Les livraisons de gaz algérien à l'Espagne se feront désormais exclusivement via le gazoduc sous-marin Medgaz après la décision d'Alger, ce dimanche 31 octobre, d'abandonner le pipeline utilisé actuellement et qui transite par le Maroc, a indiqué la présidence algérien. «Au Maroc, c'est peu de dire que la nouvelle a été prise avec dédain. Les autorités du nouveau gouvernement sont même en pourparlers avec l'Espagne pour qu'elle leur renvoie par le même gazoduc inutilisé par l'Algérie ce qui contribue à sa consommation» avait écrit Le Journal du dimanche, l'hebdomadaire français d'actualité, dans sa nouvelle livraison. Comble d'ironie, un ancien haut responsable algérien avait déclaré que «Le ministre algérien des affaires étrangères [Ramtane Lamamra] a dit qu'il s'agissait d'un problème commercial. Il n'a pas voulu, à son niveau, politiser la vente du gaz naturel algérien que ce soit aux Espagnols, aux Marocains ou autres», Or, le communiqué de l'agence de presse algérienne évoque des raisons purement politiques derrière la fin du GME. Fin août déjà , l'Algérie a affirmé que l'ensemble des approvisionnements de l'Espagne en gaz naturel algérien seraient désormais assurés via son gazoduc reliant directement les deux pays, sans passer par le Maroc. Rabat, avant que l'Algérie ne décide de «revoir» puis de rompre complètement ses relations avec le Maroc, s'était dit favorable au maintien du gazoduc Maghreb-Europe, dont le contrat expire aujourd'hui à minuit. «C'est notre volonté, telle que nous l'avons exprimée verbalement et par écrit, publiquement et dans les discussions privées, toujours avec la même clarté et la même constance», a indiqué, le 19 août, Amina Benkhadra, directrice générale de l'Office marocain des hydrocarbures et des mines. Depuis 1996, l'Algérie expédie vers l'Espagne et le Portugal environ 10 milliards de mètres cubes de gaz naturel par an via le GME (Gaz Maghreb Europe), un gazoduc traversant le Maroc, mais Alger, évoquant des prétextes fallacieux, a décidé de ne pas reconduire ce contrat sur fond de surenchère diplomatique du pouvoir d'Abdelmadjid Tebboune depuis l'automne 2021. Un autre pipeline, le gazoduc sous-marin Medgaz, achemine aussi depuis 2011 du gaz algérien jusqu'à l'Espagne mais il opère déjà au maximum de sa capacité de 8 milliards de m3 par an, soit la moitié des exportations algériennes annuelles vers ce pays et le Portugal. La poursuite des livraisons à l'Espagne ont été au centre de discussions cette semaine à Alger entre la ministre espagnole de la Transition écologique Teresa Ribera, chargée de l'Energie, et le ministre algérien de l'Energie et des Mines, Mohamed Arkab. «L'Algérie, à travers la compagnie Sonatrach, honorera ses engagements avec l'Espagne, relatifs à l'approvisionnement en gaz naturel et elle est prête à discuter des conditions de livraisons gazières supplémentaires», a déclaré Mohamed Arkab, cité par l'agence officielle APS. Mais les observateurs, sceptiques, affirment que le choix d'expédier plus de gaz naturel liquéfié par voie maritime, n'a pas de sens sur le plan économique.