La 115e marche des étudiants dans le cadre du Hirak a été empêchée, pour le deuxième mardi consécutif à Alger, par les services de sécurité qui ont procédé à des dizaines d'interpellations. Les policiers, déployés en grand nombre dans le centre de la capitale Alger, ont empêché le début de la marche du hirak estudiantin. Un dispositif hors normes a été déployé sur les différentes artères de la capitale. Pourtant, les étudiants avaient pris leur précaution pour éviter le scénario de la semaine dernière qui a abouti à l'avortement de leur marche pour la première fois depuis le lancement du mouvement populaire en février 2019. En effet, ils se sont donnés rendez-vous à la grande poste au lieu de la place des martyrs pour lancer leur marche, mais ils ont été surpris par un dispositif policier, bien plus impressionnant que d'habitude. Selon le comité national pour la libération des détenus, les services de sécurité ont procédé à de nombreuses interpellations parmi les étudiants, qui ont été ensuite conduits dans les fourgons de la police vers les commissariats de la wilaya d'Alger. A Bejaia (Est), les étudiants sont de nouveau descendus dans la rue pour marquer ce 115e mardi du hirak. Malgré le jeûne, des milliers d'étudiants ont manifesté pour réclamer le départ du régime en place, ainsi que la libération des manifestants détenus lors des précédentes marches et de tous les détenus d'opinions qui croupissent dans les prisons algériennes. Les marcheurs, qui ont sillonné plusieurs artères de la ville, ont également réitéré leur rejet total des élections législatives prévues le 12 juin prochain. L'Algérie a enregistré ces dernières semaines, à quelques semaines des élections législatives, une recrudescence de la répression et des interpellations des manifestations. La semaine dernière, la police avait empêché les étudiants de manifester à Alger, comme ils le font chaque mardi, pour la première fois depuis la reprise, fin février, des marches du mouvement populaire. L'interdiction de la manifestation intervenait dans un contexte d'intensification de la répression contre des militants hirakistes, des opposants politiques et des journalistes, à l'approche des législatives anticipées. Quelque 66 détenus d'opinion sont actuellement incarcérés en Algérie pour des faits ayant un lien avec le hirak ou les libertés individuelles, selon le site spécialisé "Algerian Detainees". Cette vague de répression sans précédent a été dénoncée par plusieurs organisations algériennes et internationales dont la Ligue algérienne de Défense des Droits de l'Homme (LADDH) qui a exprimé son inquiétude devant "l'escalade de la répression qui vise toutes les voix de l'opposition et du Hirak". Le Hirak, ce mouvement de protestation de grande ampleur qui a chassé le président algérien Abdelaziz Bouteflika du pouvoir après 20 ans de règne sans partage, avait repris le 22 février dernier après près d'une année de suspension pour cause de la pandémie de Covid-19 qui sévit en Algérie et dans le monde entier.