La justice française a requis mercredi une amende de 4 000 euros contre l'islamologue suisse, Tariq ramadan, accusé d'avoir divulgué l'identité de l'une de ses accusatrices dans un livre et à la télévision. La décision sera rendue le 6 novembre prochain. Il serait reproché à Tariq Ramadan d'avoir cité 84 fois dans son livre «Devoir de vérité», sorti en septembre dernier, le véritable nom de celle qui se présente dans les médias comme « Christelle » et qui accuse Tariq Ramadan de l'avoir violée dans une chambre d'hôtel à Lyon en 2009. Mis en examen pour quatre viols qu'il nie, l'islamologue suisse y raconte sa version de l'affaire qui lui a valu de passer dix mois en détention provisoire. Il lui est également reproché d'avoir prononcé le véritable nom de « Christelle » à deux reprises lors d'un entretien à BFMTV avec Jean-Jacques Bourdin dans l'émission matinale et très prisée « Bourdin en direct ». En bref selon la française, il a été mis au banc des accusés pour avoir enfreint la loi du 29 juillet 1881 sur la liberté de la presse datant certes, mais faite pour protéger de « vindicte et du harcèlement » et qui interdit de « diffuser des renseignements concernant l'identité d'une victime d'une agression ou d'une atteinte sexuelle » sans son accord écrit. Le Procureur dans ses réquisitions a d'ailleurs insisté sur la volonté délibérée de Ramadan de révéler l'identité de son accusatrice. Pour cela le procureur a demandé 4000 euros d'amende ferme et 4000 avec sursis ainsi que 12 000 euros à l'encontre de son éditeur, « Les Presses du Châtelet ». Tariq Ramadan, a expliqué devant le Tribunal comment « contrairement à elles qui se sont beaucoup exprimées », il avait d'abord décidé de « garder le silence » après les premières plaintes de ses accusatrices, en octobre 2017, malgré le « lynchage médiatique » qu'il subissait. Le nom de « Christelle » est cité dans la presse et sur internet. « Son nom est partout, sa photo… Elle s'est elle-même exposée ». « Le nom est apparu des millions de fois, avant que je ne l'écrive 84 fois », a-t-il ajouté. A la barre, « Christelle », qui avait en vain tenté de faire interdire la sortie du livre, a affirmé que la divulgation de son nom était « la pierre angulaire du harcèlement » qu'elle subissait, selon elle, de la part des soutiens de l'islamologue. « Je ne sors plus, ma boîte aux lettres est fracturée, je n'ai plus d'interphone, ils l'ont cassé à force de sonner dessus à toute heure », a-t-elle dit d'une voix entrecoupée de sanglots, parlant aussi des messages – « Pends-toi, suicide-toi » – qu'elle recevait « toute la journée ».