Le président algérien Abdelmadjid Tebboune chef suprême des Forces armées (ANP) et de surcroit ministre de la Défense nationale très certainement pour avoir été mal conseillé auparavant, a nommé le général Benattou Boumediene comme nouveau conseiller en charge des questions de sécurité et de défense, indique un communiqué laconique de la présidence de la République publié ce mercredi 17 mars et aussitôt relayé par la voix de son maître l'APS puis évidemment repris de concert par la presse à la solde du pouvoir en Algérie. Boumedienne Benattou, qui occupait le poste de contrôleur général de l'armée jusqu'à août 2018, remplace donc à ce poste de conseiller du président, le général-major à la retraite Abdelaziz Medjahed, qui avait rejoint la présidence de la République en tant que conseiller du chef de l'Etat en charge des questions militaires et de sécurité, avant d'être écarté, pour être nommé à la tête de l'Institut national d'études de stratégie globale (INESG) en septembre dernier. On assiste depuis l'avènement aux plus hautes sphères en Algérie d'un certain Abdelmadjid Tebboune, à un énorme lessivage dans l'appareil militaro-sécuritaire. Alors que l'on occupe l'opinion algérienne et les médias avec Dame Covid, une série de changements frappe l'appareil politico-militaire. C'est que dans ces hauteurs, les mauvaises habitudes ont décidément la vie dure. Jugeons-en ! Voulus par le président mal élu, ces changements sont parfois difficiles à déchiffrer surtout dans le contexte d'un Hirak qui va en crescendo. Hier c'était le patron de la DGSN qui sautait, aujourd'hui c'est un conseiller à la présidence qui est nommé, « a moula nouba », on ne sait qui sera le prochain sur le calepin de Tebboune. On se souvient, moins de trois mois après avoir été intronisé par militaires interposés, le sieur Tebboune en trois semaines avait chamboulé trois des principaux services de renseignement et de sécurité. La Direction centrale de la sécurité de l'armée (DCSA) qui surveille les militaires, la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) qui est la véritable police politique du régime et la Direction générale de la sécurité extérieure (DGSE) vouée au contre-espionnage, qui suit les opposants politiques actifs à l'étranger et se charge des négociations diplomatiques secrètes ont été remodelées. Le ministère de la défense a été réorganisé en outre et le haut commandement remanié. En avril 2020, la nomination d'un adjoint au directeur de la DGSI ne retient pas l'attention des médias. Le général Abdelghani Rachedi, remplace son directeur le général Wassini Bouazza, qui lui goûtera de la paille de la prison militaire de Blida. Le chef d'état-major, Saïd Chengriha, qui préside la cérémonie, ordonne aux agents de la DGSI « d'obéir » à leur nouveau chef et de ne pas « saboter » la politique du président Abdelmadjid Tebboune « conformément au règlement militaire ». Bouazza est accusé d'avoir empiété sur les platebandes de la Direction centrale de la sécurité de l'armée (DCSA). Mais en réalité le bonhomme avait un contentieux personnel avec Tebboune, ce sont ses services qui auraient dénigré durant la campagne électorale présidentielle à l'automne 2019, Khaled Tebboune, fils du candidat, accusé de trafic de drogue, et contre d'autres supporters du candidat. On vous fait ici, fi, des généraux bannis, naguère qui retrouvent soudain du service et qui sortent de la disgrâce à l'image, du général major Sidi Ali Ould Zemerli restauré à la tête de la DCSA, ou du général major Mohamed Bouzit, alias Youcef. Bref, Abdelmadjid Tebboune, avec la complicité de Saïd Chengriha s'approprie petit à petit l'ANP dans toutes ses composantes. En effet, Abdelmajid Tebboune, qui cumule comme ses prédécesseurs la présidence avec le portefeuille de ministre de la défense, a récemment dans un décret renforcé les pouvoirs du secrétaire général du ministère qui le représente et coiffe désormais toutes les directions centrales « à l'exception de l'état-major ». Faut croire que, le général Chengriha est mis sous surveillance quoique gardant ses prérogatives et son autonomie. Le bonhomme même pas dans ses rêves ne succèdera jamais au défunt Gaïd dans tous ses pouvoirs, enfin, sauf si… suivez d'autres regards.