Les enseignants du secteur public ont bien tenu leur grève annoncée cette semaine, pour protester contre l'absence de dialogue avec leur tutelle depuis le début de la crise sanitaire du Covid-19. Les dossiers revendicatifs en attente sur le bureau du ministre de l'éducation nationale, demeurent tout de même nombreux et plutôt compliqués à traiter. Il y a le Syndicat national de l'enseignement affilié à la Confédération démocratique du travail (CDT) qui a appelé à une grève nationale de 48h accompagnés de sit-in devant les directions régionales, les 1er et 2 décembre, à laquelle se joint la Fédération nationale de l'enseignement (FNE) et les enseignants diplômés, tandis que la coordination nationale des enseignants recrutés par contrat, elle, a appelé à une grève nationale de 72H, les 1er, 2 et 3 décembre. Un début de mois qui s'annonce assez serré avec cette série de grève tenue par les enseignants du secteur public. Cela menace les établissements d'enseignement publics d'une paralysie vu le manque d'enseignants, mais aussi le cursus scolaire des élèves qui ont déjà subit une année dure notamment avec la pandémie du Covid-19 et l'enseignement à distance qui a connu un « échec » selon les analystes du secteur. Photo Mounir Mehimdate Selon le secrétaire général de la FNE, Abderrazak El Idrissi, les grèves se poursuivent en raison de l'absence de dialogue avec le ministère de l'éducation nationale. La tenue de ces grèves n'est pas une option mais une réaction contre le silence de la tutelle, dit-il. Il rappelle ainsi que « les dossiers en suspens sur le bureau du ministre frôlent la trentaine, en plus des nombreux problèmes liés à la gestion du secteur et la politique de fuite en l'avant adoptée par le département de Said Amzazi ». Le dirigeant syndical a expliqué que « le ministère recourt maintenant à la déduction des points de promotion aux enseignants grévistes, en les privant du mouvement national de mutation, ainsi qu'à la suspension des salaires de nombreux enseignants« . Pour lui, même en sachant que le ministère de l'éducation nationale ne répondra pas à leurs correspondance et ne négociera pas, les enseignants continueront de les envoyer. « Les déductions sur salaire n'arrêteront pas les manifestations. Récemment, au cours de ce mois, le ministère a déduit 1500 dirhams du salaire des enseignants recrutés par contrat auprès des AREF, et aujourd'hui ils sont là à manifester et observeront une grève pour trois jours« , c'est dire que « les déductions sur salaire ne les décourageront pas et n'empêcheront pas le débrayage annoncé ». Photo Mounir Mehimdate Pour la coordination nationale des enseignants recrutés par contrat auprès des AREF, c'est l'intégration à la fonction publique ou rien. Cette catégorie d'enseignants considèrent que le contrat « CDI » qu'ils ont signé avec les AREF ne leur garantit pas la stabilité professionnelle, ni les avantages sociaux des enseignants fonctionnaires du ministère de l'éducation nationale. Il en va de même pour le statut qui encadre ses enseignants, qui est selon eux, « illégal, contrairement à la fonction publique qui dispose d'un décret approuvé, et par le Parlement et par le gouvernement », nous explique le coordinateur national de la coordination des enseignants contractuels, Mbarek Biba. « Le ministère de l'éducation nationale et le gouvernement disent que nous disposons d'un contrat CDI, sauf que ce contrat n'a aucune valeur juridique. Et si nous travaillons avec un contrat CDI, c'est le code du travail qui nous sera appliqué. Ainsi, le problème qui se pose devant nous, c'est que nous ne savons pas à quelle loi ou statut on correspond », explique-t-il. Notre interlocuteur poursuit ainsi que « dans la loi 00-07 portant création des académies, aucun article ne stipule que les AREF ont le droit de recruter des enseignants ou les titulariser. Mais on voit aujourd'hui que les académies commencent à le faire». Photo Mounir Mehimdate Autre point soulevé par cet enseignant « contractuel », c'est que les salaires des enseignants, ne rentrent pas dans le budget de la masse salariale. Les salaires des enseignants sont intégrés dans les charges diverses et équipements et non dans les dépenses pour les postes budgétaires. « Nous ne sommes donc pas déclarés comme un étant des enseignants ayant un poste budgétaire », dit-il. On constate ainsi qu'en effet, plusieurs dossiers attendent d'être traités par le ministère de l'éducation nationale. Il s'agit là de plusieurs milliers d'enseignants qui sont en grève en ce moment, ce qui met à mal le bon fonctionnement des établissements scolaires publics au Royaume, déjà lourdement handicapés par une gestion approximative en raison de la crise sanitaire liée à la pandémie du coronavirus.