Au lendemain des imposantes protestations des femmes d'Algérie qui se sont déroulées hier à l'occasion de la journée internationale des droits de femmes (08 mars) et dont on ne retiendra que cette subtile et sublime caricature de Dilem, les étudiants algériens accompagnés de nombre de citoyens leur ont emboité le pas en battant le pavé dans le centre-ville d'Alger, aujourd'hui, mardi 09 mars 2021, pour renouer avec leur rendez-vous hebdomadaire, du « Hirak populaire ». Ni les conditions métrologiques (fortes pluies sur Alger), ni la forte présence policière, ( nombreux cordons policiers pour empêcher la marche) n'ont eu raison des milliers d'étudiants, soutenus par des citoyens. Ils ont défilé impassibles en scandant les slogans habituels si significatif du ressentiment général en Algérie. Faut-il encore rappeler les slogans du peuple algérien tant les manifestants ont été scandé tout le long de leur parcours le changement radical du système politique en Algérie. «Dawla madania, machi askaria !» Etat civil et non militaire » «Djazair horra dimocratia ! Algérie libre et démocratique »), «Lebled bledna we endirou raïna !» (Ce pays est le nôtre et nous ferons ce qui nous plaît). Les étudiants, accompagnés d'autres citoyens, ont battu les pavé comme chaque mardi, pour réclamer le départ du système. Ce fut le cas à Constantine, Bejaïa et autres Wilayas. A Tizi Ouzou en Kabylie La police a empêché la marche des étudiants en ce mardi 9 mars. Les forces de l'ordre ont procédé à au moins une dizaine d'arrestations parmi les d'étudiants et d'autres citoyens venus leur prêter main-forte. Les manifestants ont été bloqués devant le stade de football de la ville par un important dispositif sécuritaire qui s'en est donné à cœur-joie dans ses activités répressives. Empêchés d'avancer par un important cordon policier les étudiants et les citoyens les accompagnant, ont continué à crier leur ras-le-bol jusqu'à ce que les forces de l'ordre les dispersent de bastonnades et d'arrestations. Ainsi, après plus d'une année de suspension de la marche estudiantine en Algériz, les étudiants ont repris avec la contestation. Si la semaine dernière ils ont été empêchés de manifester bloqués en cela par la police force est de constater que la mobilisation sept jours plus tard a repris de plus belle et nous n'en voulons pour preuves que les gazouillements et images de Khaled Drareni sur son compte Twitter. En effet, l'illustre journaliste à coups de vidéo, de photos et de commentaires nous y retrace les péripéties de cette aventure de contestation du peuple algérien qu'est le Hirak, envers un pouvoir qui s'accroche comme il peut, à ses dernières illusions dictatoriales. Khaled Drareni fondateur de « Casbah Tribune et correspondant de TV5 en Algérie » a également couvert la veille lors de la journée des femmes toujours sur son compte Twitter, la manifestation des Algériennes lors du 8 mars. La Journée internationale de lutte pour les droits des femmes a été marquée, par des revendications remarquablement ciblées, centrées sur la défense des droits des femmes, la dénonciation ou l'abrogation du Code de la famille, du patriarcat, des violences faites aux femmes et la revendication de lois civiles égalitaires. « 8 Mars journée de lutte, pas de fête », martelait une pancarte brandie au cours d'une manifestation féministe. On a constaté une forte présence féminine, résonnant plutôt comme une réplique du hirak du vendredi dans un format plus réduit, avec à la clé, le répertoire des chants et des slogans habituels du hirak. On a volontiers donné vigoureusement de la voix pour faire de ce 8 Mars une journée de lutte citoyenne d'une formidable intensité. «Ma djinache nehtaflou, djina bah tarahlou !» (On n'est pas venus faire la fête, on est venues pour vous chasser). Dans le lot, on pouvait entendre à plusieurs reprises le fameux slogan qui a suscité une vive polémique ces derniers jours : «Moukhabaret irhabia, tasqot el mafia el askaria» (Services de renseignement terroristes, à bas la mafia militaire). Parmi les pancartes brandies, il y en avait une qui résumait parfaitement le sentiment général : «Rien à fêter, rien n'a changé» sur une autre on pouvait également lire «Abrogation du code de la famille. Pour des lois civiles» ; «Sawt el mar'a thawra» (La voix de la femme est une révolution).. Après les femmes donc hier et les étudiants aujourd'hui, pas de répit donc pour le hirak sous quel forme soit-il. Au lendemain de la marche organisée dans le centre d'Alger par les femmes à l'occasion de leur journée internationale, et au cours de laquelle elles ont plus scandé les slogans du mouvement populaire que leurs propres revendications, les étudiants ont investi la rue, pour le troisième mardi de suite depuis la reprise de leur marche hebdomadaire, le 23 février. A Alger, les premiers manifestants sont arrivés vers 10 h à la Place des Martyrs, lieu habituel du début de la manifestation estudiantine. Vers 11 h 30, on entonne l'hymne national et la procession démarre pour le reste de l'itinéraire habituel. Au fur et à mesure qu'elle avance, la marche prend de l'ampleur. Beaucoup de citoyens, plus que d'habitude, se sont joints aux étudiants. Arborant le drapeau national et des pancartes, les manifestants ont scandé les slogans Hirak, anciens et nouveaux. Ils ont réaffirmé leur attachement au changement radical et l'édification d'un« Etat civil et non militaire » et réitéré leurs revendications d'une presse libre et d'une justice indépendante ainsi que la libération de tous les détenus d'opinion.