Jugé pour des malversations dans le secteur de l'industrie automobile, Abdelmalek Sellal et ses acolytes ont été au pouvoir durant vingt ans avant d'être contraints à la démission. Il a reconnu, le 3 novembre devant le juge, des tentatives de nuire à l'essor du secteur automobile marocain, de manière implicite. L'ex-premier ministre algérien, Abdelmalek Sellal, jugé pour des faits de corruption à Alger, a avoué, le 4 novembre, que le régime algérien voulait saborder l'industrie automobile d'un pays voisin, allusion explicite au Maroc. L'ancien chef du gouvernement, en poste de 2012 à 2017, est jugé dans le cadre d'enquêtes anticorruption. Accusé de dilapidation de deniers publics, Abdelmalek Sellal est soupçonné d'avoir accordé à la famille influente des Tahkout des avantages fiscaux qui ont privé l'Etat d'importantes ressources. Sellal a expliqué cela par une volonté de «saboter l'industrie automobile d'un Etat voisin», selon le quotidien Echourouk. «L'importation de pièces destinées aux usines de montage de voitures était un élément central de notre stratégie pour lancer une industrie automobile, censée réduire notre facture d'importation et gêner les intérêts dans ce secteur d'un pays voisin», a déclaré Sellal devant le juge pour justifier le fiasco de l'industrie automobile en Algérie ainsi que ses malversations financières. Manque à gagner pour les caisses étatiques : 33 milliards de dinars. Des médias avaient pointé du doigt les liens entre le patron d'une usine automobile, Mahiédinne Tahkout, et le ministre de l'Industrie d'alors, Abdeslam Bouchouareb, dans les irrégularités que connait l'industrie automobile algérienne. Selon les observateurs, le système adopté: le SKD (semi knocked down) qui consiste à importer la voiture en kits pré-montés, a freiné l'essor de l'industrie automobile en Algérie. Le secteur automobile au Maroc, en revanche, arrive depuis 2014 en tête des exportations au Maroc, devant le secteur agricole et le phosphate. L'industrie automobile a atteint un chiffre d'affaires à l'export de 70 milliards de dirhams en 2017 et les autorités visent les 100 milliards cette année 2020, malgré le contexte de crise sanitaire. PSA, qui a ouvert son usine en 2019 à Kénitra, a été précédé au Maroc par son rival français Renault qui avait inauguré en 2012 sa plus grande usine en Afrique sur la zone franche qui représente 1,1 milliard d'euros investis, 7 000 travailleurs, des exportations dans une soixantaine pays et une capacité de production de l'ordre de 500 000 véhicules en 2022. Sellal, proche de M. Bouteflika, au pouvoir durant vingt ans avant d'être contraint à la démission par un mouvement populaire de contestation inédit, en avril 2019, est jugé avec d'autres ex-hauts dirigeants politiques et des grands patrons, pour des malversations dans le secteur de l'industrie automobile. Premier ministre pendant cinq ans, M. Sellal est le deuxième premier ministre de M. Bouteflika envoyé en prison après Ahmed Ouyahia. Depuis la démission du président, la justice algérienne a lancé plusieurs enquêtes et placé en détention provisoire de puissants hommes d'affaires, la plupart soupçonnés d'avoir profité de leurs liens avec le chef de l'Etat déchu ou son entourage pour obtenir des avantages ou des marchés publics. Le départ du président Bouteflika n'a pas calmé la contestation, qui continue de réclamer, malgré le coup d'arrêt engendré par le coronavirus, le départ de l'ensemble des anciens fidèles, toujours aux commandes.