La coordination nationale des enseignants recrutés par contrat auprès des académies régionales de l'éducation et de la formation (AREF) a annoncé son programme de lutte pour faire valoir son « droit constitutionnel » à l'intégration dans la fonction publique au sein du ministère de l'éducation nationale. L'annonce phare de ce programme est la grève de 72h annoncée par les enseignants recrutés par contrat auprès des AREF, les 1er, 2 et 3 décembre prochains, accompagnée de sit-in devant la direction provinciale de Salé, le 1er décembre, et une marche régionale à Kénitra le 2 décembre, malgré que la dernière manifestation qu'ils ont tenue à Rabat devant le ministère de l'éducation, se soit mal passé suite à l'intervention musclée des forces de l'ordre. Aujourd'hui, ils sont plus de 100.000 enseignants « contractuels » à avoir intégré l'enseignement public à travers les AREF, alors qu'ils n'étaient que 25.000 au tout début. Ainsi, cette catégorie d'enseignants dénoncent les informations « qui prêtent à confusion » du département de Said Amzazi, notamment celle qui porte sur « l'alignement des enseignants recrutés par contrat au reste des enseignants du ministère de l'éducation nationale« . Une fausse information, selon la coordination. De plus, la coordination dénonce les déductions sur salaire des enseignants recrutés par contrat qui participent aux grèves ainsi que l'approche « +makhzanienne+ qui porte sur les menaces et les interpellations, au lieu d'interagir avec les doléances légitimes des enseignants contractuels ». Il convient de rappeler que ce bras de fer entre les enseignants recrutés par contrat auprès des AREF et le ministère de l'éducation nationale ne semble pas prendre fin de sitôt. Un bras de fer qui dure depuis 2016, avec des réunions entre la tutelle et les syndicats les plus représentatifs du secteur de l'enseignement et la coordination, qui n'ont jamais abouti à un véritable accord consenti entre les deux parties vu la complexité du dossier. La preuve, chaque année les « contractuels » tiennent un programme de lutte pour l'une de leurs revendications phares, à savoir l'intégration au sein de la fonction publique. Une demande que leur tutelle et le gouvernement ne semblent pas vouloir appliquer au vu de la politique de régionalisation avancée que le gouvernement souhaite adopter, ou encore la contrainte de diminuer la masse salariale de la fonction publique de manière générale, à commencer par le secteur de l'enseignement. À en croire la coordination des enseignants recrutés par contrat, les AREF n'ont pas le droit de recruter des enseignants, vu que la loi 00-07 portant création des AREF ne leur donne pas ce droit. De plus, les enseignants affiliés à la coordination s'appuient sur la constitution qui donne droit à n'importe quel citoyen, diplômé bien évidemment, d'intégrer la fonction publique. Un droit dont les contractuels souhaitent profiter pleinement, vu que leur tutelle et le gouvernement ne leur ont apporté aucune autre solution concrète et viable, indique à Hespress Fr, le coordinateur national de la coordination des enseignants contractuels, Mbarek Biba. Dans un décryptage de ce dossier, notre interlocuteur explique qu'aujourd'hui, « les 100.000 enseignants contractuels n'ont aucune loi qui les encadre» , notant que « la tutelle a fait un effort en créant un statut spécial pour cette catégorie d'enseignants, qui ressemble à celui d'une association mais n'a aucune valeur ni pouvoir juridique. C'est-à-dire que du jour au lendemain, ils peuvent licencier un enseignant sans raison ». Plusieurs questions ont été soulevées par Mbarek Biba, notamment « en cas d'infraction, comment le ministère peut sanctionner un enseignant contractuel ? Quelle loi sera appliquée à son encontre ? Ou encore, est-ce le code du travail, ou le statut de la fonction publique qui l'encadre ? ». Au jour d'aujourd'hui, aucune réponse n'a été donné pour ses nombreuses questions. « Dans la loi 00-07 portant création des académies, aucun article ne stipule que les AREF ont le droit de recruter des enseignants ou les titulariser. Mais on voit aujourd'hui que les académies commencent à le faire. Le pire, c'est que les salaires des enseignants, ne rentrent pas dans le budget de la masse salariale. Les salaires des enseignants recrutés auprès des AREF sont intégrés dans les charges diverses et équipements et non dans les dépenses pour les postes budgétaires. Nous ne sommes donc pas déclarés comme un étant des enseignants ayant un poste budgétaire« , explique Mbarek Biba. Pour conclure, notre interlocuteur souligne clairement que les enseignants recrutés par contrat auprès des AREF n'ont aucune dent contre les AREF. « Nous demandons seulement à être intégrés au statut de la fonction publique. Que le gouvernement sorte un décret, approuvé par le parlement et le gouvernement, et encadrant les académies et les enseignants qui y travaillent« , explique-t-il.