Les relations entre le Maroc et l'Allemagne resteront dans une crise tant que des réponses aux agissements sournois de Berlin n'auront pas été données. A l'origine de la crise, une série de soutiens, de positions, et des ingérences, que le Maroc a décelé. La partie allemande, elle, joue la carte de l'étonnement. Décryptage. Entre Rabat et Belin, les relations sont devenues exécrables ces derniers mois, « pratiquement plus de communication » entre les deux capitales depuis que le Maroc a décidé le 1er mars de mettre le holà à des pratiques douteuses de la partie allemande. Rabat a avancé des « malentendus profonds » avec Berlin, causés par la succession d'actions subversives émanant de Berlin touchant surtout au dossier du Sahara, une cause nationale pour le Maroc qui entend recouvrir sa souveraineté sur ce territoire trop longtemps occupé par l'Espagne, puis manipulé par l'Algérie pour en détourner la vocation. Mais il n'y a pas que ce sujet là qui fâche, puisque l'Allemagne protège un terroriste germano-marocain appelant à commettre des attentats suicides et le laisse vivre dans la liberté totale. L'Allemagne a également exclut le Maroc de la Conférence de Berlin en janvier 2020 au profit de l'Algérie, en cherchant à saper tous les efforts du Maroc dans la résolution du conflit en Libye, sans autant expliquer les raisons de l'invitation de l'Algérie, pays isolé et inactif dans ce dossier. Même si elle ne l'avoue pas, mais cette invitation de l'Algérie à ce moment là, permettait de relancer la diplomatie algérienne qui était en situation de coma depuis plusieurs années, et devait aider à donner une meilleure image du pays gouverné par un nouveau président, Abdelmadjid Tebboune, arrivé au pouvoir contre l'avis du peuple, et dans un contexte de rejet du pouvoir militaire par le Hirak. C'est aussi l'Allemagne qui s'est ingérée dans le dossier du Sahara en convoquant une réunion d'urgence du Conseil de sécurité à la suite de la reconnaissance des Etats-Unis de la souveraineté du Maroc sur le Sahara, prenant officiellement parti des milices du polisario. Cette prise de parti s'est également manifestée lorsque le drapeau de ces milices terroristes, autoproclamées en Etat, a été hissé devant le Parlement régional allemand de Brême début 2021. #OnThisDay vor 45 Jahren wurde die Demokratische Arabische Republik Sahara (DARS) ausgerufen. Doch bis heute beansprucht Marokko das Gebiet, die Menschen leben als Flüchtlinge in Lagern. Daran erinnert heute die Bremische Bürgerschaft. #WestSahara #Bremen #FlaggeZeigen pic.twitter.com/vb0qKCiti7 — Bremische Bürgerschaft (@HBBuergerschaft) February 27, 2021 « Le Maroc a mis fin aux relations normales entre les Etats » a déploré le vice-ministre aux Affaires étrangères allemand, Niels Annen, dans un entretien à TagesZeitung, où l'essentiel de l'interview tournait autour de l'Algérie, de la Tunisie et de la Libye, mais qui a mis comme photo de couverture les réfugiés sahraouis à Tindouf en Algérie. « Il n'y a pratiquement plus de communication et l'ambassadeur d'Allemagne proposé attend depuis cinq mois l'agrément des autorités marocaines. C'est une approche inhabituelle entre des pays amis », a-t-il encore réagi en jouant la carte de l'étonnement. Et d'avancer sur un terrain glissant, en estimant que le Maroc s'attend à ce que l'Allemagne change sa position traditionnelle sur le conflit du Sahara. « Tous les gouvernements fédéraux précédents partagent l'avis juridique des Nations unies selon lequel le statut du Sahara occidental n'a pas encore été clarifié. Le statut final de ce territoire fait l'objet d'un processus de négociation sous la direction de l'ONU », a-t-il affirmé. Mais si le diplomate s'est caché sur une certaine position de neutralité en évoquant les dispositions de l'ONU, ses déclarations montrent le contraire. Le Maroc s'attend à ce que l'Allemagne « reconnaisse que cette zone annexée fait partie du Maroc », a-t-il dit. Pourtant, il ne s'agit pas d'une « annexion » d'un territoire tiers, mais un territoire faisant partie intégrante du Maroc, qui a été colonisé, par l'Espagne lors d'un partage avec la France, où le Maroc a été scindé en deux. L'utilisation de cette terminologie par le numéro 2 de la diplomatie