Ils étaient une centaine à avoir signé le manifeste « hors la loi » co-rédigé par Sonia Terrab et Leila Slimani et qui dénonce les « lois liberticides » du Code pénal marocain. Aujourd'hui, ils sont plus de 12.000 signataires à déclarer être « Hors la loi ». Et le « Collectif 490 », qui a initié le mouvement, ne compte pas s'arrêter là, malgré la grâce royale, accordée le 16 octobre dernier, à Hajar Raissouni, son fiancé et le staff médical impliqué dans la même affaire. « Aujourd'hui, Hajar, son compagnon et son médecin sont libres. Entre temps, le débat s'est ouvert, les langues se sont déliées et la lutte continue pour tous ceux et celles qui subissent encore ces lois injustes au quotidien », souligne le collectif. Le mouvement, qui a vu le jour suite à l'arrestation de Hajar Raissouni le 31 août dernier, affirme rester sur la même cadence et ne pas lâcher l'affaire en ce qui concerne la réforme du Code pénal et les libertés individuelles. « Nous allons maintenir cet élan et assumer notre responsabilité en tant que citoyennes et citoyens, en nous saisissant de tous les outils mis à notre disposition par la Constitution et les nouveaux canaux de mobilisation, pour que ces lois arbitraires et moyenâgeuses soient enfin abrogées. Ce n'est que le début », affirme le collectif dans la même note. S'agissant des outils à saisir, le « Collectif 490 » a adressé, le 14 octobre, une lettre à l'attention du Procureur général du Roi près la Cour de Cassation, Mohamed Abdennabaoui, l'informant tout d'abord que leur mouvement « hors la loi » n'est pas « un acte de provocation ou une déclaration de désobéissance, mais une manière de contester l'existence de lois liberticides qui figurent dans le Code pénal marocain ». Dans ce sens, le « Collectif 490 » a appelé le président du ministère public « à être à l'avant-garde de la réforme en mettant en place une politique pénale qui, dans les faits, abandonne toute poursuite, considère la non-opportunité des poursuites et interrompt l'exécution des peines prononcées dans tous les délits et crimes prévus par le Code pénal marocain relatifs à l'exercice consentant des vocations corporelles et sentimentales des adultes dotés de la majorité ». Le collectif a également demandé à Mohammed Abdennabaoui « de ne plus poursuivre, d'abandonner de poursuivre, et de ne pas exécuter les peines, dans le cadre de l'application des articles 490 et 489″. « Nous vous demandons aussi de ne plus poursuivre, d'abandonner de poursuivre, et de ne pas exécuter les peines en matière d'avortement prévues dans les articles 449. Nous vous demandons aussi de ne plus poursuivre, d'abandonner de poursuivre, et de ne pas exécuter les peines relatives à l'adultère, en renvoyant l'application de l'article 491 à la justice civile ». Mais pas que ! Suite au débat national sur les libertés individuelles relayé par les médias nationaux et internationaux, une seconde lettre a pareillement été envoyée par le collectif à l'attention de la présidente de la Haute Autorité de la Communication audiovisuelle (HACA), Latifa Akharbach, ainsi que les directeurs des télévisions et radios marocaines leur demandant de « bien vouloir octroyer un créneau d'antenne conséquent, régulier, sur le long terme, pour tenir un débat public relatif aux libertés individuelles auquel prendront part les acteurs de la société civile, politique, religieuse, économique, médiatique et culturelle ».