Face au silence de leur tutelle, le mouvement des infirmiers et techniciens de santé au Maroc (MITSAM), revient à la charge. L'organisation démocratique de la santé (ODS), elle, exprime sa solidarité totale et de manière inconditionnelle au mouvement, notamment son programme de lutte qui s'étale sur 4 jours, et invite le ministère de la Santé à l'ouverture d'un dialogue avec le mouvement et la valorisation de ses revendications justes et légitimes. En effet, le 9 avril dernier, le MITSAM a dévoilé son programme de lutte pour « dénoncer la situation actuelle que traverse le secteur de la santé public au Royaume et la gestion unilatérale de leur tutelle et du gouvernement de leur dossier revendicatif« , nous affirme Fatima-Zahra Belline du MITSAM. Ainsi, et lors de la réunion de son Conseil national, le mouvement a annoncé la tenue d'une grève nationale de 48H, les 29 et 30 avril 2021, à l'exception des services d'urgences et de réanimations ainsi que la commémoration du 1er mai, fête du travail, en portant des banderoles du mouvement. Une deuxième grève nationale de 48H a également été annoncé les 25 et 26 mai 2021, à l'exception des services d'urgences et de réanimation, accompagné de sit-in de protestation aux niveaux régional et provincial le premier jour de la grève. Mis à part ce programme de lutte chargé, le MITSAM a appelé les bureaux nationaux des syndicats de la santé à défendre réellement l'ensemble des revendications du corps soignant, au lieu d'assister à des dialogues qui réduisent leur dossier revendicatif de manière flagrante. Grève et sit-in, l'ODS soutient Dans son communiqué de soutien au MITSAM, l'ODS a noté que « le mouvement des infirmiers-ères et techniciens de santé a exprimé ses bonnes intentions et ses engagements responsables en suspendant toutes les formes de protestation« , au début de l'apparition du virus fantôme, « afin de se consacrer au combat de toute la société contre la pandémie de coronavirus ». Cela dit, le syndicat déplore « qu'aucun signe ou action réelle de traitement positif de son cahier revendicatif de la part du département de la santé n'ait été observé« . « Pire encore, ajoute l'organisation, le ministère de la santé a pris la décision d'adopter le décret 43-13 règlementant l'exercice de la profession infirmière à titre libéral sans aucune consultation préalable des représentants de la profession infirmière omettant la principale question qui devrait être le préalable de toute réforme dans ce domaine d'exercice infirmière libérale, qu'est le conseil de l'ordre des infirmiers et infirmières« . Le décret adopté par le département de Khalid Ait Taleb était comme la goute qui a fait déborder le vase. Pour Fatima-Zahra Belline membre du MITSAM, « et alors que le corps soignant était au front pour faire face à la pandémie, la tutelle en a profité pour bafouer les droits légitimes de cette catégorie de personnel de santé en adoptant le projet de décret N°2.21.146 modifiant le décret N°2.19.830 portant application de la loi N° 43.13 relative à l'exercice des professions de rééducation, sans aucune approche participative avec les concernés et alors que le MITSAM a depuis toujours appelé à la création de l'Ordre national des infirmiers et techniciens de santé« , pour régir le secteur, surtout au niveau du privé. Les différents dialogues sectoriels tenus entre le ministère de la santé et les syndicats du secteur ont également été critiqués par le mouvement. Selon notre interlocutrice, il s'agit de« la réduction par les bureaux nationaux des syndicats et la tutelle, du nombre de points contenus dans le dossier revendicatif du mouvement, mais aussi de l'enveloppe budgétaire +médiocre+ allouée à cette catégorie de professionnels de santé ». Le MITSAM accuse ainsi le ministère de la santé de ne pas avoir défendu les cadres de santé et de ne pas avoir apporté des acquis à la hauteur du contexte actuel et du sacrifice qu'ils ont dû faire. Il souligne aussi «la régression observée du côté des syndicats qui n'ont pas su préserver les acquis et défendre les employés (...) en limitant leurs doléances au temps de travail légal ..« . Ainsi, et « en l'absence de dialogue et d'écoute à ses doléances et ses revendications prioritaires sur la revalorisation des indemnités contre les risques professionnels, à la lumière notamment du Covid-19« , l'Organisation démocratique de la santé affiliée, à l'Organisation démocratique du travail (ODT), souligne qu'il y a eu « plusieurs décès au sein des professionnels de santé contaminés lors de l'exercice de leur profession ». L'ensemble de ces facteurs ont, selon l'organisation, fortement précipité et contribué à la reprise des mouvements de protestation et de lutte dans le secteur de la santé, dans le but de faire valoir ses revendications légitimes.