allemande vient encore prouver une partialité de l'Allemagne dans ce dossier. En outre, ses déclarations mielleuses envers l'Algérie expliquent certainement cette position favorable à la thèse séparatiste fabriquée par Alger. « J'ai d'abord voyagé en Algérie, un partenaire important de l'Allemagne dans la région et le plus grand pays d'Afrique. (…) J'étais là aussi parce qu'ils sont très impliqués dans la région du Sahel, où l'Allemagne est maintenant très impliquée », a-t-il déclaré, ajoutant qu'il existe un partenariat énergétique entre Berlin et Alger. Et de reconnaitre les nombreux dysfonctionnements de l'Algérie. « Si vous regardez les structures étatiques et l'état de l'économie, en particulier le climat d'investissement difficile, l'Algérie est un pays avec de nombreuses inconnues. Il y a eu un fort mouvement de protestation », a-t-il affirmé. « Le pays vit beaucoup de la vente de combustibles fossiles. J'ai essayé d'expliquer quels changements dans la direction d'une économie sans CO2 en Allemagne et dans toute l'Europe sont à l'ordre du jour. Cela aura des changements dramatiques pour les revenus du gaz et du pétrole », a ajouté Niels Annen. Et pour palier à ces problèmes endémiques en Algérie et pour mettre en avant ses relations avec la Tunisie, l'Allemagne n'a pas hésité à tenter de s'attaquer aux intérêts du Maroc avec l'Union européenne. « Pour nous, la Tunisie joue un rôle exceptionnel, la coopération économique et culturelle est plus étroite que partout ailleurs dans la région, tout comme la relation avec la société civile », a-t-il fait valoir concernant la Tunisie. Ce qui explique sans doute l'étude allemande du Think thank SWP, qui recommandait à l'Union européenne de ne plus soutenir le Maroc, de stopper son développement, pour permettre l'émergence de l'Algérie et de la Tunisie. Un Think thank financé par des fonds publics allemands, provenant directement du gouvernement, estimés à presque 16 millions d'euros, dont ceux du ministère des Affaires Etrangères. Ce rapport allemand, qui porte vraisemblablement la voix du gouvernement allemand, appelait à étouffer le développement du Maroc pour faire profiter l'Algérie et la Tunisie, deux pays avec lesquels l'Allemagne a de meilleures relations, à en croire les déclarations du numéro 2 de la diplomatie allemande. « La politique sub-saharienne du Maroc a exacerbé les tensions avec l'Algérie et éveillé les ambitions en Tunisie », avait noté l'étude. « Alger en tant que bailleur de fonds et acteur sécuritaire de l'Union africaine (UA) et protecteur du mouvement indépendantiste du Sahara occidental, cherche à contrecarrer les avancées de Rabat », ajoute le document. « L'ascension du Maroc sur le continent pourrait être qualifiée de presque traumatisante pour l'Algérie », d'où la nécessité de contrecarrer le Maroc, selon cette étude, qui ne recommande pas plutôt de stopper les actions déstabilisatrices de l'Algérie envers le Maroc, et de voir en face la cause du problème de l'intégration de la région, à savoir la politique algérienne qui a créé et finance un mouvement séparatiste armé menaçant un pays voisin, le Maroc, mettant la Tunisie dans une position délicate. « L'union européenne doit considérer ces tendances comme une opportunité », cela faisant relativisant « les ambitions hégémoniques du Maroc », note le document. Avec cette étude, l'Allemagne cherchait à faire de ses intérêts économiques et stratégiques nationaux, une nouvelle politique européenne, en plus de nuire ouvertement un Etat jugé comme « ami ». De toute évidence, le Maroc n'allait pas accepter qu'on nuise à ses intérêts en usant de manipulations des 27, et encore moins que l'Allemagne, compte tenu de la haine de l'Algérie envers le Maroc, soigne ses relations avec l'Algérie sur son dos. Le Roi Mohammed VI n'avait pas manqué de relever ces manœuvres allemandes contre le Maroc. « Plutôt que d'appuyer les efforts du Maroc dans le cadre d'un équilibre souhaité entre les pays de la région, des rapports ont franchi toutes les limites de l'acceptable, allant jusqu'à recommander que soit freinée la dynamique de développement de notre pays, au motif captieux qu'elle crée une dissymétrie entre les Etats maghrébins », a-t-il déclaré en août.