À Beni-Mellal ou encore dans la ville d'Ait-Melloul, les enseignants recrutés par contrat auprès des académies régionales d'éducation et de formation (AREF) ont de nouveau envahi les rues par centaines. Cette catégorie d'enseignants, dont le nombre s'élève à plus de 100.000, sont en grève nationale du 9 au 12 février, paralysant ainsi le bon fonctionnement de l'école publique marocaine. Vêtus de leur blouse et de leur masque de protection, les enseignants dits « contractuels« , réclament encore et toujours les mêmes doléances, à leur tête, l'intégration dans le statut de la fonction publique auprès de ministère de l'éducation nationale. Ce bras de fer entre le ministère de l'éducation nationale et les enseignants « contractuels » dure depuis 2016, soit l'année de l'adoption du recrutement régional au Maroc. Depuis, plusieurs réunions entre la tutelle et les syndicats les plus représentatifs du secteur de l'enseignement et la coordination, ont eu lieu mais sans jamais aboutir à un véritable accord consenti entre les deux parties, vu la complexité du dossier. La preuve, chaque année les « contractuels » tiennent un programme de lutte pour l'une de leurs revendications phares, à savoir l'intégration au sein de la fonction publique. Une demande que leur tutelle et le gouvernement ne semblent pas vouloir appliquer au vu de la politique de régionalisation avancée que le gouvernement souhaite adopter, ou encore la contrainte de diminuer la masse salariale de la fonction publique de manière générale, à commencer par le secteur de l'enseignement. Ainsi, la coordination nationale des enseignants recrutés par contrat auprès des AREF compte poursuivre son combat pour mettre fin au « plan de contractualisation« , dans le but d'intégrer la fonction publique auprès du ministère de l'éducation nationale. Une intégration qu'elle estime être « un droit légitime » pour tous les enseignants du secteur public, au même titre que leurs confrères qui bénéficient du statut de la fonction publique. À en croire la coordination des enseignants recrutés par contrat, les AREF n'ont pas le droit de recruter des enseignants, vu que la loi 00-07 portant création des AREF ne leur donne pas ce droit. De plus, les enseignants affiliés à la coordination s'appuient sur la constitution qui donne droit à n'importe quel citoyen, diplômé bien évidemment, d'intégrer la fonction publique. Un droit dont les contractuels souhaitent profiter pleinement, vu que leur tutelle et le gouvernement ne leur ont apporté aucune autre solution concrète et viable, indique à Hespress Fr, le coordinateur national de la coordination des enseignants contractuels, Mbarek Biba. « Dans la loi 00-07 portant création des académies, aucun article ne stipule que les AREF ont le droit de recruter des enseignants ou les titulariser. Mais les académies le font. Le pire, c'est que les salaires des enseignants, ne rentrent pas dans le budget de la masse salariale. Les salaires des enseignants recrutés auprès des AREF sont intégrés dans les charges diverses et équipements et non dans les dépenses pour les postes budgétaires. Nous ne sommes donc pas déclarés comme un étant des enseignants ayant un poste budgétaire« nous avait expliqué Mbarek Biba dans un décryptage de ce dossier. Il est certain que le ministère de l'éducation nationale ne lâchera pas ses enseignants, quel que soit leur statut. Mais « la stratégie adoptée et les formules choisies créent », selon notre interlocuteur, « une certaine congestion » chez cette catégorie d'enseignants « au lieu de trouver des solutions concrètes » . » Nous n'avons rien contre les AREF. Nous demandons seulement à être intégrés au statut de la fonction publique. Sortir un décret, approuvé par le parlement et le gouvernement, et encadrant les académies et les enseignants qui y travaillent » , dit-il. En réponse à une question du groupe Istiqlalien de l'unité et de l'égalitarisme à la Chambre des représentants sur la poursuite des grèves des enseignants contractuels et ses répercussions sur l'année scolaire en cours, Said Amzazi, ministre de l'éducation nationale a annoncé que son département, et depuis mars 2019, a mis fin à l'ère des contrats, indiquant que «le recrutement régional a été établi en adoptant le statut régional». Le ministre de l'Education nationale a indiqué qu'au cours du mois de mai 2019, un dialogue a été lancé avec les parties concernées dans le but de régler le statut de ses enseignants, soulignant qu'il y a une similitude avec les fonctionnaires du ministère de l'éducation nationale, avec deux points inclus dans les discussions, à savoir la mobilité nationale. Ce dernier point représente d'ailleurs l'une des revendications phares des enseignants « contractuels » et dont ils ne bénéficient pas. Ainsi, et concernant la mobilité nationale, le ministre Amzazi a révélé que dans le cadre de l'indépendance des académies régionales (AREF), il a été proposé d'élaborer une procédure spéciale d'échange entre académies en cas de situations exceptionnelles, tandis que pour le deuxième point lié à la pension, le ministre a précisé qu'elle est en négociation dans le cadre du dialogue avec les parties concernées, et qu'il y a un travail en cours avec le ministère des Finances pour régler cette situation dans les plus brefs délais. Mais les solutions apportées par le département de Said Amzazi, ne semblent pas trouver écho auprès des enseignants recrutés auprès des AREF. La preuve, un mois après, ils paralysent les écoles et regagnent la rue, pour la même revendication: L'intégration dans le statut de la fonction publique ou rien.