L'Algérie s'est réveillée en ce vendredi de Hirak dans un blackout total d'internet dans tout le pays. Les marches du Hirak se font de plus en plus insistantes et demandent désormais l'indépendance. La tension monte après une amplifications des violences policières contre les manifestants dont des femmes et enfants. Dans une nouvelle forme de répression, le gouvernement algérien a coupé l'accès à internet dans tout le pays au moment où les manifestants du Hirak se préparaient pour prouver encore une fois cette rupture consommée entre le peuple et les gouvernants qui ne les représentent pas. Blocage d'internet Les journaux électroniques algérien en ce vendredi matin affichaient tous les dates de la veille. Même chose sur les réseaux sociaux, aucun nouveau tweet n'a été enregistré depuis 22 heures, affichent plusieurs pages officielles de médias. Alors que le semaine dernière le blocage d'internet n'aura ciblé que quelques régions en particulier la capitale, Alger, où les marches de protestation du Hirak se font le plus remarquer notamment en dehors des frontière, cette semaine le pouvoir algérien a fait un shut down d'internet dans tout le pays, pour empêcher les acteurs du Hirak de se concerter et de relayer l'information. Ce n'est qu'à la mi-journée qu'internet a partiellement repris dans la capitale, nous indique une source algérienne, au moment où les Hirakistes se préparaient pour donner un nouveau signal de rejet au pouvoir. Vendredi, alors que les rues étaient investies par les fidèles qui priaient pour la grande prière hebdomadaire, d'autres se préparaient déjà en coulisses en sortant les drapeaux et les pancartes afin de signifier au pouvoir et au monde entier que le Hirak est de retour. Depuis l'anniversaire de deux ans de ce mouvement apolitique, les hostilités ont été lancées du côté du pouvoir et celui des marcheurs. En effet, si la « Silmya » (le caractère pacifique des marches) a été répété plusieurs fois par les manifestants, face à la répression des forces de police, le Hirak s'est encore plus énervé. Résultat, les slogans sont devenus encore plus forts et vindicatifs, les manifestants ont commencé à repousser et à contourner la police, et les femmes ainsi que les personnes âgées ont pris les première lignes des troupes en face des forces de l'ordre. A l'occasion du 8 mars, les femmes ont pris le contrôle du Hirak et sont descendues en masse déterminées à faire entendre leur opposition au système gouverné par les militaires. Par ailleurs, les marches sont devenues de plus en plus récurrentes, et les étudiants ont continué de jouer leur rôle de force vive du mouvement du Hirak chaque mardi pendant que le président Abdelmadjid Tebboune et son gouvernement font l'autruche. Le Hirak solide face à l'oppression « Une marée humaine vient d'arriver de Bab El Oued », indiqué la journalite Mriem Nait Lounis sur Twitter pour son premier tweet de la journée, et y attachant une photos des manifestants de ce 108ème Hirak. Sur les pancartes, les Hirakistes ont écrit leur slogan devenu la signature de ce mouvement « Dawla madania machi askaria » (Un Etat civil et non militaire), et d'autres mentions affirmant que le Hirak se poursuit « Al taoura moustamirra » (la révolte se poursuit). Parmi les frontliners, des personnes âgées, des femmes mais aussi des enfants. Une marrée humaine vient d'arriver de Bab El Oued pic.twitter.com/se2oN05Cll — Meriem Naït Lounis (@meriem_nait_) March 12, 2021 A Alger, les slogans se mêlaient aux you-yous des femmes et des applaudissements. « Les généraux à la poubelles, fi ldjazair talbine l'istiqlal (en Algérie nous demandons l'indépendance », ont répété en chœur les milliers d'Algériens dans les rues de la capitale. آلاف المتظاهرين شارع حسين عسلة وسط الجزائر#الجزائر#الحراك_متواصل#الجمعة_108 pic.twitter.com/99Y1VIhN4k — Khaled Drareni (@khaleddrareni) March 12, 2021 « Tebboune mzouar, Jabouh l'askar, Makanch char3ia, Chaab l'mharrar, Houa lli i9rarr, dawla madania! », ont scandé les manifestants en rythme et en rimes à Alger, criant à la fraude électorale qui a hissé au pouvoir l'actuel président Abdelmadjid Tebboune. « Tebboune est frauduleux, c'est l'armée qui l'a choisi, il n'a pas de légitimité. Le peuple qui se libère, c'est lui qui décide, un Etat civil! ». Selon des journalistes sur place, l'avocat Farid Khlisti, et Chouicha Kaddour, le militant des droits de l'Homme et professeur de Génie civil à l'Université d'Oran ainsi que son fils ont été battus par la police. Il avait auparavant été emprisonné pendant un an et avait subi de multiples pressions par les autorités algériennes. A Oran, la répression policière est montée crescendo face à des manifestants pacifiques. Et fur et mesure que les violences policières prenaient place, les slogans des manifestants ont muté vers la demande d'indépendance, le plus haut degré de rupture entre le pouvoir et le peuple. « Istiqlal, Istiqlal », criaient les Hirakistes après qu'un homme perdait la vie à même le sol après avoir été battu à mort par la police. Malgré la répression, les oranais ont quand même réussi à faire céder le cordon de police et entamer leur marche#Oran#Algerie #Algeria https://t.co/suQKBX1Qc5 pic.twitter.com/z7PKNfVQ0i — ⵣIzem Samirⵣ (@Tonner13) March 12, 2021 « Malgré la répression, les oranais ont quand même réussi à faire céder le cordon de police et entamer leur marche », a indiqué un internaute, avant d'ajouter sur un autre tweet, « malgré la répression, les oranais ont quand même réussi à faire céder le cordon de police et entamer leur marche », dans un message posté avec une vidéo montrant les dérives totalitaires du pouvoir algérien. « Ntouma l'corona, ntouma l'irhab », (vous êtes le coronavirus, vous êtes les terroristes), ont crié les manifestants après avoir été témoins d'un spectacle atroce, où enfants, vieilles personnes pleuraient, le visage tuméfié, et hommes à terre gigotant. « Pouvoir assassin », ont dénoncé les Algériens.