C'est ce mardi que la justice algérienne doit se prononcer dans le procès très suivi de 18 symboles du régime de Abdelaziz Bouteflika, notamment les anciens ministres, Ahmed Ouyahia et Abdelmalek Sellal, le ministre en fuite, Abdeslam Bouchouareb, et le puissant homme d'affaires, Ali Haddad. Ces anciens hommes forts du régime algérien, sont poursuivis pour faits de corruption, abus de pouvoir et malversations, concernant notamment le financement de la campagne du 5è mandat de Bouteflika, qui n'aura finalement pas lieu, l'ancien président ayant été contraint à la démission. Dimanche, le parquet avait requis des sentences sévères allant jusqu'à 20 ans de réclusion. Le procès, mené tambour battant à la veille d'un scrutin présidentiel controversé et massivement rejeté par la rue, est le premier à mettre en accusation d'aussi hauts dignitaires, depuis l'indépendance du pays. Il est consécutif aux vastes enquêtes sur des faits présumés de corruption, ouvertes à la suite du départ forcé du président Bouteflika, et soupçonnées de servir opportunément des luttes de clan au sommet dans l'après-Bouteflika. Même si les prévenus ont tout nié en bloc, se rejetant mutuellement les responsabilités, ils risquent gros, notamment en l'absence, ou presque de la défense, de nombreux avocats ayant décidé de boycotter une « parodie de justice » et un climat de « règlements de compte ». Egalement mis en cause dans ces affaires alors qu'il a déjà été condamné dans un autre procès pour haute trahison, Said Bouteflika, frère du président déchu et son principal conseiller, s'est muré dans un silence total, refusant de répondre aux questions des juges, laissant au procureur toute la latitude « d'accabler » les accusés pour lesquels il a requis de lourdes peines. « L'Algérie d'avant le mois de février et l'Algérie de maintenant n'est pas la même (…) Nous sommes ici pour appliquer la volonté du peuple (…) Nous voulons un procès historique et (une) morale pour celui qui veut en tirer des enseignements« , a-t-il fait valoir.