Dans le procès du jeune étudiant algérien Walid Nekiche, un des manifestants du Hirak, le procureur de la République près le tribunal de Dar El Beida à Alger a requis la perpétuité contre lui avant qu'il ne soit relâché mardi matin. Le régime algérien a accéléré ces deux derniers mois les procès de plusieurs figures du Hirak et d'hommes politiques. Si ces dernières semaines les procès s'enchainent en Algérie, pour enterrer définitivement le dossier du Hirak en 2019 désormais vu par le pouvoir comme de l'histoire ancienne, les histoires se ressemblent mais leur issue n'est pas la même. Plusieurs contestataires ont été relâchés après avoir été condamnés à des peines allant de 6 mois à 1 an de prison ferme, après plus d'un an de détention préventive en l'attente de leur procès. Ils ont purgé leur peine durant leur détention préventive et certains sont en sursis. Mais si certains ont été relâchés, d'autres personnalités plus controversées, plus exposées médiatiquement, des « grandes gueules » sont maintenues derrière les barreaux pour donner l'exemple, et surtout pour donner une leçon à quiconque qui oserait défier l'ordre établi en critiquant ou simplement en rendant compte de la situation sur Twitter, sans même faire de commentaire, comme le journaliste Khaled Drareni. Selon le Comité national de libération des détenus (CNLD), il y aurait encore plus de 80 détenus d'opinion en lien avec les manifestation du Hirak en Algérie qui attendent leur procès. Dans le cas de Walid Nekiche, un étudiant originaire de Tizi Ouzou en Kabylie (région réclamant l'indépendance de l'Algérie), le procureur à requis la perpétuité contre ce jeune à cause de ces publications sur les réseaux sociaux, mais en réalité, ce seraient ses origines Kabyles et son appartenance au Mouvement pour l'autonomie de la Kabylie (MAK), qui a fait augmenté la peine requise contre lui par le procureur. Il était accusé de « complot contre l'Etat », d' »atteinte à l'intégrité du territoire national » et d' »incitation à prendre les armes » et a été condamné dans la nuit de lundi à mardi à six mois de prison ferme, au moment où il a été placé en détention préventive à la prison d'El Harrach à Alger depuis 1 an déjà. Etudiant à l'Institut national supérieur de pêche et de l'aquaculture d'Alger, Walid Nekiche avait été arrêté lors de la marche des étudiants à Alger le 26 novembre 2019, devenant ainsi le héros des étudiants. Lors de son procès, le jeune étudiant a affirmé avoir été « torturé » et « agressé sexuellement » dans l'un des centres opérationnels des services secrets algériens pour le « forcer à faire des aveux » pour l'impliquer dans un réseaux criminel lié au MAK, ont rapporté des médias et le Comité national de libération des détenus (CNLD) sur sa page Facebook. « J'aurais préféré être acquitté mais ce n'est pas grave, c'est déjà pas trop mal (d'être dehors) », a-t-il déclaré à sa sortie de prison l'étudiant qui gardera à vie sur son dossier pénal une condamnation pour de lourdes accusations. Le vice-président de la Ligue algérienne de défense des droits de l'homme (LADDH), Saïd Salhi, avait critiqué la peine requise contre lui et Bensaad Kamel, son co-accusé, la qualifiant de « choquante » sur Facebook. « Le réquisitoire est disproportionné contre un jeune étudiant pacifique, qui n'a fait qu'exprimer ses opinions sur les réseaux sociaux », a-t-il ajouté.