Après le raid américain revendiqué par Washington qui a tué le puissant général iranien Qassem Soleimani en Irak, les réactions fusent et, les prémices d'une escalade se font sentir. Alors que le président américain Donald Trump avait assuré devant les médias qu'il ne souhaitait pas faire la guerre à l'Iran, le raid mené à Bagdad contre le général Soleimani, 62 ans, prouve le contraire. D'ailleurs, les Etats-Unis ont appelé leurs ressortissants à quitter l'Irak « immédiatement ». L'Irak se prépare à une guerre L'Irak, pays réputé pour être « l'ami » de Washington et de Téhéran a dénoncé « une violation » des conditions autorisant la présence américaine sur son sol. Le leader chiite Moqtada Sadr a donné l'ordre à ses combattants de l'Armée du Mehdi de se « tenir prêts », faisant reprendre du service à cette milice qui avait été dissoute depuis presque 10 ans et qui avait semé la terreur dans les rangs des soldats américains en Irak. Même appel à la vigilance du côté du chef d'Assaïb Ahl al-Haq, une des plus importantes factions du Hachd al-Chaabi qui regroupe les paramilitaires pro-Iran sous la tutelle de l'Etat irakien. « Que tous les combattants résistants se tiennent prêts car ce qui nous attend, c'est une conquête proche et une grande victoire« , a-t-il écrit après l'assassinat du puissant émissaire de Téhéran pour les affaires irakiennes. En Irak, cette escalade est perçue comme une « déclaration de guerre« . Le Premier ministre démissionnaire irakien Adel Abdel Mahdi a estimé que le raid américain qui a tué le général iranien Qassem Soleimani et son lieutenant en Irak Abou Mehdi al-Mouhandis allait « déclencher une guerre dévastatrice en Irak« . « L'assassinat d'un commandant militaire irakien occupant un poste officiel est une agression contre l'Irak, son Etat, son gouvernement et son peuple« , a-t-il affirmé dans un communiqué. De son côté, le grand ayatollah Ali Sistani, figure tutélaire de la politique irakienne, a qualifié dans son prêche du vendredi d' »attaque injustifiée » l'assassinat de l'homme fort iranien en Irak, tué sous ordres de Donald Trump. Réactions iraniennes Avec ce raid meurtrier visant une pointure militaire qui est d'autant plus un émissaire officiel, les Etats-Unis se doutaient certainement des répercussions qu'il engendrerait. Une frappe américaine représente « une escalade dangereuse dans la violence« , a déclaré la présidente de la Chambre des représentants, la démocrate Nancy Pelosi. Pour la femme la plus puissante de Washington, « l'Amérique – et le monde – ne peuvent pas se permettre une escalade des tensions qui atteigne un point de non-retour« , a estimé Mme Pelosi dans un communiqué. Eliot Engel, le chef démocrate de la commission des Affaires étrangères de la Chambre des représentants a déploré de son côté jeudi soir, suite à l'annonce de la mort du général iranien, que Donald Trump n'ait pas notifié le Congrès américain de ce raid. Les principaux visés, les Iraniens, avec qui les Etats-unis entretiennent des relations tumultueuses depuis le retrait de l'accord sur le nucléaire avec l'entrée de l'administration Trump, n'ont pas mâché leurs mots sur les représailles. Dans un communiqué, le président iranien Hassan Rohani a déclaré qu' »il n'y a aucun doute sur le fait que la grande nation d'Iran et les autres nations libres de la région prendront leur revanche sur l'Amérique criminelle pour cet horrible meurtre« . « Il n'y a aucun doute sur le fait que la grande nation d'Iran et les autres nations libres de la région prendront leur revanche sur l'Amérique criminelle pour cet horrible meurtre« , a ajouté le chef d'Etat iranien. De son côté, le chef de la diplomatie iranienne, Mohammad Javad Zarif a condamné la mort du général Soleimani qualifiant cet assaut américain d' »acte de terrorisme international des Etats-Unis » et estimant qu'il s'agissait d'une « escalade extrêmement dangereuse et imprudente », peut-on lire sur Twitter. « Les Etats-Unis subiront toutes les conséquences de leur aventurisme voyou« , a-t-il ajouté. The US' act of international terrorism, targeting & assassinating General Soleimani—THE most effective force fighting Daesh (ISIS), Al Nusrah, Al Qaeda et al—is extremely dangerous & a foolish escalation. The US bears responsibility for all consequences of its rogue adventurism. — Javad Zarif (@JZarif) January 3, 2020 Une réunion extraordinaire du conseil suprême de sécurité nationale des Gardiens de la Révolution, l'armée idéologique de la République islamique a été convoquée en réaction au meurtre du général iranien. Réactions internationales Dans un spectre plus large, plusieurs capitales mondiales ont fait part de leur inquiétude. Ainsi pour la Chine, signataire de l'accord sur le nucléaire iranien et principal importateur de brut iranien, a dit sa « préoccupation » quant à la situation, appelant toutes les parties concernées à « garder le calme » et à « faire preuve de retenue afin d'éviter une nouvelle escalade des tensions« , selon le porte-parole de la diplomatie chinoise, Geng Shuang. La Russie a mis en garde vendredi contre les conséquences de l'assassinat ciblé à Bagdad du général iranien Qassem Soleimani, une frappe américaine « hasardeuse » qui va se traduire par un « accroissement des tensions dans la région ». « L'assassinat de Soleimani (…) est un palier hasardeux qui va mener à l'accroissement des tensions dans la région« , a déclaré le ministère russe des Affaires étrangères, cité par les agences russes. « Soleimani servait fidèlement les intérêts de l'Iran. Nous présentons nos sincères condoléances au peuple iranien », a-t-il ajouté. De son côté, Londres a fait part de sa réaction à travers son ministre de la diplomatie Dominic Raab a affirmant avoir « toujours reconnu la menace agressive posée par la force iranienne Qods dirigée par Qassem Soleimani ». « Après sa mort, nous exhortons toutes les parties à la désescalade. Un autre conflit n'est aucunement dans notre intérêt« , a-t-il écrit dans un communiqué. Au Moyen-Orient, les réactions sont tout aussi scandalisées qu'en Irak ou en Iran. Ainsi le pouvoir de Damas, a dénoncé une « lâche agression américaine« , y voyant une « grave escalade » pour le Moyen-Orient, d'après les médias officiels du pays citant des sources au ministère des Affaires Etrangères. Au Liban, Hassan Nasrallah, le chef du mouvement chiite libanais Hezbollah, allié de Téhéran, a promis « le juste châtiment » aux « assassins criminels » responsables de la mort du général iranien. « Apporter le juste châtiment aux assassins criminels (…) sera la responsabilité et la tâche de tous les résistants et combattants à travers le monde« , a-t-il déclaré dans un communiqué. Enfin, du côté de Benjamin Netanyahu, le Premier ministre israélien a dû se résoudre à écourter son déplacement à Athènes où il a signé un accord avec Chypre et la Grèce en faveur d'un projet de gazoduc. Il devait rester en Grèce jusqu'à samedi.