Les marches hebdomadaires du mouvement de contestation Hirak se sont poursuivies en Algérie comme à l'accoutumée, malgré les intempéries d'une météo capricieuse, les mesures restrictives dues à la pandémie de Dame Covid et le Ramadan, qui n'ont pas mis un frein à la détermination des manifestants ne serait ce que le temps du mois de jeûne. Que ce soit dans la capitale Alger, à Mostaganem, Bouira, Oran, Tizi Ouzou ou autres wilayas, c'est la même ferveur qui a possédé les Algériens en ce vendredi 16 avril, premier du mois sacré. Des milliers de manifestants ont donc défilé battant les pavés d'Alger ou d'ailleurs pour marquer le 113èmevendredi du Hirak populaire. Dans la capitale du pays, les Algérois et autres citoyens alentours, pour nombre d'entre eux, munis de pancartes, se sont rués, dès la matinée, vers les principales artères de la capitale où ils se sont regroupés, scandant les même refrains depuis plus de deux ans déjà. De la Place Maurice Audin, au Boulevard Zighoud Youcef, en passant par la Grande-Poste, la rue Didouche Mourad et le Boulevard Amirouche, force a été de constater des rassemblements qui se sont constitués. Tout au long du parcours historique à Alger, les rangs grossissaient et la foule se faisait plus dense et ce, toujours avec un décor de fond, d'un dispositif sécuritaire impressionnant, histoire d'intimider un peuple assoiffé de liberté et qui mordicus est déterminé à dire et exprimer sa colère à l'encontre d'un système révolu et bel bien dépassé et qui conduit l'Algérie vers sa perte. Les manifestants ont brandi des banderoles et pancartes en guise de soutien aux détenus d'opinions. Plus déterminés que jamais ils ont maintenu leur trajectoire en scandant leurs revendications de toujours, hostiles au pouvoir en place. Les foules, dont tout le long des parcours empruntés, ont entonné les éternels slogans que le régime militaire feint de ne pouvoir entendre. Malgré les innombrables cordons policiers déployés au cœur de la capitale pour bloquer les marches pacifiques, les hirakistes reprenaient en chœur les éternels « Djazair horra dimocratia » (Algérie libre et démocratique), « Dawla madania, machi askaria ! » (Etat civil, non militaire), « Makache intikhabate maâ el îssabate» (pas d'élections avec les bandes de mafia), : « We n'kemlou fiha ghir be esselmiya, we ennehou el askar mel Mouradia !» (On poursuivra notre combat pacifiquement et on boutera les militaires d'El Mouradia), étaient les principaux slogans scandés par les manifestants. On ne saurait non plus, occulter cette nouveauté : « Emmenez-nous tous en prison ! », que les manifestants, sous une pluie battante, ont scandé de tout leur soul, dès le départ de la manifestation dans la capitale Alger pour dénoncer les arrestations, interpellations et incarcérations arbitraires perpétrées la semaine passée par les services de sécurité et les autorités judiciaires algériennes. En appelant au soulèvement : « Daoula Haggara, noudou ya wlad el Assima », les Algérois ont crié haut et fort leur volonté de « manifester jusqu'au bout » pour défendre les revendications favorables au changement démocratique. « Emmenez-nous tous en prison », ont-ils crié à maintes reprises. Bref, pour ce premier Hirak du Ramadan 2021, il faut se rendre à l'évidence, que la mobilisation populaire n'a pas perdu sa rigueur d'un seul iota, bien au contraire. Pour le côté kaki de l'affaire, il y va sans dire que plusieurs arrestations ont eu lieu par services de sécurité interposés. Nombre de manifestants qui brandissaient des pancartes affichant les noms et visages des récents hirakistes incarcérés à Alger pour avoir tenté d'organiser des marches pacifiques favorables aux revendications du Hirak ont ainsi, été invités à goûter de la paille des cellules des commissariats d'Alger pour ne parler que de la capitale. On ne saurait se quitter sans citer ce slogan pour le moins approprié à ce mois sacré, « Ya les généraux yal khawana, atelkou wladna ysoumou maana » (généraux traîtres, relâchez nos enfants pour qu'ils jeûnent avec nous ).