À l'heure où l'audiovisuel marocain se doit de refléter la pluralité de ses talents, il laisse prospérer une atmosphère où le favoritisme et l'entre-soi tiennent lieu de règle d'or. L'heure du changement a sonné. Dans l'univers feutré de la production télévisuelle marocaine, la compétition entre sociétés pour l'obtention des marchés de fictions et d'émissions de divertissement se joue souvent en coulisses. La Société nationale de radiodiffusion et de télévision (SNRT) et Soread 2M, en charge des appels d'offres, peinent à dissiper les soupçons qui entourent leurs processus de sélection. Si l'acceptation des résultats relève de la logique du marché, le fonctionnement de la commission de Soread 2M interpelle. Présidée directement par son directeur général, Salim Cheikh, elle aboutit chaque année aux mêmes attributions comme si les choix se résumaient à une répartition tacite des budgets. Certaines entreprises se voient systématiquement confier les productions phares du ramadan tandis que d'autres, exclues du cercle restreint des bénéficiaires, peinent à se frayer un chemin malgré la qualité de leurs propositions. Cette opacité a poussé plusieurs créateurs à s'affranchir du circuit traditionnel, trouvant refuge sur YouTube pour y diffuser des œuvres aux accents critiques. Parallèlement, les appels à l'intervention de la Cour des comptes se multiplient, réclamant un examen rigoureux des pratiques en vigueur et des sanctions à la hauteur des abus constatés, surtout au sein la deuxième chaîne marocaine. À cette monopolisation s'ajoute une guerre d'influence entre producteurs. L'accession de la société M.A.P.C à la réalisation d'une série ramadanesque a déclenché une levée de boucliers, notamment de la part d'entreprises habituées à s'imposer dans la course aux contrats. Parmi elles, la société W.V., dirigée par Larbi Altit, n'a pas hésité à manigancer une campagne de discrédit, déployant jusqu'à des relais numériques pour ternir l'image de son concurrent. Ironie du sort, cet ancien producteur de la série Baba Ali, qui s'était retiré en invoquant des raisons de santé, avait en réalité fui à l'étranger pour échapper à un contentieux fiscal et à des dettes envers ses collaborateurs. D'autres entreprises, autrefois dominantes dans le paysage audiovisuel, redoutent aujourd'hui une redistribution des cartes. Peu soucieuses de la qualité, elles multiplient les manœuvres pour préserver leur influence, allant jusqu'à solliciter des protections haut placées et à se draper dans une posture victimaire. Quant aux nostalgiques d'un passé révolu sur la chaîne amazighe, le silence qu'ils observent aujourd'hui contraste avec leur fidélité passée à des figures désormais sous le coup d'une enquête judiciaire. L'heure de la clarification semble inévitable. Face à ces luttes d'intérêts et à ces jeux d'influence, M.A.P.C revendique son droit à une concurrence loyale, libérée des arrière-pensées et des règlements de comptes. Loin des batailles souterraines, seule la qualité des œuvres devrait dicter les choix du secteur dans un marché qui, s'il se veut digne de son public, ne saurait rester l'apanage de quelques-uns.