Pour les besoins d'une interview « fleuve » réalisée au profit du magazine français, "Le Point" en l'occurrence et face à ses deux journalistes, Adlène Meddi et Kamel Daoud, Abdelmadjid Tebboune le président mal élu d'Algérie, s'est exprimé sur divers sujets d'actualité nationale et internationale, comme le Hirak, les législatives, les frontières, Bouteflika, la France... et évidemment le Maroc qui lui reste et restera à tout jamais à travers sa gorge jusqu'à sa fin. En bon gardien du temple et serviteur de ses maîtres en kaki, Tebboune qui ne s'est pas tari de « belles paroles » très peu crédibles au demeurant, dira du Hirak et sur fond de toile de la vague d'arrestations des manifestants actuels, « Lorsque les marches, après la présidentielle, rassemblaient encore de 20 000 à 25 000 manifestants à travers le pays, j'ai été le premier à tendre la main aux gens du Hirak et à les recevoir». Apparemment Tebboune doit avoir un problème avec les chiffres. Il parle de 25 000 marcheurs pacifiques tous les vendredis alors que l'armée algérienne (ANP) mobilise depuis plus de deux ans dans des centaines de milliers de policiers et gendarmes pour tenter de les arrêter sans y parvenir du reste. C'est au bas mot, un manifestant pour quatre membres des forces de l'ordre. Il a rappelé qu'« ensuite, on a commencé à libérer des détenus pour arriver à 120 relaxés ». La prouesse ! Dans les geôles de Tebboune, ils sont quelques centaines de détenus politiques (hommes et femmes) dont des « relaxés » qui s'en sont retournés à la case prison. Et pour justifier le fait de mettre fin au Hirak, il dira, « le manifestant et le policier qui maintient l'ordre public sont les enfants de la même République. Je n'ai pas le droit de les laisser s'affronter. D'autant plus que les appels à la violence étaient clairs. Tant qu'on était au stade des idées, il n'y avait pas de problème, mais les appels à la violence, c'est autre chose ». Il a souligné qu'« aujourd'hui, dans ce qui reste du Hirak, on trouve de tout, il y en a qui crient « Etat islamique ! » et d'autres qui scandent « pas d'islam ! », omettant volontairement au passage le slogan vedette « Etat civil et non militaire ». Et puisqu'on y est, il dira de Chengriha & co, « Le poids de l'armée est une réalité positive. Si nous n'avions pas une armée aussi moderne et aussi professionnelle, la situation en Algérie serait pire qu'en Libye ou en Syrie. Je rappelle que l'armée s'est retirée de la politique depuis la fin des années 1980. L'époque où des officiers de l'armée siégeaient au comité central du FLN (ex-parti unique) est terminée. L'armée ne fait plus de politique ». Effectivement elle ne fait pas la politique, elle la dicte à des pantins comme lui, l'ANP ne se salit pas. Lui qui se dit solidaire de ces deux Etats "frères" l'éloge a dû être bien reçu. Et du coup de s'en adonner à ce Maroc qui le tient éveillé, à le hanter. Le président mal élu de la République d'Algérie a affirmé que le « Maroc a toujours été l'agresseur ». « Nous n'agresserons jamais notre voisin. Nous riposterons si nous sommes attaqués. Mais je doute que le Maroc s'y essaie, les rapports de force étant ce qu'ils sont ». Si les comptes sont bons, le bonhomme était de la partie lors de la guerre des sables de 1963, et des deux batailles d'Amgala, l'histoire est là pour dire qui est l'agresseur. Tebboune joue là, à l'arroseur arrosé. Et le bonhomme d'écarter l'ouverture des frontières avec « un vis-à-vis qui vous agresse quotidiennement ». C'est qu'il en sait des choses le vilain ! D'ailleurs, il en sait tant que dans son ton guerrier il se trahit lui-même en évoquant les rapports de force. Et si le raïss au nom imprononçable et Chengriha investissent dans la lourdeur classique en engloutissant 15% du PIB du peuple algérien, le Maroc s'oriente lui vers le judicieux et le sophistiqué et gare l'agresseur. D'ailleurs, ses milices qui caracolent à un communiqué de guerre imaginaire par jour en savent des choses de l'investissement marocain dès lors qu'ils transgressent les limites. Toujours est-il qu'il y a longtemps que le Royaume a fait le choix de la paix, des relations de bon voisinage et s'est ouvert au développement et au progrès. Bref, le bonhomme complètement en déphasage et bien en retard sur certaines réalités géopolitiques, sans doute conséquents aux séquelles de sa maladie ne sait plus à quel saint se vouer. À preuve cette réplique au sujet du journaliste Rabah Kareche en détention à la prison de Tamanrasset, bien que la Constitution interdise l'emprisonnement des journalistes, le chef de l'Etat assume en toute responsabilité cette violation en déclarant sans détailler ni rien du tout : « Il a joué à tort au pyromane sur un sujet très sensible. Très grave ». Pour ce qui est des législatives, Abdelmadjid Tebboune a expliqué que seule, une minorité s'oppose vraiment aux élections législatives anticipées dont le scrutin est prévu le 12 juin prochain. « Ce que j'observe à travers tout le pays ne dit pas que les Algériens, dans leur majorité, sont opposés aux élections législatives ». Venant d'un président élu à 58% d'un total de nombre de voix de 16,6 %, d'une élection présidentielle caractérisée par une abstention historique, on peut faire confiance au bonhomme. Pour ce dernier, la définition de l'islamisme en tant qu'idéologie, celle qui a tenté de s'imposer au début des années 1990 en Algérie, n'existera plus jamais. « Maintenant, l'islam politique a-t-il bloqué le développement de pays comme la Turquie, la Tunisie, l'Egypte ? Non. Cet islam politique là ne me gêne pas, parce qu'il n'est pas au-dessus des lois de la République, qui s'appliqueront à la lettre ». En attendant, le raïss a déclaré le Rachad (mouvement d'opposition en exil formé (des ex-FIS)) et le MAK (Mouvement pour l'autodétermination de la Kabylie) mouvements terroristes. Ça promet !