Le Hirak des étudiants a repris ses droits sur fond de renforcement sécuritaire et de répression ce mardi à Alger, malgré l'interdiction de manifester et une imposante présence policière. La marche estudiantine à Alger est intervenue au lendemain d'importantes manifestations pour le second anniversaire du soulèvement populaire. Et si le Hirak, faut-il le rappeler qui a déjà deux ans (février 2019), l'a mise en veilleuse durant la période Dame Covid, il avait eu auparavant, une belle année et la marche de l'anniversaire de l'an II d'hier a démontré qu'il avait de beaux restes. Avec deux manifestations par semaine, le mardi pour les étudiants en plus des marches du vendredi, la protestation a duré plus d'une année avant qu'elle ne s'arrête en raison de la crise sanitaire mondiale liée à la propagation de la Covid-19. Et le peuple Algérien est en train de s'inscrire dans l'histoire car si le Hirak a eu des hauts et des bas il n'en demeure pas moins qu'il a toujours trouvé les ressources nécessaires pour se relancer. Force est donc de constater qu'en Algérie, les bonnes habitudes n'ont pas été emportées par la pandémie de la Covid-19. Avant l'interruption des marches hebdomadaires du Hirak il y a un an, en raison justement de Dame Covid, les étudiants algériens défilaient chaque mardi et en étaient à leur cinquantième sortie. Avec le confinement, ils avaient dû faire contre mauvaise fortune bon gré mais ils avaient promis de revenir et de ne pas en rester là et surtout «en force» dans la rue cette semaine. Aujourd'hui, c'est promesse tenue, et si la seconde n'a pas été tellement tenue c'est qu'elle était plutôt du côté opposé, celui des forces de l'ordre qui ne sont pas gênées pour user de la matraque et procéder à des Interpellations musclées. Selon le Comité national pour la libération des détenus (CNLD), 15 étudiants ont été arrêtés ce mardi lors de la marche qui n'aura pas durer plus que quelques centaines de mètres du départ de son parcours historique au Square Port-Saïd, mitoyen de la mythique Place des Martyrs. Les étudiants auxquels s'étaient joints des citoyens n'ont pas pu tenir leur marche comme souhaité, la police les ayant chargés. Mais cette dernière n'a pas non plus réussi à empêcher tout à fait la marche. Et ce fut alors à un petit jeu de cache-cache. En effet, l'imposante présence policière avait pris position à proximité des principales places du centre de la capitale tout au long du parcours historique. Malgré d'innombrables cordons policiers, les groupes d'étudiants et de militants se rassemblaient dans d'autres rues adjacentes au parcours avant d'être dispersés et de se regrouper en d'autres lieux pour scander leurs slogans qui n'ont pas varié d'un iota et gardé tous le sarcasme habituel envers le régime militaire algérien « Le pouvoir aux civils pas à la caserne, pour une presse libre et une justice indépendante ou encore «Algérie libre et démocratique». En plus des tentatives répétées de stopper les marches estudiantines, le dispositif policier en place n'autorisait pas les personnes sans cartes étudiantes à rester sur place. Au point de départ au Square Port-Saïd, les étudiants, bloqués par les forces de l'ordre, ont tenu un sit-in mouvementé pendant plus d'une heure avant que la bastonnade n'ait eu raison d'eux. La progression de la marche, dont l'itinéraire a été modifié au gré des cordons de police, a été stoppée non loin de la Faculté centrale d'Alger ou d'autres groupes d'étudiants les attendaient. La police a ensuite dispersé tout ce beau monde en forçant les étudiants à quitter le centre-ville. Entre février 2019 et avril 2020, à Alger notamment pendant plus de 50 mardis consécutifs les étudiants ont marché. La police, à de rares exceptions, a toujours laissé faire, se contentant d'encadrer les manifestants tout au long de l'itinéraire, de la place des Martyrs à la Grande Poste, au centre d'Alger. Cette fois-ci, il semblerait que la donne ait changé et déjà le régime par aboyeurs loyalement interposés a tenté de récupérer la manifestation de l'anniversaire de l'An II du Hirak. Le ministre des Moudjahidine et des Ayants droit, Tayeb Zitouni, a affirmé, à l'occasion de la célébration hier de la « Journée nationale de la fraternité et de la cohésion peuple-armée pour la démocratie« , que le Hirak populaire était « un évènement historique charnière contribuant à la préservation de l'intégrité de l'Algérie, saluant l'accompagnement par l'Armée nationale populaire (ANP) du Hirak pacifique ». No Comment ! et vive la langue d'abois, heu… de bois.