendant laquelle le gaz est resté au minimum dans le système de distribution dans un contexte marqué par une forte demande en gaz provoquée par l'arrivée du froid et l'utilisation accrue du chauffage», note Okdiario. ces coupures coexistent «avec la flambée des prix du gaz naturel et une faible production d'énergie verte, marquant des augmentations de l'utilisation du gaz pour produire de l'électricité jusqu'à 76,9 %. Un contexte délicat où l'Espagne ne dispose pas du gazoduc maghrébin GME, fermé par l'Algérie», note la même source. «Les garanties de Pedro Sánchez en déclarant que le gaz était garanti étaient plus politiques que techniques», a-t-on précisé. «Malgré cela, le gouvernement espagnol continue de nier la situation et affirme que le flux de gaz naturel est pleinement assuré, malgré les chiffres d'Enagás et les données officielles sur l'évolution de la demande, qui nient cette affirmation. La demande de pointe à l'hiver 2020-2021 était de 1 621 GWh/jour. La demande de pointe prévue pour la nouvelle saison froide 2021-2022 grimpera dans une fourchette comprise entre 1 980 et 2035 GWh / jour, comme en témoigne le rapport Enagás Winter Outlook préparé pour l'hiver», a-t-on noté. Le gazoduc GME, qui convoyait près de 11 milliards de m3 par an, était l'une des principales sources d'approvisionnement du pays, très dépendant de ses importations énergétiques en dépit de son positionnement de pointe dans le secteur solaire et éolien. Pour compenser la fin du GME, Alger a prévu de développer Medgaz, un pipeline de 750 km géré en partenariat avec le groupe espagnol Naturgy, reliant directement l'Algérie à l'Espagne et d'une capacité de 8 milliards de m3 par an, voire 10,5 milliards de m3 par an après travaux. L'Algérie prévoit également, en complément, des livraisons sous forme de gaz naturel liquéfié (GNL) acheminé par voie maritime depuis ses quatre usines de transformation. Pour le moment, Madrid trinque, durement.